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Actualités - ANALYSE

Le bras de fer Hoss-Hariri se poursuit L'opposition réclame que tous les dossiers soient ouverts

Le renard passe passe à chacun à son tour. Se souvenant qu’à propos de Samir Geagea on leur demandait jadis de faire aussi le procès des autres seigneurs de guerre, les haririens répondent maintenant aux attaques du nouveau pouvoir en réclamant que tous les dossiers soient ouverts en même temps. Ou pieusement refermés… Surenchère facile, mais habile. Car ce que la nouvelle opposition laisse entendre, c’est que nombre de responsables de la nouvelle équipe risqueraient d’y laisser des plumes, si on devait exhumer tous les scandales de l’ère troïka. Un politicien qui a fait partie du dernier Cabinet Hariri affirme de la sorte que «les accusations lancées à tort et à travers, les rumeurs propagées au sujet des exploits du passé pourraient bien se retourner contre beaucoup de néo-loyalistes, si on allait au fond des choses. Ces charges impliquent en effet que tous ceux qui ont eu sous le régime précédent à assumer des responsabilités ministérielles, parlementaires ou administratives sont comptables de la mauvaise gestion sinon des méfaits d’alors au même titre que les noms qu’on lance en pâture à l’opinion. Or le présent pouvoir a largement puisé dans le vivier existant pour recruter ses éléments actifs. Certains d’entre eux ne pouvaient pas ignorer les exactions commises, s’il y en a eu et même leur devoir était d’empêcher ou de dénoncer les détournements de fonds, s’il s’en commettait. Ils ont fermé les yeux et n’ont jamais ouvert la bouche à l’époque. Ils risqueraient donc, si l’on déballait tout le linge sale, de se retrouver eux-mêmes au pilori, pour complicité passive». Cet ancien ministre s’indigne qu’on «laisse traîner dans la boue la réputation des membres de l’ancienne équipe au pouvoir, comme s’ils étaient tous coupables de malversations et tous des voleurs. Les on-dit pernicieux filtrés en direction des médias et non étayés de preuves sont inadmissibles. Il faut ou bien passer l’éponge ou bien prendre le taureau par les cornes et ordonner une vaste enquête sur tous les dossiers, tous les scandales, toutes les infractions pour que les coupables soient identifiés et les innocents blanchis. Encore une fois, comme lorsque M. Berry avait accusé la troïka de couvrir des concussions, nous constatons que l’appareil judiciaire fait la sourde oreille, ne se sent pas concerné et ne se met pas en branle pour faire la lumière et pour que l’opinion soit fixée, comme c’est son droit le plus élémentaire. Quand le président du Conseil évoque en public des fuites de fonds, le Parquet doit automatiquement agir pour vérifier». Ce politicien, sans battre sa coulpe, reconnaît ensuite qu’il n’y a pas «de fumée sans feu. Les Libanais sont tous absolument convaincus qu’il y a eu du pillage organisé, sous couverture haririenne. Des cas sont cités d’une manière qui paraît probante. Mais il faut que tout soit bien précisé et bien prouvé. Et il faut aussi qu’on sache pourquoi les multiples organismes de contrôle administratif ou comptable, comme l’Inspection centrale, le Conseil de la Fonction publique, le Conseil de discipline général, la Cour des comptes, l’Inspection judiciaire, l’Inspection financière, le parquet dans toutes ses branches ou même le Conseil d’État sont restés amorphes pendant tant d’années, devant tant de scandales. Et il faut également qu’on nous dise comment de hauts administrateurs, des magistrats devenus ministres veulent régler les comptes d’un passé dont ils ont été des témoins silencieux, sans jamais démissionner». Poursuivant sa relance, cette même personnalité s’étonne que «le gouvernement porte des accusations tout à fait nominales au sujet d’actes de vandalisme commis récemment lors de la récupération de meubles gouvernementaux par une société privée, sans que la Justice ne s’en mêle aussitôt. Avec quelques amis députés, nous allons présenter une question parlementaire à ce sujet au gouvernement. Et réclamer ensuite la constitution d’une commission d’enquête parlementaire». – En face, une source néo-loyaliste estime que «la mise sur pied d’une commission parlementaire serait une manœuvre visant à entraver l’action éventuelle de la Justice». Elle indique ensuite que «des enquêtes globales approfondies paraissent exclues, car elles pourraient déboucher sur la mise en cause de trop de personnalités, libanaises et non libanaises. Le pays politique en serait trop secoué et déstabilisé. La loi doit être appliquée, mais pas au point de compromettre l’intérêt national. Là où le redressement le nécessitera, on ouvrira les dossiers. Mais en prenant garde à ne pas faire de la diffamation». Une délicatesse qui est tout à l’honneur des néo-loyalistes. Dont certains sont d’ailleurs des loyalistes de toujours.
Le renard passe passe à chacun à son tour. Se souvenant qu’à propos de Samir Geagea on leur demandait jadis de faire aussi le procès des autres seigneurs de guerre, les haririens répondent maintenant aux attaques du nouveau pouvoir en réclamant que tous les dossiers soient ouverts en même temps. Ou pieusement refermés… Surenchère facile, mais habile. Car ce que la nouvelle...