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Actualités - REPORTAGES

Bibliophilie Rita Abou Heila donne un coup de neuf aux reliures (photos)

Rita Abou Heila est le chantre d’une tradition aussi vieille que la bibliophilie : elle restaure les reliures des anciens ouvrages. Protection de première nécessité, luxueuse parure, ou encore faire-valoir de quelque bibliomane, la reliure se prête de bonne grâce à de multiples usages. Le monde de la reliure est secret et élitiste. Inséparable de l’histoire du livre, la reliure qui s’abrite derrière des termes «ésotériques», demeure un art discret. Rita Abou Heila cultive deux qualités qui sont, d’après elle, essentielles pour tout bon relieur : patience et précision. Elle est venue à ce métier presque par nécessité. Mais elle s’y est vite attachée. Son mari, Antoine Abou Heila, est bibliophile. Motivée de ce fait, elle a suivi des études de reliure à Paris. «C’est un travail qui demande beaucoup de temps, surtout le côté restauration, souligne-t-elle. De fait, c’est devenu mon passe-temps favori». Dans la reliure, il existe quatre grandes écoles, distingue Mme Abou Heila : – La reliure bibliothèque. Elle est simple, personnalisée : le bibliophile demande à homogénéiser ses étalages. – La reliure industrielle, apparue vers la moitié du XIXe siècle. C’est une reliure contemporaine, qui a vu le jour en même temps que le livre de poche. Elle a contribué à rendre le livre plus accessible. – La reliure d’art : c’est la reliure de luxe. Le domaine de Rita Abou Heila. Ce genre de reliure remonte au XVIIIe siècle. – Et, finalement, la reliure de luxe moderne. Elle contient des mosaïques, des incrustations qui se rapportent au contenu. «En effet, le livre et sa reliure sont l’une des plus belles symbioses artistiques», affirme-t-elle. «Cette complémentarité du beau livre et de la reliure existe depuis le Moyen Âge quand les moines copistes composaient ces livres d’heures aux reliures somptueuses, faites d’or, d’ivoire ou de cuivre. La reliure est un métier étroitement lié à son époque, elle doit adhérer à son temps, sous peine de perdition». Cet art est issu d’une tradition dont les «canons» n’ont guère été modifiés à travers les siècles. Évidemment, la reliure s’est adaptée à son temps, a su évoluer avec une société aux goûts en perpétuelle évolution. «On peut citer comme exemple la réaction janséniste au XVIIe siècle, engendrant des reliures austères face aux décors somptueux des maroquins de Louis XIV. De même, sous Louis-Philippe, la mode néogothique s’étendra à la reliure avec les fameux décors “à la cathédrale”». Mais la véritable «révolution» dans le monde de la reliure, poursuit Mme Abou Heila, a débuté sous l’influence de Marius Michel (1846-1925). La reliure devenait une œuvre de création pure. «Sous l’influence de l’Art Nouveau, Marius Michel appliquait cette notion : “Il n’y a pas d’art là où il n’y a pas de personnalité”», cite Mme Abou Heila. C’est à Paris, capitale mondiale de la reliure que Rita Abou Heila s’est perfectionnée dans l’art de la reliure, et de sa restauration. Le relieur doit associer ses talents de véritable créateur artistique à une parfaite maîtrise de la technique. Il doit tenir compte des contraintes que lui impose le livre de sorte qu’il y ait symbiose entre le contenant et le contenu de l’ouvrage. «Par exemple, les décors actuels ne sont plus figuratifs, le dessin est souvent libre, les matériaux et les techniques utilisés sont illimités». Bref, tout est permis pourvu que la perfection dans le travail comme la qualité esthétique soient respectées… Comme quoi, le beau est souvent dans la recherche du beau…
Rita Abou Heila est le chantre d’une tradition aussi vieille que la bibliophilie : elle restaure les reliures des anciens ouvrages. Protection de première nécessité, luxueuse parure, ou encore faire-valoir de quelque bibliomane, la reliure se prête de bonne grâce à de multiples usages. Le monde de la reliure est secret et élitiste. Inséparable de l’histoire du livre, la reliure qui...