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Actualités - DISCOURS

Inauguration de la Maison des Nations Unies à la place Riad Solh Annan : Beyrouth retrouve sa gloire passée Le talent libanais inspirera la région et le monde, déclare le secrétaire général de l'ONU (photos)

Le secrétaire général des Nations Unies, M. Kofi Annan, a inauguré hier le siège permanent de l’ESCWA (Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale). L’immeuble construit par Solidere à la place Riad Solh et offert à la Commission par le gouvernement libanais a été baptisé la «maison des Nations Unies» («U.N. House»). M. Farès Boueiz, ministre des Affaires étrangères, et M. Hazem Béblawi, secrétaire exécutif de l’ESCWA et secrétaire général adjoint des Nations Unies, ont participé à la cérémonie. Le transfert du siège permanent de l’ESCWA à Beyrouth devrait contribuer à restituer à la ville son rôle de capitale économique et culturelle dans la région. Plusieurs personnalités ont assisté à l’inauguration, notamment les ministres Bassem el-Sabeh, Bahige Tabbarah, Fouad Signora et Béchara Merhej, l’ambassadeur des Etats-Unis, M. Richard Jones, l’ambassadeur de France, M. Daniel Jouanneau, le mohafez de Beyrouth, M. Nicolas Saba, et le président du conseil d’administration de Solidere, M. Nasser Chamaa. La cérémonie a commencé à 16h30 quand MM. Annan, Boueiz et Béblawi se sont dirigés ensemble vers la tribune d’honneur. M. Béblawi a prononcé son discours en trois langues différentes: arabe, français et anglais. «Nous sommes de nouveau à Beyrouth, près de vingt-cinq ans après la naissance de l’ESCWA. Au cours de cette période, notre région a connu beaucoup de remous et des troubles cruels dont une part a touché le Liban», a-t-il déclaré. Il a souligné que «le Liban reprend son souffle et sa mission comme important centre de rayonnement culturel dans la région». Il a rappelé que «les Etats membres de l’ESCWA en 1994 ont choisi Beyrouth comme siège permanent de la commission». Et d’ajouter que «le gouvernement libanais, pour répondre à l’appel, a fait construire cet immeuble spécialement pour la commission». Qualifiant le Liban de «pays petit par sa taille mais de grand par ses habitants et son imagination», il a noté que «le gouvernement libanais fait preuve de détermination et de persévérance pour reconstruire le pays». Un témoignage M. Béblawi a souligné que «le retour de l’ESCWA à Beyrouth coïncide avec le renouveau de l’Organisation des Nations Unies», notant que «la présence de M. Annan parmi nous est le témoignage d’un engagement et d’une volonté de mener à bien la mission de l’Organisation». Evoquant la région couverte par la commission, il a précisé que «l’Asie occidentale se caractérise par son homogénéité géographique, linguistique et historique, matériellement elle constitue une entité cohésive». «Pourtant, a-t-il poursuivi, cette cohésion fait défaut sur le plan des relations économiques et commerciales entre les pays de la région. En effet ces relations sont faibles ou inexistantes». Et de souligner que «la coopération et l’intégration doivent être créées, planifiées et ordonnées». Il a noté que «la région de l’ESCWA abonde en organisations régionales, telles que la Ligue arabe et l’Organisation de la conférence islamique qui s’appliquent à bâtir la solidarité entre les peuples arabes et musulmans». «Néanmoins, a-t-il ajouté, les nouvelles réalités de la région, notamment la gestion de l’eau, la protection de l’environnement et la facilitation du transport et du commerce sont des questions géo-économiques qui transcendent les barrières linguistiques, idéologiques et religieuses». «Ces nouvelles réalités, a-t-il poursuivi, ne peuvent être abordées que dans un forum neutre». «L’ESCWA, organisation neutre des Nations Unies, est la mieux équipée pour affronter ces nouveaux défis géo-économiques régionaux, particulièrement dans une période qui succède à la conclusion des accords de paix». Il a souhaité que «les Etats membres de l’ESCWA expriment à l’occasion du 25e anniversaire de la commission (qui sera célébré l’année prochaine) la vision qu’ils ont de l’avenir de la région». Le rôle du Liban Prenant la parole à son tour, le chef de la diplomatie libanaise a affirmé que «le retour de l’ESCWA et d’autres organisations internationales au Liban, au terme d’un exil forcé, prouve qu’aucun pays n’a été en mesure de se substituer au rôle joué par le Liban. Ces pays n’ont réussi qu’à mal imiter notre patrie», a-t-il dit. S’adressant au secrétaire général de l’ONU, M. Boueiz a déclaré: «Votre visite au Liban deviendra vraiment historique, si vous pouvez faire avancer les choses vers une paix juste et globale telle que nous l’avons acceptée au moment où nous avons été à Madrid et telle que nous la concevons en tant que règlement permanent pour une région qui demeure le berceau des civilisations». M. Boueiz a par ailleurs estimé que «cette paix est plus que jamais menacée par celui qui a fait fi de ces principes, de ces grandes lignes et de ces objectifs. Elle est menacée par les tentatives d’Israël de vider la 425 de sa teneur dans le seul but d’entraîner le Liban dans des négociations stériles pour prouver que la résolution onusienne est inapplicable». Et le chef de la diplomatie libanaise d’ajouter qu’«au lieu d’œuvrer pour la paix, Israël entreprend la plus importante opération de diversion politique, oubliant que l’échec de cette paix ouvrira la voie à un surcroît d’extrémisme, de haine et de violence et pourra entraîner le monde dans des crises dans la région du Proche-Orient». Le secrétaire général des Nations Unies, M. Kofi Annan, a entamé son allocution en remerciant «au nom des Nations Unies, le gouvernement libanais sans lequel l’emménagement dans cet immeuble aurait été impossible». Il a souligné que «toutes les personnes travaillant au siège des Nations Unies à New York appellent le Palais de Verre «notre maison». «Ce n’est pas une coïncidence, a-t-il noté, car l’idée d’une maison de Nations qui se regroupent dans une même structure et avec les mêmes liens nous aide à visualiser le principe fondamental des Nations Unies». Signe de paix et de stabilité Evoquant la maison des Nations Unies à Beyrouth, M. Annan a déclaré que «ce bâtiment regroupera toutes les équipes de la famille des Nations Unies». Soulignant que «l’ESCWA a changé à maintes reprises son siège permanent», il a rappelé que «la commission est rentrée pour de bon à Beyrouth, vingt-cinq ans après son premier établissement dans cette ville». Et de souligner que «ce retour au foyer est un signe que la paix et la stabilité ont été restaurées au Liban». Evoquant Beyrouth, il a déclaré que «la ville retrouve sa gloire passée comme centre économique, culturel et politique dans la région». «Depuis mon arrivée, a-t-il dit, j’ai témoigné des efforts déployés par le peuple et le gouvernement libanais à surmonter les ravages de la guerre civile», soulignant que «les Nations Unies continueront à soutenir le Liban dans cette mission». Evoquant «la guerre civile» libanaise, il a déclaré qu’il faut «se rappeler le prix que le peuple libanais a payé pendant une longue période.» «Certains événements, tels que le massacre de Cana, sont difficiles à comprendre et à oublier», a-t-il dit. Qualifiant la période actuelle de «sensible dans l’Histoire du Moyen-Orient», M. Annan a souligné que «même si nous faisons face à des difficulté dans le processus de paix, il ne faut pas oublier quelle était la situation il y a dix ans et toutes les années de destruction qui ont ravagé la région». Et de souligner que «l’actuel processus de paix, entamé à Madrid en 1991, donne à la région les meilleures chances qu’elle a connues pour instaurer la paix». «Il est vrai que ce processus est passé par plusieurs difficultés mais cela ne doit pas former une excuse pour l’abandonner», a-t-il poursuivi. Et de noter que «le succès d’un tel effort dépend de plusieurs parties»; il a rappelé à ce propos l’accord auquel il est parvenu avec les autorités irakiennes le mois passé. «L’accord de Bagdad, a-t-il déclaré, ne peut être qualifié de victoire ou de défaite par les parties en conflit. Les Nations Unies et la communauté internationale n’ont pas perdu ou n’ont pas fait des concessions». Et de souligner, «En arrêtant les hostilités militaires dans le Golfe, du moins pour le moment, c’est la paix et la diplomatie qui ont marqué une victoire». La 425 Se penchant sur la 425, le secrétaire général des Nations Unies a rappelé que «récemment le Conseil de Sécurité a appelé, à nouveau, à l’application de toutes ses résolutions. Il a de même voté le renouvellement du mandat de la FINUL». Notant que «vingt années ont passé sans que la 425 soit respectée», il a souhaité son «application prochaine en reconnaissance de l’intégrité territoriale, la souveraineté et l’indépendance politique du Liban». Qualifiant le Moyen-Orient de «berceau des civilisations», M. Annan a noté que la région est «peut-être la plus homogène du monde. Elle est caractérisée par la cohérence notamment au niveau de la culture, la géographie, la langue et l’histoire». «Elle souffre pourtant d’un manque de coopération économique et commerciale entre ses pays», a-t-il poursuivi. Et de souligner que «l’avenir de la région doit avoir pour bases une réelle coopération économique entre les différents pays», notant que «nul pays aujourd’hui est capable de se développer en s’isolant; la globalisation est devenue un fait». «C’est uniquement en formant une coopération commerciale intrarégionale que le Moyen-Orient atteindra son potentiel dans l’économie mondiale» a-t-il dit. «L’ESCWA, organisme impartial qui promeut des valeurs humaines, est hautement qualifiée pour relever les défis régionaux. Son emplacement, a-t-il poursuivi, entre l’Europe et l’Afrique forme un point de passage entre les régions». Et de noter que «l’intérêt économique doit jouer un rôle constructif dans la paix et le développement». «Après cinquante ans perdus en guerre, en conflits et destructions, nous sommes maintenant au début d’une nouvelle ère qui sera marquée par la coopération et le développement bénéfiques à toutes les populations du Moyen-Orient où Beyrouth a un rôle proéminent à jouer», a-t-il poursuivi. «Cette ville, a-t-il expliqué, occupe une place spéciale au cœur de la région. Le peuple libanais est le meilleur dans le domaine du commerce et de la gestion». «Le talent des Libanais inspirera la région et le monde», a-t-il souligné. M. Annan a également tenu à «rendre hommage à ce que les Libanais, citoyens et gouvernement, ont réalisé pour leur propre pays». Il a rappelé à ce propos la visite au Liban en 1958 de l’ancien secrétaire des Nations Unies, M. Dag Hammarskjold. «Le Liban était à ce moment au bord de la guerre civile», a déclaré M. Annan. «L’ancien secrétaire de l’ONU avait déjeuné avec M. Sami Solh, qui occupait le poste de premier ministre. A la fin de la rencontre, le ministre libanais présente au secrétaire des Nations Unies un gâteau portant l’inscription «ONU sauvez-nous». M. Hammarskjold a répondu alors «je ne peux pas accepter cette inscription, car c’est aux Libanais de sauver le Liban», a raconté M. Annan. Et d’ajouter que «le Liban a pris ce conseil en considération. Il est en train de sauver ses générations futures». «La renaissance miraculeuse à laquelle nous assistons aujourd’hui est l’œuvre des Libanais, de leurs convictions et de leur courage», a-t-il précisé. Le secrétaire général des Nations Unies a souligné que «tous les hommes et les femmes, où qu’ils vivent, du moment où ils portent de l’espoir au cœur sont des citoyens de Beyrouth». Il a lancé en conclusion: «Moi-même, homme d’espoir, je reprends courage quand je me dis «Ana Beyrouti» (je suis Beyrouthin)». A la fin de la cérémonie, M. Annan a dévoilé une plaque commémorative qui sera placée à l’entrée de l’immeuble, place Riad Solh. La plaque porte l’emblème des Nations Unies et l’inscription (en anglais) «Maison des Nations Unies — Le secrétaire général des Nations Unies — M. Kofi Annan — a inauguré le siège principal de la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale — ESCWA — le vendredi 20 mars 1998 — Beyrouth, Liban». La cérémonie a été suivie d’une réception.
Le secrétaire général des Nations Unies, M. Kofi Annan, a inauguré hier le siège permanent de l’ESCWA (Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale). L’immeuble construit par Solidere à la place Riad Solh et offert à la Commission par le gouvernement libanais a été baptisé la «maison des Nations Unies» («U.N. House»). M. Farès Boueiz, ministre des...