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Actualités - REPORTAGES

Communautés - Fadlallah et Sammak appellent à une meilleure connaissance des religions Ramadan : un message de solidarité humaine (photo)

La communauté musulmane célèbre à partir d’aujourd’hui la fête du Fitr, qui vient couronner un long mois de jeûne durant lequel les croyants se sont pliés aux règles de l’abstinence, de la prière et de la Zakat (l’aumône) comme prescrit par le Coran. Que savent exactement de ces pratiques les chrétiens, dont un grand nombre s’est retrouvé, à l’occasion d’un Iftar, à la table d’un musulman? On pourrait peut-être poser la même question aux musulmans en ce qui concerne la fête de Noël ou le jeûne précédant la fête de Pâques et la signification des rituels et symbolismes religieux qui accompagnent ces fêtes. N’est-il pas nécessaire aujourd’hui de marquer un temps d’arrêt, afin de sonder le regard que porte une communauté sur l’autre, mais aussi, celui qu’elle porte sur elle-même et sur le sens et la portée de ses pratiques socio-religieuses? Pour Sayyed Mohammad Hussein Fadlallah, haut dignitaire chiite, les «complexes» que les chrétiens ont développés envers les musulmans et ces derniers envers les chrétiens ont pour origine la méconnaissance et l’ignorance des particularismes propres à chacune des deux religions. «Dès que l’on commencera à se comprendre mutuellement, alors les complexes diminueront». Car «l’homme craint les zones dissimulées chez l’autre», reprend Sayyed Fadlallah, qui considère en outre qu’une fois la clarté faite sur ces zones d’ombre, l’homme n’a plus peur et ne craint plus l’Autre. Reprenant les paroles citées dans un Hadith, Sayyed Fadlallah explique que si l’homme dévoilait ce qu’il avait dans son cœur et dans son esprit il n’y aurait plus de conflits ni de guerres qui opposeraient les gens entre eux. D’où la nécessité de publier des ouvrages de vulgarisation pour mieux faire connaître aux chrétiens «l’Islam, à travers ses piliers et dans sa pureté originelle» et aux musulmans les particularismes et les fondements de la religion chrétienne. Une tâche à laquelle s’est déjà attelé le comité du dialogue islamo-chrétien qui a entamé la rédaction d’une série d’ouvrages sur les cultures religieuses de l’une ou l’autre communauté. M. Mohammad Sammak, membre du comité du dialogue islamo-chrétien, relève pour sa part les multiples points de similitudes qui existent entre le christianisme et l’Islam, la tradition du jeûne et de l’aumône en étant une illustration claire, puisque commune aux deux. Ces pratiques, «sont non seulement propres aux religions monothéistes, mais on les retrouve également dans les autres croyances telles que le bouddhisme, l’hindouisme ou le confucianisme», note M. Sammak. Cette question prend également tout son sens lorsque l’on sait que les signifiants spirituels charriés par ces croyances, en tous les cas par les deux religions chrétienne et musulmane, sont identiques de par les valeurs sociales et humaines qu’elles prônent et le sens donné à la notion de l’Amour des hommes et de la glorification de Dieu. Pour cheikh Fadlallah, le mois de Ramadan, durant lequel le Coran a été révélé, «est une période à laquelle Dieu a conféré une vocation particulière qui va dans le sens de l’approfondissement de la notion de responsabilité chez le croyant, tout en renforçant chez lui la conscience musulmane et en opérant une ouverture vers Dieu». Sur le plan personnel, ajoute Sayyed Fadlallah, il s’agit pour le pratiquant d’exercer sa volonté, qui en ressortira d’autant plus renforcée qu’elle le munira, à l’avenir, contre les tentations et les difficultés de la vie. Le jeûne, l’abstention, la pratique de l’aûmone et la prière sont les fondements essentiels du mois de Ramadan ou «actes de responsabilité» dont le musulman s’acquittera afin de faire son apprentissage spirituel, commente le guide spirituel. Le croyant pourra ainsi apprendre à assumer de plus grandes responsabilités. Des caractéristiques que l’on retrouve également, et dans une large mesure, dans les traditions religieuses chrétiennes, dont les objectifs profonds ne sont pas loin de ceux prônés par l’Islam. La fonction sociale de la zakat D’ailleurs, retraçant les origines de la notion de jeûne, M. Mohammad Sammak explique qu’elle a été inspirée des religions juive et chrétienne et qu’elle a été prescrite par la suite dans le Coran en ces termes : «Ô vous qui croyez! Le jeûne vous est prescrit comme il a été prescrit aux générations qui vous ont précédé». M. Mohammad Sammak considère, lui aussi, que la spiritualité est une, car la source est une, à savoir Dieu. Citant le Concile Vatican II, il rappelle qu’il a jeté de nouvelles bases théologiques interreligieuses; ce sont les fondements des relations entre les religions chrétienne et musulmane qui ont été définies dans ce document. Outre la prière (Doua’a) et la lecture du Coran qui sont deux autres devoirs essentiels durant le Ramadan, la pratique de la Zakat constitue également une nécessité absolue et rappelle dans ses objectifs la notion de charité chez les chrétiens. Pour l’Islam, la Zakat est corollaire du jeûne, explique Sayyed Fadlallah, l’abstention et la privation ayant pour objectifs de déclencher chez le croyant une prise de conscience vis-à-vis des gens pauvres et démunis afin de l’amener à mieux comprendre le sens véritable de la faim, de la soif, de la privation et de l’abstention. Véritable philosophie socio-économique, la notion de Zakat occupe dans le Coran une place primordiale puisqu’elle fait l’objet de plus de 70 versets coraniques et s’articule sous le concept de coresponsabilité sociale. Pour l’Islam, «l’aumône est un droit à part entière qui doit profiter aux personnes dépourvues», explique Mohammad Sammak. Ainsi, les besogneux vont venir «réclamer un droit et non une aide, ce qui constitue une différence fondamentale du point de vue du respect de la dignité de celui qui touche la Zakat». Pour que la société s’entraide et que le pauvre ne porte rancune contre le riche et que ce dernier ne soit amené à mépriser et dédaigner les personnes démunies, le Coran est venu prescrire la Zakat, relève M. Mohammad Sammak. Facteur de stabilité sociale par excellence, la Zakat, si elle est fidèlement suivie, pourrait réduire, dans une large mesure, les disparités sociales, ajoute M. Sammak, qui relate que du temps du Calife Omar, la Zakat était souvent excédentaire. Ce qui n’est jamais le cas aujourd’hui. Cheikh Fadlallah ira encore plus loin en qualifiant les dons faits dans le cadre de l’aumône, une « réserve » au sens financier du terme, et qui est une forme de participation à l’aide au pauvre, à l’orphelin et celui qui est endetté. Mais quellequ’en soit la forme, les deux religions insistent de la même manière, sur la notion de compassion et font de la charité une des valeurs religieuses fondamentales. D’ailleurs, si dans « l’Islam, les valeurs spirituelles émanent de la relation de l’homme avec Dieu qui lui permettent de sortir de son égocentrisme, de s’ouvrir à la souffrance d’autrui » ceci se trouve autant justifié dans le christianisme. Une fois de plus c’est la coresponsabillité sociale et de dépassement de soi qui est mis en avant, chez les uns et les autres. Et Sayyed Fadlalalh de commenter cette notion de valeurs communes en disant : «Il n’y pas point de notion de vérité, de confiance ou de pureté qui ne soit la même dans les deux religions. Nous avons lancé un appel aux chrétiens afin qu’ensemble nous puissions nous entendre sur les valeurs spirituelles communes qui ont pour objectif le bonheur de l’homme sur terre, à travers la foi en Dieu », dit-il. Alors pourra-t-on seulement réduire les complexes des uns envers les autres, par la rencontre des mêmes valeurs humaines et spirituelles, et ce en dépassant le conflit dogmatique et théologique. Un conflit qui est de nature purement théorique et intellectuelle, dira Sayyed Fadlallah. Par conséquent, il peut être réglé par le dialogue que le dignitaire chiite a appris à nouer avec toutes les parties en présence, un dialogue porteur d’espoir pour tous les hommes.
La communauté musulmane célèbre à partir d’aujourd’hui la fête du Fitr, qui vient couronner un long mois de jeûne durant lequel les croyants se sont pliés aux règles de l’abstinence, de la prière et de la Zakat (l’aumône) comme prescrit par le Coran. Que savent exactement de ces pratiques les chrétiens, dont un grand nombre s’est retrouvé, à l’occasion d’un Iftar, à la...