Enchères - 71.5 millions pour Portrait de l'artiste sans barbe Van Gogh s'envole (photos)

Un autoportrait de Van Gogh est devenu le troisième tableau le plus cher du monde jeudi chez Christie’s à New York, atteignant plus de 71,5 millions de dollars lors d’une brillante soirée d’enchères démontrant que l’argent était toujours là pour les œuvres de grande qualité. «Portrait de l’artiste sans barbe», chef-d’œuvre de la saison new-yorkaise estimé entre 20 et 25 millions de dollars, a été emporté par un collectionneur anonyme, après une lutte féroce, pour 71 502 500 dollars. Mais l’ensemble de la soirée, très animée, fut un succès pour Christie’s. La maison a réalisé un total de 166 733 200 dollars pour une estimation haute de 133 845 000 dollars et 59 des 68 lots ont trouvé preneur, soit 87%. Les prix tiennent compte de la commission de la maison d’enchères, 15% jusqu’à 50 000 dollars et 10% au-delà, ce qui n’est pas le cas des estimations. «Portrait de l’artiste sans barbe» est «probablement le dernier autoportrait de Van Gogh que l’on verra jamais aux enchères», a commenté Christopher Burge, président de Christie’s pour les Amériques. «Les collectionneurs savaient que c’était leur dernière chance d’acquérir une œuvre de cette qualité», a-t-il ajouté, tout en reconnaissant que le prix atteint «dépassait très largement (ses) espérances». Modigliani décevant «Les œuvres fantastiques atteignent des prix fantastiques, et les un peu moins bonnes se vendent bien si elles sont correctement estimées», a déclaré M. Burge, lançant implicitement des piques à la maison d’enchères concurrente, Sotheby’s. Diana Brooks, PDG de Sotheby’s, avait expliqué par les incertitudes des marchés financiers les mornes soirées d’enchères de la maison américaine en début de semaine. Le record pour un Van Gogh est toujours détenu par «Le portrait du docteur Gachet», vendu 82,5 millions de dollars chez Christie’s en 1990. Vincent van Gogh avait peint «Portrait de l’artiste sans barbe» pour sa mère Anna Cornelia Carbentus van Gogh, en cadeau d’anniversaire. Il est considéré comme le dernier autoportrait achevé par le peintre. Van Gogh était alors convalescent dans un asile de Saint-Rémy de Provence (sud-est de la France). Les traits de son visage sont tirés et ses yeux dégagent une immense tristesse. Un autre lot vedette de la soirée, provenant également de la collection de feu le PDG de BMW, Jacques Koerfer, était «Le Château Noir», de Paul Cézanne, qui est parti pour 11 552 500 dollars (estimation: entre 5 et 7 millions). La maison d’enchères britannique récemment passée sous le contrôle du groupe français Artémis, de François Pinault, avait remarquablement bien commencé la soirée en dispersant pour 97 667 600 dollars dix-sept œuvres de la collection de Harry Torczyner estimées à 47 millions, dont 12 Magritte qui avaient appartenu à cet avocat et peintre surréaliste belge. Le record pour un Magritte a été battu à deux reprises. «Le tombeau des lutteurs» est parti pour 5,7 millions de dollars (estimation: entre 1,5 et 2 millions de dollars), tandis que «Les valeurs personnelles», peut-être le meilleur tableau de Magritte, atteignait 7,15 millions de dollars (estimation: entre 2,5 et 3,5 millions de dollars). Ce tableau a été acheté par le musée d’Art moderne de San Francisco. La seule déception est venue de la mévente de «Nu debout», d’Amadeo Modigliani, troisième lot vedette de la soirée. Cette toile peinte aux environs de 1917-1918 et estimée entre 8 et 10 millions de dollars a été retirée de la vente à 5,5 millions de dollars. Les grandes enchères d’automne de New York se sont achevées par une vente d’art du XXe siècle (jusqu’en 1970).