Rechercher
Rechercher

Actualités - REPORTAGE

Tradition - Une légende fondée sur la vie de Saint Nicolas Le père Noël, invention américaine (photo)

Cet être bedonnant et jovial, vêtu de rouge bordé de blanc qui fait briller les yeux des enfants de la terre entière, c’est le père Noël. Selon la coutume, il habiterait au pôle Nord et viendrait chaque année à bord d’un traîneau chargé de présents, tiré par huit rennes. Il descendrait dans chaque maison, par la cheminée, déposer sous le sapin des cadeaux dans les souliers de tous les enfants sages. Son histoire tient de la légende mais puise, aussi étrange que cela paraisse, un fond de réalité dans la vie de saint Nicolas. Dans l’antiquité, on échangeait des cadeaux à l’occasion du solstice d’hiver, fête du renouveau. À Rome, on le faisait en l’honneur de la déesse Strenia (d’ou le nom «étrennes»). Dans les pays nordiques, le dieu Odin, à cheval sur un nuage, apportait aux enfants la récompense ou la punition de leur comportement par les objets qu’il déversait en pluie à leur intention. C’est l’une des origines du père Noël. Mais avant que s’établisse le règne, très récent, de ce dernier, ce fut d’abord à saint Nicolas, surnommé le Grand et déclaré patron des enfants, qu’à l’époque chrétienne on attribua la mission de récompenser les bambins. On connaît peu de choses de la vie de saint Nicolas sinon qu’au début du IVe siècle, il était évêque de Myre, ville d’Asie mineure occupée par les Romains puis libérée par l’empereur Constantin. On sait aussi qu’il a été emprisonné lors des persécutions ordonnées par Dioléctien et qu’il a participé au concile de Nicée contre l’arianisme en 325. Le culte de saint Nicolas est très vivace dans tout l’Orient chrétien, notamment en Grèce et en Russie. Il se répandit en Occident avec l’arrivée de ses reliques au XIe siècle, à Bari, en Italie, lorsque Myre tomba aux mains des musulmans. Cette région devint par la suite un haut lieu de pèlerinage. Dans les pays occidentaux Très vite, il fut populaire en Lorraine, dans les Flandres et en Angleterre (Santa Claus). On disait aux enfants que le jour de sa fête, le 6 décembre, il allait de toit en toit déposer les présents et les friandises dans les souliers disposés devant les cheminées. Il était parfois accompagné d’un elfe «fouettard» chargé de punir les enfants désobéissants. En Grande-Bretagne, aux Pays-Bas, en Belgique, en Allemagne, en Suisse, dans le nord et l’est de la France, au jour de la Saint-Nicolas, patron des enfants, ces derniers reçoivent jouets et friandises, supposés être placés dans les cheminées par ses soins; il est souvent représenté avec sa mitre et sa crosse, accompagné d’un âne dont les hottes sont remplies de cadeaux. Il est patron de la Lorraine et, avec saint André l’un de ceux de la Russie; en même temps que des enfants, il est aussi patron des marins. En Belgique et aux Pays-Bas, par exemple, le soir de la Saint-Nicolas, les enfants préparent leurs sabots de bois afin qu’ils soient remplis de cadeaux. Aux Pays-Bas, en Suisse et dans diverses régions d’Autriche et d’Allemagne, le saint est representé sous les traits d’un évêque qui écoute les enfants réciter leur cathéchisme, avant de leur donner des pommes et des noix pour les récompenser. Il est parfois assisté d’un serviteur à l’aspect inquiétant, du nom de Kris Kringle ou Knecht Ruprecht, qui menace de punir les enfants qui n’ont pas été sages ou qui ne savent pas réciter leurs prières. En Bavière, Knecht Ruprecht, avec sa queue fourchue et ses sabots d’animal, transporte un sac rempli d’enfants qui se sont mal conduits; dans d’autres parties d’Europe centrale, des garçonnets en habits de démon marchent dans le sillage de saint Nicolas. On raconte qu’il redonna la vie à trois petits garçons qui avaient été découpés en tranches et mis dans un saloir par un aubergiste. Il sauva aussi deux filles, que le père vouait à la prostitution, car il ne pouvait pas les marier faute de dots. Le saint, encore jeune homme, leur jeta trois sacs d’or à travers la fenêtre, pendant la nuit. Plus tard, l’Enfant-Jésus prit la relève progressive de saint Nicolas (sans éliminer totalement celui-ci en Lorraine et dans les Flandres). On lui attribuait à peu près les mêmes fonctions mais, évidemment, il opérait dans la nuit du 24 au 25 décembre et non plus dans celle du 5 au 6 décembre. Œuvre d’un illustrateur Le père Noël vit donc le jour aux États-Unis au milieu du XIXe siècle sous la forme d’une réminiscence de saint Nicolas transformé en lutin. C’est Clément Moore, désireux de créer un personnage composite qui réunirait les traditions de la multiplicité des peuples immigrants aux États-Unis, qui l’inventa. C’est de cette volonté que naquit Santa Claus. Il ne lui manquait que le visage: c’est Thomas Nast, fameux illustrateur de l’époque, que le lui donna dans les années 1860. Il n’a pas changé depuis. Il s’introduisit en Europe après la Première Guerre mondiale et s’y imposa peu à peu, sous la double pression du monde du commerce et de ceux qui entendent fêter Noël sans référence religieuse. Ainsi disparaît la légende du Petit Jésus, laquelle, au demeurant, n’était pas sans présenter beaucoup de risques du point de vue de la pédagogie de la foi. Une célébration de Noël dans un esprit de foi n’exclut pas la joie de recevoir des cadeaux mais le père Noël, devenu très clairement un outil de marketing, apparaît, chaque année, dans les grands magasins et les rues. Les enfants aiment ce vieillard toujours joyeux et sa barbe blanche. On entretient chez les tout petits l’illusion de son existence. Son image est aujourd’hui plus liée que celle du Christ-Enfant à la période des fêtes de fin d’année, parce que Noël est désormais devenue une fête centrée sur la cérémonie des cadeaux offerts traditionnellement par le père Noël. Pourquoi Noël est le 25 décembre, et à minuit? Très probablement pour supplanter la fête païenne de Natalis Invicti, la naissance du soleil, qui se célébrait à cette date. C’était au moment du solstice d’hiver, à partir duquel les jours s’allongent de nouveau. Dans la nuit du 24 au 25 décembre, on célébra désormais Marie donnant le jour à Celui qui apporta la lumière au monde. Une fois enracinée, la fête connut un énorme succès populaire. On institua une vigile, c’est-à-dire une veillée nocturne comme à Pâques, avec trois messes: de la nuit, de l’aurore, du jour. Les messes nocturnes de minuit drainent plus de fidèles que toutes les assemblées de la journée. Si les chants traditionnels éveillent en chacun la nostalgie de l’enfance, veillées et liturgie s’emploient à faire redécouvrir le sens profond du mystère célébré en cette nuit, celui de Dieu fait Homme. Le symbolisme du gui et du houx est antérieur au christianisme. Le gui était, on le sait, une plante sacrée chez les Gaulois, cueillie par les druides. On lui attribuait des pouvoirs de guérison de maladies et de protection contre les sorts. Quand deux ennemis se rencontraient sous du gui, ils devaient observer une trêve jusqu’au lendemain. C’est l’origine du gui, placé sur les portes ou au milieu d’une pièce comme signe de paix et d’hospitalité. Le baiser sous le gui était promesse de mariage et présage de bonheur. Tout ce symbolisme a aisément trouvé place dans les traditions chrétiennes de Noël. Il en est de même pour le houx, auquel étaient, là encore, attribués des pouvoirs contre les sorts et contre la foudre. Dans l’Europe du Nord, le christianisme donna un symbolisme religieux à cette plante, dans laquelle on vit l’évocation du buisson ardent de Moïse, de l’amour de Dieu dans le cœur de Marie, de la couronne d’épines de Jésus. L’Église, en raison du pouvoir qu’il avait sur le feu, nous fait demander dans la collecte du 6 décembre, le jour de sa fête, d’être par son intercession préservés du feu de l’enfer: «O Dieu, qui avez fait éclater la gloire du bienheureux Nicolas par ses miracles sans nombre, accordez-nous d’être, par ses mérites et ses prières, délivrés du feu de l’enfer».
Cet être bedonnant et jovial, vêtu de rouge bordé de blanc qui fait briller les yeux des enfants de la terre entière, c’est le père Noël. Selon la coutume, il habiterait au pôle Nord et viendrait chaque année à bord d’un traîneau chargé de présents, tiré par huit rennes. Il descendrait dans chaque maison, par la cheminée, déposer sous le sapin des cadeaux dans les...