Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSE

Réforme - Les suggestions teintées de moralisme civique ne manquent pas A quand le tour de la caste politique ?

La réforme administrative va bon train : des directeurs généraux saqués par dizaines, des nominations par brassées, en attendant une refonte des structures… Mais cet effort serait un coup d’épée dans l’eau si en même temps on ne corrige pas des mœurs politiques un peu trop déviantes qui mordent volontiers sur tout l’appareil d’État. Ce ne sont évidemment pas les suggestions teintées de moralisme civique qui manquent. Ainsi, un prosélyte en vue réclame dans ses assises privées «une saine pratique de la démocratie consistant à ce que chaque ministre coupable soit effectivement sanctionné par un vote de défiance des députés». Comme en Angleterre, sauf qu’on en est évidemment très loin, ce genre de décisions relevant uniquement, par définition, des décideurs. Le «Parlement libre, échappant à toute pression visant à protéger tel ou tel», dont rêve ce néo-loyaliste, serait synonyme de véritable autonomie et au stade actuel on n’en est pas encore tout à fait là. Par contre, cette même personnalité se montre sans doute un peu plus réaliste quand elle estime qu’un ministre «qui aurait de bonnes raisons de croire que s’il était pris la main dans le sac il serait aussitôt éjecté par le chef de l’État et le président du Conseil, y réfléchirait à deux fois avant de commettre un dérapage». Pour cette source, la réforme des mœurs politiques implique par ailleurs «l’interdiction du cumul entre un portefeuille et un député. Ceci afin qu’aucun politicien ne soit porté à user de sa position de ministre pour des avantages électoraux. Et qu’il ne soit pas non plus tenté à contourner la loi ou à se montrer partial, pour rendre service à des électeurs... Point à partir duquel on constate que le ministre-député deviendrait en cas d’infraction juge et partie, puisque ce sont les parlementaires qui jugent politiquement les membres du Cabinet. Le principe communément suivi des Cabinets de non-candidats pour superviser les élections législatives, et qui est très sain en soi, doit être généralisé pour que la double casquette ministre-député soit prohibée». – Passant ensuite à l’essentiel, ce néo-loyaliste demande «une nouvelle loi électorale juste, équilibrée, qui soit la même pour toutes les régions, toutes les communautés et assure une saine représentation de toutes les forces vives, de toutes les composantes du pays. De même, des dispositions garantissant la liberté et la propreté du scrutin doivent être publiées. Il faut faire table rase du code inique appliqué jusque-là depuis Taëf. Il ne doit plus être question que le découpage des circonscriptions soit taillé à la mesure exacte de tel ou tel leadership, au détriment des équilibres et de l’égalité de tous les Libanais devant la loi. En outre, il faut éviter que le système ne continue à favoriser les parachutages de gens non représentatifs sur des listes assurées de gagner, car les intérêts des électeurs ne s’en trouvent pas défendus». Revenant au volet moral, la personnalité citée aspire à voir «la haute Cour de justice fonctionner pour juger, le cas échéant, des dirigeants pris en faute». Sauf que, nuance importante, cette instance ne connaît que d’infractions gravissimes, comme le crime de haute trahison ou un scandale énorme. Et la saisine ne s’effectue qu’avec l’approbation de la Chambre, à la majorité des deux tiers des membres dont elle se compose. Il est donc très plausible d’estimer que cette cour ne fonctionnera pas de sitôt, surtout que le nouveau système est réputé propre. Reconnaissant cette probabilité, la même source estime qu’en tout cas, «il faut qu’un ministre soupçonné soit déféré en justice, soit d’exception, soit ordinaire. Et, de son côté, le Parlement doit éventuellement constituer des commissions d’enquête, en base, le cas échéant, de la loi sur l’enrichissement illicite dont il faut hâter l’adoption».
La réforme administrative va bon train : des directeurs généraux saqués par dizaines, des nominations par brassées, en attendant une refonte des structures… Mais cet effort serait un coup d’épée dans l’eau si en même temps on ne corrige pas des mœurs politiques un peu trop déviantes qui mordent volontiers sur tout l’appareil d’État. Ce ne sont évidemment pas les suggestions...