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Actualités - REPORTAGE

Portrait - Le nouveau ministre de la Santé est originaire de Khiam Karam Karam, le sud dans le coeur et la médecine dans la tête (photo)

Pour trouver la maison du nouveau ministre de la Santé, le Dr Karam Karam, il suffit de suivre les fleurs. Ni gardes du corps suspicieux, ni concierges curieux. Il n’y a que des fleurs et des plantes qui débordent jusque dans la cage d’escalier. «J’ai beaucoup d’amis», déclare le ministre. Il a aussi de nombreuses patientes, qui, toutes, ne jurent que par lui. Directeur du service de gynécologie obstétrique de l’Hôpital américain, Karam Karam a plus de trente ans de carrière médicale derrière lui, mais rien, pas même le ministère de la Santé, ne semble émousser sa passion pour son métier. Chez les Karam, la médecine est une vocation. Le grand-père du ministre avait ouvert la voie, puis son père Chucrallah avait repris le flambeau. Lui-même n’a jamais éprouvé les hésitations habituelles des jeunes sur leur avenir. Dès son plus jeune âge, il savait qu’il serait médecin. Quant à son fils aîné, Amer, il termine actuellement ses études médicales. «Je n’ai pas fait pression sur lui pour qu’il embrasse cette carrière, déclare Karam Karam. Mais j’avoue que j’aurais été triste s’il n’avait pas fait la médecine». Dans leur salon chaleureux, où les fleurs et les lumières tamisées jettent des ombres ludiques, le Dr Karam et son épouse Anne Marie Agacharian (médecin anesthésiste à l’AUH) accueillent leurs visiteurs avec une courtoisie extrême. Le ministre se prête volontiers aux questions et il y répond avec beaucoup de naturel. Si depuis 1976, il n’a plus mis les pieds dans sa bourgade natale de Khiam (Sud), il n’en garde pas moins un souvenir ému. «Je suis sudiste, libanais et arabe», dit-il, et son rêve le plus cher est de pouvoir retourner un jour sur la terre de ses ancêtres, là où son père a été assassiné dans sa clinique le 17 février 1977. «Il était en train d’examiner des patients, lorsque les Israéliens et leurs agents ont encerclé le bâtiment et se sont mis à le bombarder. Mon père a été blessé et il est mort baignant dans son sang». Pourquoi a-t-il été assassiné ? «Je crois que cela faisait partie du plan de discorde israélien. C’était un médecin chrétien, président de la municipalité d’une bourgade à majorité chiite». Sa mère se trouvait en visite chez ses enfants à Beyrouth et, depuis ce triste jour, aucun membre de la famille n’a continué à vivre à Khiam. «Je suis très malheureux de n’avoir pu assister à l’enterrement de mon père, confie Karam Karam. Ce qui me console, c’est que, le jour de sa mort, il m’avait envoyé un message : “Je sais que vous avez besoin de moi; mais ici, je suis encore plus utile”». Aucun sentiment d’appartenance confessionnelle Cet événement a certainement marqué le jeune médecin. Mais il n’a nullement réveillé ses appréhensions confessionnelles. «Au contraire, souligne le Dr Karam. Je n’ai jamais quitté mon domicile à Hamra, et je n’ai jamais éprouvé un sentiment d’appartenance confessionnelle. Pourtant, je l’avoue, à certaines périodes, notamment en 1986, c’était un peu dur». Karam Karam et son épouse avaient toutefois l’avantage de travailler à deux pas de leur maison. Tous les matins, ils se rendaient à l’AUH, et lui ne rentrait souvent que très tard. «Mon épouse a beau être elle-même médecin, elle a eu parfois du mal à suivre mon rythme.» De son propre aveu, il vit depuis des années à cent à l’heure. Levé à l’aube, il assure sa tournée, examine ses patientes et parvient à assumer ses responsabilités à l’égard des nombreuses associations médicales internationales et arabes dont il est membre. Il ne compte d’ailleurs pas abandonner ces fonctions, ni même la direction du service d’obstétrique à l’AUH. «C’est mon métier. Le ministère n’est que temporaire», précise-t-il. Pourquoi a-t-il choisi cette spécialisation ? «Par hasard, répond-il. Je voulais surtout être chirurgien, car, pour moi, c’est plus qu’une technique, c’est un art. Un ami de mon père me conseille toutefois l’obstétrique. C’est une chirurgie, m’avait-il dit, et il n’y a pas de spécialistes dans ce domaine au Liban. J’ai suivi son conseil, j’ai beaucoup travaillé et voilà». Karam Karam est aujourd’hui l’un des meilleurs obstétriciens de la région. Sa clientèle prestigieuse au Liban et en Syrie en est la meilleure preuve. Mais il s’occupe aussi de patientes moins célèbres, ce qui compte pour lui étant le cas médical et humain. Comment un médecin aussi passionné par son métier en arrive à la politique ? «Je m’intéresse depuis toujours à la politique. Non pas dans son sens étroit et mesquin, mais je me sens concerné par tout ce qui touche à la chose publique, explique-t-il. D’ailleurs, dans notre famille, cela s’est toujours passé ainsi. Et mon père n’était pas seulement le médecin des habitants de Khiam et de la région, il s’occupait aussi de leurs problèmes. Au cours des élections législatives de 92 puis de 96, j’ai été approché par plusieurs parties qui voulaient un candidat grec-orthodoxe au Sud. L’ancien président du Conseil, M. Rafic Hariri, m’avait aussi sollicité pour faire partie de son précédent gouvernement. Mais je ne me sentais pas prêt, et ma famille (ma femme, mes deux fils et ma fille) ne m’encourageait pas trop. Cette fois encore, il m’a contacté, mais c’est finalement avec le Dr Hoss que je suis entré dans l’arène.» Ce qui l’a poussé à accepter ? «Une très profonde amitié me lie au président Lahoud et au Dr Hoss. J’ai senti donc, qu’avec eux, je pourrais servir les citoyens à travers le ministère.» Ses atouts ? «Je suis sérieux, discipliné, et j’exige beaucoup de moi-même avant de demander quelque chose aux autres. J’aime aussi l’administration et la gestion et je crois que je place l’intérêt général avant l’intérêt particulier».
Pour trouver la maison du nouveau ministre de la Santé, le Dr Karam Karam, il suffit de suivre les fleurs. Ni gardes du corps suspicieux, ni concierges curieux. Il n’y a que des fleurs et des plantes qui débordent jusque dans la cage d’escalier. «J’ai beaucoup d’amis», déclare le ministre. Il a aussi de nombreuses patientes, qui, toutes, ne jurent que par lui. Directeur du...