Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSE

Quid de la rivalité Hoss-Hariri ? Un double leadership en jeu...

Le contrôle de la capitale et le leadership de la communauté sunnite : tel est le double enjeu de la rivalité aiguë qui oppose MM. Sélim Hoss et Rafic Hariri. Les deux hommes échangent chaque jour, directement ou par lieutenants interposés, toutes sortes d’amabilités. Et parfois ils en oublient tous deux de prendre l’altitude qui sied à leur stature même… Ainsi l’ancien chef de gouvernement se voit reprocher d’avoir chipé du matériel de bureau! Et pour ne pas être en reste de trivialité, il laisse lui-même entendre que son successeur n’est à tout prendre qu’un «bach kateb», un simple clerc au service de Baabda. Il est clair que l’objectif premier de ce bras de fer est la rue beyrouthine, singulièrement dans sa composante sunnite. Comme on l’a vu aux législatives puis aux municipales, les deux hommes font à peu près jeu égal sur le plan de la popularité citadine et communautaire. Mais comme le camp haririen a acquis ses positions assez récemment, grâce à son accession au pouvoir, il est amené à craindre qu’à son tour le camp de M. Hoss ne conforte ses acquis en profitant de son retour à la direction des affaires publiques. C’est une logique de rapports de force basée sur les avantages que peut procurer l’exercice du pouvoir. L’astuce consiste pour les haririens à prétendre que justement cet exercice, vu sous l’angle des intérêts ou des prérogatives de la communauté sunnite, est mal assuré par le président Hoss. Les partisans de ce dernier répondent qu’il ne cherche pas du tout à exploiter sa présence à la tête du gouvernement à des fins personnelles. Que tout ce qui compte pour lui, c’est de bien servir le pays et que cela ne peut se faire qu’à travers une bonne entente avec le président Émile Lahoud. Ils ajoutent qu’il est si désintéressé qu’il songe dès à présent à ne pas faire acte de candidature lors des prochaines législatives, pour que nul n’aille dire qu’il profite de son poste pour contrôler Beyrouth, comme l’avait fait M. Hariri. Toujours selon les néo-loyalistes, le pouvoir en place ne se préoccupe plus désormais que de renforcer les institutions et l’État de droit, loin de toute ambition à caractère personnel et loin du système de partage qui avait prévalu sous la troïka. Ce désintéressement n’empêche ni M. Hoss ni ses supporters de contre-attaquer avec vigueur, de persifler les «fantômes» haririens et de les menacer «d’ouvrir les dossiers», autrement dit de révéler au grand jour tout ce dont ils se seraient rendu coupables lors de leur gestion du pays. Un des proches de M. Hoss affirme ainsi que «M. Hariri, qui se croyait inamovible, incontournable, qui pensait être le protégé privilégié des puissances internationales et régionales, n’en revient pas d’avoir été mis hors-jeu d’une simple pichenette. Il se montre dès lors mauvais perdant et il reporte toute son acrimonie sur M. Hoss qui pourtant n’a pas du tout contribué à son éviction. Et qui durant toutes les années de présence de son rival au pouvoir a toujours pris soin de ne faire que de l’opposition constructive, sans aucune connotation personnelle. Un style, un choix qui ne semblent pas du tout être ceux de M. Hariri, dont l’opposition paraît de la sorte dirigée bien plus contre l’émergence d’un État des institutions que contre l’influence propre de M. Hoss. Ce qui est d’autant plus regrettable que le redressement s’annonce comme particulièrement difficile, à cause de toute la pollution accumulée durant les années où les haririens étaient aux commandes…» Une menace à peine voilée qui fait dire à l’un des fidèles de l’ancien président du Conseil qu’«on cherche à l’intimider pour le réduire au silence. Ce qu’il ne fera pas car à son sens on est en train de trahir Taëf…» Le match bat donc son plein. Et les prochains rounds seront sans doute intéressants à suivre…
Le contrôle de la capitale et le leadership de la communauté sunnite : tel est le double enjeu de la rivalité aiguë qui oppose MM. Sélim Hoss et Rafic Hariri. Les deux hommes échangent chaque jour, directement ou par lieutenants interposés, toutes sortes d’amabilités. Et parfois ils en oublient tous deux de prendre l’altitude qui sied à leur stature même… Ainsi...