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Actualités - REPORTAGE

De la manutention au transport des personnes

Le mot «ascenseur» voit le jour lors de l’exposition universelle de Paris en 1867. L’ingénieur français Edoux, qui présente des élévateurs hydrauliques destinés au transport de matériaux sur les chantiers, parraine ce terme et lui fait faire son entrée dans le lexique du transport vertical. Pourtant, tout a commencé des centaines d’années plus tôt. Aussi étrange que cela puisse paraître, l’Histoire nous révéle que dans l’Antiquité déjà, des Romains fortunés mais impotents, accédaient aux étages, assis sur un siège hissé entre deux montants par un système de treuil et de poulie. C’est ce que, au XVIe siècle, on appelle «une chaise volante», lointain ancêtre de nos ascenseurs modernes. Il serait, certes, fastidieux d’énumérer de façon exhaustive et méticuleuse, le cheminement qui aboutit à l’ascenseur moderne, mais il est néanmoins intéressant d’en retracer les principales étapes. Il est dit que ce sont les Egyptiens et les Mésopotamiens qui apprennent aux Grecs comment élever l’eau en utilisant un balancier à bras inégaux. Fixé au sommet d’une potence, le balancier comporte un contre-poids d’argile qu’il suffit d’abaisser pour soulever un récipient empli d’eau: «le chadouf». Le système est ensuite perfectionné grâce à la roue à aube, puis par la traction animale d’une roue à engrenage, et à nouveau, l’énergie humaine d’ouvriers placés à l’intérieur d’une roue, «la roue à écureuil». Pour les jeux du cirque de Rome, des élévateurs mûs par des esclaves, permettent à douze gladiateurs d’émerger du sol en même temps que les fauves. Ceux-ci, enfermés au deuxième sous-sol, sont poussés dans trente-deux monte-charges qui ne les libèrent que dans l’arène, accentuant ainsi l’effet dramatique et la tension du public. L’architecte romain Vitrure écrit dans un traité datant d’il y a quelques 2100 ans, que l’on doit le «treuil à bras» au célèbre physicien grec Archimède qui l’a mis au point 136 ans plus tôt. Son compatriote, Diodore de Sicile, note qu’il existe, à Persepolis très exactement, une machine servant à monter les corps des rois de Perse défunts à 15 mètres de haut, dans une sépulture creusée dans le flanc d’une falaise. Les civilisations antiques maîtrisent donc des techniques de construction et de levage très perfectionnées, leur permettant d’édifier temples, cités et pyramides... Ces bâtiments défient les siècles et leur mystère fascine, aujourd’hui encore, amateurs et scientifiques. Jusqu’à la Renaissance, l’évolution des techniques de construction et de transport de marchandises multiplie les systèmes de levage: cabestans, treuils simples avec poulies de rappel, élévations hydrauliques, monte-charges et grues pivotantes. C’est aux XVIe et XVIIe siècles que le transport des personnes refait surface avec la «chaise volante». Ce système fait son apparition au château de Versailles et au Palais Mazarin vers 1743. La chaise est équilibrée à l’aide d’un contrepoids, et son déplacement est effectué par une traction à bras et une poulie. Les Condé, le duc de Savoie, l’impératrice Marie-Thérèse, toute la cour de Russie et même le pape Léon X en raffolent. En Allemagne, de puissants élévateurs sont utilisés dans les mines. Le XVIIIe siècle verra quelques évolutions importantes. En 1734 à Iekaterinbourg, important centre métallurgique, on charge les navires par un double ascenseur. En 1770, à Tomsk, Golovin substitue la translation rectiligne à la rotation de grue à flèche inclinée. Dans les théâtres italiens, on voit descendre du ciel dieux et déesses de l’Olympe. Les progrès s’accentuent avec l’industrialisation du XIXe siècle qui transforme de façon fabuleuse la technique du transport des personnes et des charges: en 1823 à Londres, Briquet conçoit un ascenseur-élévateur hydraulique appelé «ascending room» et réalisé par Burton et Hormer. Ce système transporte entre dix et vingt visiteurs jusqu’à une plate-forme haute de 37 mètres, d’où ils peuvent découvrir un panorama exceptionnel de la ville. En 1857 aux Etats-Unis, le premier ascenseur à usage public est l’œuvre d’Elisha Graves Otis, pour le compte de E.V. Haughtwout and Co dont le magazin de porcelaines compte cinq étages. Le grand magasin du Louvre installe en 1873 un ascenseur qui servira pendant 57 ans. Mais c’est en 1880, au cours de l’exposition industrielle de Mannheim, que Werner Siemens et Hulstie présentent le premier ascenseur électrique. Enfin, 1889 et la Tour Eiffel voient le summum des bouleversements techniques du siècle: la plus haute construction au monde comporte cinq ascenseurs hydrauliques. Au XXe siècle, l’ascenseur s’envole vers le succès et les gratte-ciel apparaissent. Les progrès de ce secteur sont déterminants à plus d’un titre: aux niveaux architectural, économique et urbanistique. L’ascenseur entre dans l’ère du «presse-bouton». Il se fait plus rassurant et s’industrialise pour mieux répondre aux besoins d’une urbanisation croissante. Enfin les vingt dernières années et l’arrivée du microprocesseur révolutionnent le fonctionnement des ascenseurs, tant au niveau de la vitesse de déplacement, que de la précision d’arrêt, de la gestion du trafic et des systèmes de téléalarme ou de surveillance.
Le mot «ascenseur» voit le jour lors de l’exposition universelle de Paris en 1867. L’ingénieur français Edoux, qui présente des élévateurs hydrauliques destinés au transport de matériaux sur les chantiers, parraine ce terme et lui fait faire son entrée dans le lexique du transport vertical. Pourtant, tout a commencé des centaines d’années plus tôt. Aussi étrange que...