Municipalités - Comment gérer une ville de 35.000 habitants A Antelias-Naccache, autant de problèmes que de projets (photo)

Élu le 24 mai dernier, le Conseil municipal d’Antélias-Naccache comprend 15 membres. Depuis le mois de juin, date de son entrée en fonction, il tente de gérer une ville de 35 mille habitants, vaste de plus de 10 Km2. Dans une interview accordée à L’Orient-Le Jour, M. Farhat Abou Jaoudé, président du Conseil municipal d’Antélias-Naccache, a exposé, entre autres, les projets qu’il ambitionne de réaliser dans cette agglomération. La municipalité a son siège dans un immeuble proche de la place d’Antélias. Elle emploie 23 personnes, des fonctionnaires municipaux. Et une vingtaine d’autres, notamment des policiers, offrent leur service en tant que journaliers. Ainsi, à la municipalité d’Antélias-Naccache, une quarantaine de personnes effectuent un travail quotidien pour la bonne marche des formalités et l’organisation de la circulation. M. Farhat Abou Jaoudé reçoit les visiteurs dans un bureau contigu à une grande salle de réunion. Il indique que «la municipalité se fixe comme objectif de réaliser de grands projets. Cependant, dans une localité comme Antélias, il faut régler les petits problèmes comme les grands», ajoute-t-il. Un coup de fil à la municipalité pour lui transmettre une plainte et les policiers sont aussitôt envoyés en mission : il faut enlever des écriteaux «interdit de stationner», posés devant les vitrines d’un magasin de la localité. Le nombre de policiers en fonction s’élève à huit, mais d’autres ont été engagés récemment, en tant que journaliers. Évidemment, Antélias, ville liaison entre le littoral du Metn et la montagne, est connue pour ses croisements et ses axes routiers embouteillés. M. Abou Jaoudé indique que, «récemment, les policiers à Antélias ont commencé à fournir des heures supplémentaires ; ils restent au travail jusqu’à 21 heures». Ces heures supplémentaires sont évidemment rémunérées. Depuis que le Conseil municipal est entré en fonction, il a dépensé 225 millions de lives, notamment pour payer les salaires des employés municipaux qui ont été contraints de respecter les horaires, pour verser les dus à des entrepreneurs auxquels le précédent Conseil municipal avait confié des travaux, etc. La nouvelle municipalité a également réalisé, avec cette somme, plusieurs projets : l’éclairage des rues d’Antélias avec 60 lampes au sodium et les décorations pour Noël et pour l’élection présidentielle. M. Abou Jaoudé note fièrement que «pour la première fois depuis des années, les rues d’Antélias n’ont pas été inondées par les premières pluies». En effet, c’est en automne que la municipalité de la localité a entrepris d’ouvrir les canalisations d’évacuation de l’eau de pluie. Budget de 7 milliards de livres Évaluant les premiers mois de son mandat, M. Abou Jaoudé souligne que «beaucoup de taxes arriérées ont été récupérées». Depuis son arrivée à la tête de la municipalité, 86% des taxes municipales échues sont collectées. La municipalité, dont le budget s’élève à 7 milliards de livres, a pu ainsi recueillir 2 milliards de livres en 6 mois. Somme qui a pu être réunie grâce aux taxes directes et aux contributions gouvernementales, telles que celles provenant de la part réservée à la municipalité sur l’ensemble des facturations (eau, électricité, téléphone…). Chaque municipalité a droit de toucher une part de 10% sur toutes les facturations perçues par le gouvernement. «Jusqu’à présent, indique M. Abou Jaoudé, la municipalité a eu droit uniquement à la part qui lui revient de la facture de l’eau, une somme qui s’élève à 500 000 livres». Il faudrait que l’apport des factures gouvernementales versées pour la municipalité d’Antélias s’élève l’année prochaine à la somme d’un milliard deux cent cinquante millions de livres libanaises. Cet apport doit être attribué par le biais des factures perçues notamment sur l’eau (500 mille livres), le téléphone (250 millions de livres), l’électricité (250 millions de livres), les propriétés bâties (200 millions de livres), la Caisse autonome de l’habitat (150 millions de livres), et diverses autres redevances (400 millions de livres). Cependant, comme partout ailleurs, mis à part le pourcentage sur les factures de l’eau, aucune somme n’a été versée. M. Abou Jaoudé déclare pourtant que «ce sont les Conseils municipaux tous ensemble qui se sont adressés, à plusieurs reprises, aux autorités concernées pour obtenir le versement des sommes qui leur sont dues». Une autre contribution gouvernementale devrait être versée à la Caisse autonome des municipalités. Le président du Conseil municipal d’Antélias souligne que «cette année, pour la première fois depuis 1965, la Caisse autonome a versé des aides à la localité : une affaire de 700 000 livres». Une somme qui paraît dérisoire aux yeux de beaucoup. Les fonds de la Caisse autonome des municipalités sont normalement utilisés directement par le gouvernement pour payer certains services municipaux, par exemple le salaire des employés de Sukleen (entreprise privée). Les projets à venir Évoquant les projets de l’instance qu’il préside, M. Abou Jaoudé indique qu’un «nouveau siège du Conseil municipal sera édifié sur un terrain, d’une superficie de 3000 m2, à proximité du centre Saint-Élie». La construction sera entamée en mars prochain. Le Conseil municipal, depuis qu’il est entré en fonction, a étudié plusieurs projets qui seront réalisés au cours de son mandat. Ces projets portent notamment sur des travaux d’urbanisme et d’élargissement des voies de communication, telles que la route du fleuve et celle de Naccache (jusqu’à l’église Saint-Vincent). Un autre projet d’agrandissement concerne la place d’Antélias. D’anciens magasins à proximité du fleuve seront rasés afin de gagner de l’espace. Le président du Conseil municipal déclare que «la municipalité paiera les indemnités nécessaires aux commerçants». Cependant, ces magasins où logent notamment un épicier, un bouquiniste et un coiffeur, présentent une architecture ancienne que l’on rencontre de plus en plus rarement dans la localité en question. Leur disparition serait une perte pour le patrimoine. Un jardin et un lycée publics verront le jour sur un terrain de 15 000 m2, situé à proximité du secteur de Fawar. Un réseau de canalisation des eaux usées sera prochainement réalisé à Naccache, à proximité de l’ambassade des États-Unis. Enfin, dans le cadre du partenariat euro-méditerranéen, la municipalité d’Antélias a signé un protocole de parrainage avec la municipalité française de Seine-sur-mer. Prochainement, les membres du Conseil municipal de la localité française visiteront Antélias. Leur tâche consistera à mettre leur savoir – faire à la disposition du Conseil municipal de la localité libanaise.