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Actualités - CHRONOLOGIE

Des radars en pleine mer pour resserrer l'étau sur les pêcheurs

Israël a, pour la première fois, installé des radars en pleine mer dans les eaux territoriales au Liban-Sud, resserrant l’étau sur les pêcheurs qui parvenaient, à la faveur de la nuit, à briser le blocus imposé depuis plusieurs années. Il s’agit de plusieurs antennes paraboliques installées sur des barils ou des ballons flottants, avec un écran de télévision et des antennes, raconte un pêcheur qui en a aperçu un de loin, à 4 km au large du port de Naqoura. «Ceci va rendre encore plus dur le jeu du chat et de la souris qui nous est imposé depuis six ans chaque nuit, lorsque nous allons tendre nos filets», estime Rida un des 500 pêcheurs de Tyr. En guidant son embarcation à plus d’un km de la côte, parfois même moins, Rida, père de cinq enfants, sait qu’il risque à tout moment d’être appréhendé par la marine israélienne et soumis à la torture, ou d’essuyer les balles de l’ennemi. «Dès qu’il aperçoivent nos embarcations du haut de leurs vedettes, les Israéliens, qui sont munis de lunettes à infrarouge s’approchent ou, le plus souvent, envoient des pneumatiques Zodiac ultrarapides, pour nous arrêter», raconte-t-il. Ainsi, samedi, les frères Ahmad et Hussein Taha, âgés de 26 et 27 ans, n’ont pas réussi à fuir et ont été soumis à un interrogatoire pendant sept heures avant d’être relâchés. Abbas, qui en a fait l’expérience, raconte qu’il a d’abord été contraint de faire 2 km à la nage dans l’eau glacée, pendant que les Israéliens projetaient sur lui des tuyaux d’huile de vidange chaude et lui lançaient à la tête des œufs pourris. L’interrogatoire a eu lieu à bord de la vedette, en maillot de corps, la tête dans un sac, alors que les marins le frappaient avec des rouleaux de tissus remplis de sable. Il a ensuite été introduit dans une cabine, dont tout un pan de mur est recouvert d’une carte détaillée de Tyr et où des officiers lui ont posé des questions axées sur les activités de l’armée libanaise. «Ils m’ont promis monts et merveilles, et même l’autorisation de pêcher jusqu’au large du port de Haïfa si je leur fournissais des renseignements sur l’opération-suicide menée il y a deux ans contre la marine israélienne», ajoute Abbas. Un militant du mouvement Amal avait alors été tué par un obus, qui avait touché son embarcation bourrée d’explosifs, avant d’atteindre la vedette israélienne vers laquelle il se dirigeait. Abbas et ses collègues savent qu’ils risquent le même sort en s’entêtant à exercer l’unique métier qu’ils connaissent, souligne le patron des pêcheurs de Tyr, Mohammad Bawab. En effet, depuis le début du blocus partiel imposé fin 1993, plusieurs dizaines de pêcheurs ont été blessés par la marine israélienne et 21 d’entre eux souffrent de handicaps, selon les statistiques obtenues auprès des autorités portuaires. Certains, comme Ibrahim Muslmani qui a une balle logée dans l’épaule, ont réussi à se recycler et travaillent sur le quai, d’autres, comme Hassan Tahan, 40 ans, ou Majed Bawab, 26 ans, plus grièvement blessés, sont toujours au chômage, selon ces autorités.
Israël a, pour la première fois, installé des radars en pleine mer dans les eaux territoriales au Liban-Sud, resserrant l’étau sur les pêcheurs qui parvenaient, à la faveur de la nuit, à briser le blocus imposé depuis plusieurs années. Il s’agit de plusieurs antennes paraboliques installées sur des barils ou des ballons flottants, avec un écran de télévision et des antennes,...