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Actualités - CHRONOLOGIE

Invisibles aux yeux de la loi

Ce sont les agences de recrutement qui, au départ, vont prodiguer à l’employeur tous genres de conseils pour «protéger l’investissement que l’employeur vient de faire. Car cette Sri Lankaise, Philippine, ou Éthiopienne que vous avez engagée, vient de lui coûter la modique somme de 3 000 dollars», commente Mme Tina Naccahe, une volontaire qui consacre une grande partie de son temps à porter secours aux employées en détresse. Les recommandations qui en découlent viennent naturellement en conséquence : «Enfermez-la à clé, et faites surtout de façon à ce qu’elle ne fréquente pas des compatriotes, parce qu’ils vont lui tourner la tête. N’oubliez surtout pas de lui prendre son passeport, etc…». C’est précisément à partir de là que les choses se gâtent. Car, sur le plan juridique, et au cas où l’employeur se serait dérobé aux procédures administratives (s’il a par exemple refusé de lui procurer un permis de travail et un permis de séjour), ces employées n’existent plus juridiquement. Et comme disait en juin dernier, un journaliste français, Thierry Parisot, en parlant de la main-d’œuvre étrangère en France : «Pas besoin d’enchaîner les victimes pour que le piège se referme. Il suffit de confisquer leur carte d’identité pour les rendre inexistantes sur le plan juridique. Dans ces conditions, porter plainte au commissariat, c’est prendre le risque de l’expulsion ou de la prison». (Monde Diplomatique No. 531 – Juin 1998). La prison, c’est bien là que certaines d’entre elles finissent, lorsque, ayant fui la maison de leurs employeurs pour telle ou telle raison, elles se sont fait prendre par les forces de sécurité intérieures. Le problème c’est qu’elles peuvent parfois «y rester ad vitam aternam», indique Mme Naccache, qui cite le cas de plusieurs personnes qui croupissent en prison. Car, en pareils cas, personne ne voudra vraiment prendre à sa charge de les rapatrier. Le problème est devenu d’autant plus grave, explique Mme Naccache, qu’après le 31-12 - 97, sur la base d’une décision prise par la Sûreté générale, l’employée ne peut plus changer d’employeur. D’où une moindre liberté pour cette dernière, qui se trouve prise au piège, en cas de problème grave avec son employeur... Anoucha, 26 ans, de nationalité sri lankaise, renonce à intenter un procès à son employeur qui l’avait un jour tellement battue, que son visage était tout ensanglanté. Le médecin légiste lui donne un rapport de sept jours pour coups et blessures graves. Annoucha renonce à intenter un procès de peur de se voir refuser d’autres emplois. Car, seul son patron pouvait lui «rendre sa liberté, puisqu’il avait payé sa caution». Aidée par quelques volontaires, Annoucha réussit, après quelques négociations, à obtenir un “désistement” de la part de son employeur, sous la seule condition qu’elle lui paye en retour la somme de 2 000 dollars qu’il avait «investi» au départ, pour «l’obtenir».
Ce sont les agences de recrutement qui, au départ, vont prodiguer à l’employeur tous genres de conseils pour «protéger l’investissement que l’employeur vient de faire. Car cette Sri Lankaise, Philippine, ou Éthiopienne que vous avez engagée, vient de lui coûter la modique somme de 3 000 dollars», commente Mme Tina Naccahe, une volontaire qui consacre une grande partie de...