Lire en français et en musique 98 - Conférence sur l'univers et signatures d'ouvrage Succès cosmique pour Hubert Reeves (photos)

La salle Georges Schéhadé était comble pour la conférence de Hubert Reeves sur «L’histoire de l’univers». Afflux également au stand Sélection où le célèbre vulgarisateur d’astrophysique d’origine québécoise a signé ensuite ses ouvrages et notamment le dernier-né, «Oiseaux, merveilleux oiseaux» (Seuil). Le succès a été tel, d’ailleurs, que le salon a exceptionnellement joué les prolongations jusqu’à 21h15. Cheveux longs et barbe blanche, yeux bleus lumineux, voix énergique, ce poète des sciences ne se lasse pas de conter les étoiles. Et on pourrait l’écouter des heures durant. Car il aborde des mondes fascinants. Sur le ton, avec l’élan — contagieux — d’un enfant émerveillé. Et on part avec lui à la découverte de l’univers. Son origine. Le minuscule atome maître de l’immense cosmos. Et puis hop, comme le petit Prince, les pieds sur terre. Où il est si bon de retrouver la nature, cette source de bonheur. «L’histoire du Big Bang est très nouvelle pour l’humanité», indique Hubert Reeves au début de sa conférence sur «L’histoire de l’univers». «Pendant 2 500 ans, les sciences ont été sous l’influence de la pensée d’Aristote qui voulait que l’univers ait existé depuis toujours et que les changements n’aient eu lieu qu’à petite échelle, pas au niveau des étoiles. Ce n’est qu’en 1930, grâce aux instruments précis, qu’on commençait à avoir, qu’on a découvert que l’univers est marqué par une existence de quelque 13 milliards d’années. La première question qui se pose alors, c’est de savoir si sa durée est infinie. On ne saurait, à l’heure actuelle le dire, mais ce qui est sûr c’est qu’il n’a pas toujours existé». Les scientifiques ont également pu définir les changements qu’a subis l’univers. Ils sont au nombre de quatre : «D’abord, l’univers s’est refroidi, atteignant aujourd’hui une température de trois degrés absolus, soit –270 °C. Ensuite, l’univers s’est assombri. Dans les premiers temps, il était très lumineux, un flash incroyable, d’où l’idée d’un Big Bang, terme que je n’aime pas car il implique une explosion. Troisième changement, le vide entre les galaxies se raréfie. Enfin, l’univers d’aujourd’hui est très structuré : les galaxies s’étendent sur des centaines de milliers d’années-lumière, puis par ordre décroissant viennent les étoiles, les planètes, les astéroïdes, les êtres vivants, les bactéries, les molécules géantes, les plus petites, et enfin le noyau composé de protons et de neutrons. L’univers des premiers temps est totalement instructuré. On pourrait le comparer à une sorte de purée géante de particules élémentaires qui nagent dans l’espace à une grande température». Quant au corps humain, «il est constitué de 100 milliards de milliards de milliards de particules élémentaires, soit 10 à la puissance 29. Ces particules se sont associées dans une structure extrêmement complexe». Un exemple ? «Il suffit d’ouvrir les yeux, de prendre conscience de notre existence pour mettre en marche ces particules ! Le cerveau humain est une structure suprêmement bien organisée». Hubert Reeves souligne ensuite que «nous nous inscrivons dans une très longue évolution. Nous savons aujourd’hui, avec précision, la première seconde de l’univers, et les différentes étapes de son évolution, avec l’apparition de la terre, puis de la vie…» À l’aide de diapositives, il explique comment un certain nombre de phénomènes, qui peuvent paraître brutaux, ont été indispensables à notre existence. Comment les débris d’étoiles éclatées s’associent aux atomes d’hydrogène et d’oxygène pour donner l’eau ; comment la chute d’une météorite fait disparaître les dinosaures et se développer les mammifères. «Dans cette lignée évolutive à succès apparaissent l’homme et la pensée. Ce levain cosmique, nous le portons en nous, il nous incite à poursuivre, à notre modeste échelle et pendant notre brève existence, la fabuleuse odyssée de la complexité cosmique», conclut l’astrophysicien.