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Actualités - ANALYSE

Terrorisme d'Etat

À ceux qui l’avaient oublié, Israël a rappelé, à coups de bangs, qu’il occupe en plus de 10 % de notre territoire, 100 % de nos cieux. Les pêcheurs du Liban-Sud, victimes silencieuses et stoïques des actes de pirateries de la marine israélienne, sont quant à eux parfaitement conscients que le Liban n’exerce qu’une souveraineté hypothétique sur ses eaux territoriales. Par terre, par mer et par air, Israël nous encercle, mais sans parvenir à nous étouffer. Dans la société israélienne, des voix de plus en plus nombreuses s’élèvent pour réclamer le retrait des soldats du Liban-Sud. L’état-major d’«une des armées les plus puissantes du monde» avoue que son expérience libanaise n’est pas des plus glorieuses. Mille morts en seize ans, des milliers de blessés : le mythe est détruit. Pas plus que les invasions terrestres et que la politique de la terre brûlée, les bombardements démentiels, les blocus, les arrestations n’ont réussi à «pacifier» le Liban-Sud. Et lorsque les habitants sont contraints de quitter leurs villages, ils s’empressent d’y retourner à la première accalmie. Le souvenir de la Palestine, abandonnée «provisoirement» à cause de la terreur des organisations sionistes il y a cinquante ans, et disparue depuis – des cartes du moins –, semble profondément ancré dans la mémoire collective. Même Benjamin Netanyahu a fait part de son désir de quitter le Sud. «La nation est unie. Nous voulons nous retirer du Liban, mais la question est de savoir comment», a dit le Premier ministre israélien devant une délégation des Quatre Mères qu’il a reçue dimanche dernier. Benjamin Netanyahu pense-t-il qu’en terrorisant la population civile il pourra imposer ses conditions pour un retrait ? Depuis trois jours, la technologie volante israélienne s’amuse à franchir le mur du son à basse altitude au-dessus des grandes villes. Les enfants et les vieillards – peut-être bien aussi les ambassadeurs étrangers – se réveillent en sursaut. Les sirènes d’alarme hurlent, les vitres vibrent et parfois se brisent, les gens paniquent. Ce n’est pas une guerre psychologique mais un terrorisme d’État, bien piètre, de surcroît. Israël espère-t-il obtenir, grâce à quelques bangs, qui, s’ils se poursuivent, feront bientôt partie de notre univers quotidien, ce qu’il n’a pu arracher à travers deux invasions et trois offensives d’envergure en l’espace de vingt ans ? Veut-il adresser des «messages politiques» au nouveau régime, comme l’a dit M. Nabih Berry ? Ou simplement créer un faux foyer de tension à la veille de l’arrivée de Bill Clinton, pour atténuer les pressions qu’il pourrait subir ? Qu’importe. Après l’orage, dit-on, il y a le beau temps.
À ceux qui l’avaient oublié, Israël a rappelé, à coups de bangs, qu’il occupe en plus de 10 % de notre territoire, 100 % de nos cieux. Les pêcheurs du Liban-Sud, victimes silencieuses et stoïques des actes de pirateries de la marine israélienne, sont quant à eux parfaitement conscients que le Liban n’exerce qu’une souveraineté hypothétique sur ses eaux territoriales....