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Actualités - REPORTAGE

Khaddam et Chareh ont eu à l'Elysée deux heures d'entretien axé sur la 425 Liban-sud : Paris préconise plus que des arrangements, mais moins qu'un accord de sécurité (photo)

Au terme de deux heures d’entretien à l’Elysée avec le président Jacques Chirac, le vice-président syrien, M. Abdel Halim Khaddam, et le ministre des Affaires étrangères, M. Farouk el-Chareh, semblaient rassurés au sujet de cette concertation que l’on peut qualifier de cruciale dans ce véritable bras de fer diplomatique que se livrent depuis quelques jours Israël et le tandem libano-syrien. En fait, la diplomatie française voyait venir le moment où elle aurait à agir dans une région où une certaine préséance lui est reconnue depuis que l’ancien locataire du Quai d’Orsay, M. Hervé de Charette, avait forcé la main aux Américains et autres parties concernées et engagées au Liban-Sud pour mettre sur pied le fameux comité de surveillance qui, malgré les cahotements que l’on connaît, a le mérite d’exister et même de fonctionner. Au-delà des déclarations plus ou moins officielles faites à Damas, Beyrouth, Tel-Aviv, New York, Washington ou Paris au sujet de cette problématique application de la résolution 425 du Conseil de Sécurité des Nations Unies, la concertation multinationale sur le Liban-Sud se concentre sur le meilleur moyen d’assurer des pourparlers de proximité par un superdiplomate français qui pourrait être soit le ministre Hubert Védrine lui-même soit un émissaire spécial désigné conjointement par l’Elysée et Matignon. Celui-ci œuvrait en vue d’un consensus tout en nuances qui serait plus que les «arrangements de sécurité» exigés par M. Netanyahu et moins qu’un accord sécuritaire israélo-libanais rejeté par Beyrouth. Le Quai d’Orsay a déjà souligné récemment que la 425 «n’exclut pas la possibilité que soient engagées des discussions sur les modalités de sa mise en œuvre». De source diplomatique parisienne, on va même jusqu’à insinuer qu’un élargissement des attributions du comité de surveillance pourrait faire l’affaire si les diverses composantes de cet organisme n’y voyaient pas d’objection. Au Quai d’Orsay, on ne cesse de répéter que, dans cette affaire, la France ne fera rien sans l’accord préalable des «trois parties concernées» par le retrait israélien au Liban-Sud. Comprendre: Israël, le Liban et la Syrie. Et cette concentration dominicale pourrait bien être le coup d’envoi d’une initiative française attendue qui ne dit pas encore son nom ici mais dont les contours se précisent de jour en jour. Toujours est-il que des sources proches de l’Elysée indiquaient hier que, deux heures durant, les positions de diverses parties ont été passées au crible en retenant les vues inconciliables d’une part et les attitudes intransigeantes d’autre part. Et si MM. Khaddam et Chareh semblaient si sereins sur le perron de l’Elysée avant de repartir pour Damas, on pourrait conclure — avec la prudence qui s’impose dans pareille situation — qu’un minimum acceptable par Damas et Beyrouth a peut-être été trouvé hier et que la diplomatie française se fait un point d’honneur de faire agréer cela par Israël. Au pas de charge La visite de MM. Khaddam et Chareh à Paris s’est effectuée au pas de charge avec leur arrivée samedi, tard dans la soirée, dans la capitale française, et l’audience de deux heures avec le président Chirac, audience à l’issue de laquelle la délégation syrienne a regagné Damas à bord d’un avion spécial. La réunion présidée par M. Chirac groupait, outre MM. Khaddam et Chareh, le ministre français des Affaires étrangères M. Hubert Védrine, le chef du département Afrique et Proche-Orient au Quai d’Orsay, M. Jean-Claude Cousserand, l’ambassadeur de Syrie en France, M. Elias Nejmeh et l’ambassadeur de France à Damas, M. Charles-Henri d’Aragon. Etaient également présents, MM. Mohammed Kodaimi et Ahmed Arnous, respectivement chefs de Cabinet de MM. Khaddam et Chareh. Sur le perron de l’Elysée, où il a été raccompagné par le chef de l’Etat français, le vice-président syrien a répondu aux questions des journalistes après une déclarations dont voici la substance: «Nous avons examiné diverses questions notamment la situation au Moyen-Orient et les manœuvres israéliennes relatives à la résolution 425, analysant la conjoncture sous ses divers aspects. Nos vues étaient conformes sur le fait que la résolution susmentionnée ne comporte ni conditions ni engagements. Je peux dire que nous sommes rassurés quant à l’atmosphère des entretiens. J’ai remis au président Chirac un message du président Hafez el-Assad portant sur un certain nombre de questions bilatérales ainsi que des questions régionales et internationales». En réponse à une question sur les vues françaises au sujet de la résolution 425 ou un éventuel message de la France qui lui aurait été transmis, le vice-président syrien a déclaré: «Nous n’avons été chargés d’aucun message. Comme je l’ai déjà dit, nous avons examiné le sujet sous ses divers aspects et la position est claire. Je peux parler en tout cas de l’attitude syrienne. si le gouvernement d’Israël veut la paix réellement, la voie vers la paix est claire, à savoir l’engagement sur les bases du processus de paix et de ce qui a été convenu» à Madrid). Le gouvernement israélien voit ce qui se passe actuellement. Il y a un accord signé avec les Palestiniens et des dizaines d’autres accords. Malgré tout cela, qu’est-ce qui se passe maintenant avec les Palestiniens? Si le gouvernement israélien voulait la paix, il n’aurait pas fermé les portes de la paix cà et là. Ceci est une manœuvre flagrante qui n’échappe à personne». La présence syrienne au Liban Au sujet du retrait syrien du Liban et des récentes déclarations de M. Mordekhaï indiquant qu’Israël n’exige pas un tel retrait, M. Khaddam a répondu: «Notre présence ou notre absence du Liban ne sont liées ni par une décision israélienne, ni par une opinion ou une politique israélienne quelconques: il s’agit d’une question concernant les Syriens et les Libanais». Sur le point de savoir s’il avait perçu une attitude française déterminée avant la visite du président Chirac à Beyrouth et à la lumière des déclarations de M. Mordehaï sur le maintien de la présence syrienne au Liban, le N° 2 syrien a répondu: «Je n’ai pas la perception que la diplomatie soit convaincue du sérieux de l’initiative israélienne car cette initiative est liée à des conditions qui ont vidé la résolution 425 de son contenu et en ont fait autre chose». «L’accord (libano-israélien) du 17 mai avait pour titre un retrait du Liban mais son contenu était de ligoter le Liban, de saper sa souveraineté et d’opérer une mainmise totale sur le pays, son territoire, son espace aérien et ses côtes ainsi que sa politique. Aussi, je pense que la communauté internationale ne sera pas dupe de telles manœuvres». A propos des relations franco-syriennes, M. Khaddam a indiqué qu’elles étaient très bonnes et qu’elles étaient en plein développement. Prié de dire si la Syrie est pour la tenue d’un sommet arabe, restreint ou élargi, le dirigeant syrien a affirmé que son pays est prêt à participer à toute conférence arabe au sommet ajoutant que les conditions de succès d’une telle réunion seraient meilleures si les vues des divers pays arabes étaient convergentes à l’égard de la plupart des problèmes dont souffre le monde arabe. Kofi Annan n’a pas lu... Enfin, à un journaliste qui lui rappelait les propos de M. Kofi Annan affirmant que la proposition israélienne de retrait du Liban-Sud était sérieuse et qu’elle méritait d’être considérée, le vice-président syrien a lancé: «Il me semble que M. Kofi Annan n’a pas lu ou n’a pas fait une bonne lecture de la décision du gouvernement israélien car cette décision comporte des conditions qui ne figurent pas dans la résolution 425. Cette décision porte sur la question de Lahd (le commandant de l’ALS) et sur les arrangements de sécurité. Que signifie la notion d’arrangements de sécurité pour Israël?». «Pour M. Natanyahu, la paix signifie la sécurité. Il veut des arrangements de sécurité qui lui donneraient la paix avec le Liban. Ceci figure-t-il dans la résolution 425?». Et M. Khaddam de conclure: «Si M. Annan avait lu la résolution du gouvernement israélien, il aurait eu, je suppose, une autre attitude à cet égard et un autre avis».
Au terme de deux heures d’entretien à l’Elysée avec le président Jacques Chirac, le vice-président syrien, M. Abdel Halim Khaddam, et le ministre des Affaires étrangères, M. Farouk el-Chareh, semblaient rassurés au sujet de cette concertation que l’on peut qualifier de cruciale dans ce véritable bras de fer diplomatique que se livrent depuis quelques jours Israël et le...