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Actualités - ANALYSE

Un dossier de gros sous d'exploitation si commode ...

Les commissions parlementaires continuent à plancher sur l’échelle des salaires dans la fonction publique que l’Assemblée doit voter au cours de la session extraordinaire prévue à cet effet. On s’en doute: la démagogie pointe son nez chatoyant dans cette affaire de gros sous. «Il est clair, relève un député, que le président de la Chambre cherche à presser le mouvement pour mieux mettre dans l’embarras le chef du gouvernement. En faisant passer la loi dans les meilleurs délais, M. Berry peut en effet faire coup double. D’une part il se gagne la sympathie reconnaissante de centaines de milliers de fonctionnaires et de leurs familles. D’autre part il oblige le premier ministre à endosser de nouvelles taxes, par définition hautement impopulaires, décrétées pour financer l’augmentation salariale». «Mais pour dire vrai, souligne ce parlementaire, le gouvernement n’est pas blanc comme neige dans cette affaire. On ne doit pas oublier en effet que sous prétexte de couvrir le relèvement de l’échelle des salaires dans la fonction publique, le grand argentier M. Fouad Siniora avait fait adopter des surtaxes diverses, qui ont bien été perçues mais qui n’ont alimenté aucun compte spécialement affecté à ce projet. Autrement dit l’argent qu’on a ainsi pris au contribuable a été détourné de sa destination et de sa justification. C’est un tour de passe-passe que l’opinion doit connaître et il n’y a dans le rappel d’une telle information aucune démagogie». Pourtant au cours de l’une des innombrables réconciliations de la troïka, il avait été convenu à Baabda entre MM. Berry et Hariri, au début de cette année, d’inscrire la question des traitements des fonctionnaires dans le programme commun de réforme qui confirmait par ailleurs la tenue des municipales au printemps. Le temps a passé, tellement d’ailleurs qu’aujourd’hui on se retrouve de l’avis des haririens dans une période transitoire où il vaut mieux se croiser les bras, se contenter d’expédier les affaires courantes et laisser au prochain régime le soin de traiter les dossiers en souffrance. D’autant que ce sera au prochain Cabinet, pas à celui-ci, de payer en quelque sorte les pots cassés en faisant face à la grogne que les surtaxes nécessaires au financement de la mesure vont provoquer. Une loyauté que les députés pour leur part préfèrent vouer aux fonctionnaires, victimes selon eux de trop de fausses promesses et d’atermoiements. Ils se trouvent soutenus par le chef de l’Etat qui souhaite que son mandat se clôture par des réalisations. Cependant au stade actuel et face aux commissions parlementaires, le Cabinet freine des quatre fers, multipliant les objections à caractère technique. Un témoin rapporte ainsi que devant les commissions M. Siniora a déclaré en substance que la question de l’échelle des salaires fait certes l’objet d’une décision politique que nul n’a l’intention de contester; mais qu’il est inadmissible en termes d’Etat d’appliquer la mesure telle quelle dans la situation administrative qui prévaut actuellement. M. Siniora souligne qu’il existe, fruit d’un clientélisme politique recruteur forcené, non moins de 12.000 fonctionnaires que l’on paie rubis sur ongle à chaque fin de mois, qui ne font strictement rien, qu’on voudrait de surcroît augmenter. Il ajoute donc qu’il faudrait d’abord procéder à la réforme de l’Administration en éliminant les parasites et les pourris, pour que l’augmentation des salaires trouve sa vraie valeur, matérielle et morale. Pour sa part le président de la commission de l’administration et de la justice M. Chaker Abousleiman, qui assume le rôle de rapporteur pour les commissions conjointes, indique que ces dernières comptent aller jusqu’au bout aussi vite que possible, compte tenu des nombreuses difficultés qui subsistent. Il signale ainsi que le problème des retraités n’a pas encore été réglé. M. Abousleiman est lui aussi d’avis que le premier versement devrait se faire seulement après une réforme administrative. Mais il souligne que cette réforme, cela fait des lustres et des lustres qu’on en parle sans jamais la réaliser. Ce qui n’empêche, au contraire, qu’il faut s’y atteler sans tarder, ajoute-t-il, précisant que l’on doit principalement promouvoir le rôle des organismes administratifs de contrôle comme le Conseil de la Fonction publique ou l’Inspection centrale. Ce qui ne serait sans doute pas pour plaire beaucoup aux haririens qui favorisent plutôt l’«administration parallèle» dont le CDR est le fleuron…
Les commissions parlementaires continuent à plancher sur l’échelle des salaires dans la fonction publique que l’Assemblée doit voter au cours de la session extraordinaire prévue à cet effet. On s’en doute: la démagogie pointe son nez chatoyant dans cette affaire de gros sous. «Il est clair, relève un député, que le président de la Chambre cherche à presser le...