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Actualités - CHRONOLOGIE

Alors que Dennis Ross entame aujourd'hui ses entretiens Israël hausse le ton : nous refusons tout diktat américain Washington : le processus de paix est moribond ; le temps est compté (photo)

Israël a haussé le ton alors que l’émissaire américain Dennis Ross venait de débarquer à Tel-Aviv pour tenter une nouvelle fois de relancer le processus de paix entre Israéliens et Palestiniens. «Je ne peux accepter de diktat», s’est empressé d’affirmer le premier ministre Benjamin Netanyahu. L’envoyé spécial US a annoncé qu’il ne venait pas dans la région «chercher la confrontation, mais briser l’impasse». Répercutant l’inquiétude officielle, le porte-parole du département d’Etat James Rubin a jugé que le processus de paix «est moribond depuis trop longtemps» et se trouve «dans une situation préoccupante» Commentant la situation alors que l’émissaire spécial Dennis Ross était en route pour la région, M. Rubin a dit: «Le temps est compté pour ceux qui se soucient de la paix au Proche-Orient». Il ne reste plus que quatorze mois avant de parvenir aux délais définis par les accords de paix d’Oslo pour régler la question du statut final, a-t-il relevé. Arrivé à une heure tardive, M. Ross n’a pu rencontrer, comme prévu, le président palestinien à Ramallah; la réunion se tiendra dans la journée d’aujourd’hui vendredi. L’émissaire américain aura, en outre, des entretiens avec M. Netanyahu, également aujourd’hui. Le premier ministre israélien a appelé jeudi les Etats-Unis à «tenir leurs engagements» et à ne pas contraindre l’Etat hébreu à évacuer contre son gré des territoires occupés en Cisjordanie. «Toutes les parties doivent respecter leurs engagements, y compris les Etats-Unis», a souligné M. Netanyahu qui s’exprimait à Tel-Aviv devant une association d’officiers de réserve appartenant à la droite. Il a affirmé que le secrétaire d’Etat de l’époque, Warren Christopher, avait engagé la parole des Etats-Unis, lors de la conclusion de l’accord avec les Palestiniens sur un retrait partiel de Hébron en janvier 1997. «Nous avons reçu un engagement écrit de Warren Christopher, au moment des accords de Hébron, selon lequel Israël, seul, décidera de l’ampleur de son redéploiement», a affirmé M. Netanyahu. Le premier ministre s’appuie sur un passage de la lettre de M. Christopher, rendue publique à l’époque et qui décrit le redéploiement des forces d’occupation comme un «processus israélien». Mais la lettre stipule aussi, en reprenant une formulation des accords d’Oslo sur l’autonomie, qu’Israël doit «désigner les lieux militaires» qui resteraient sous occupation, le reste devant en principe être évacué. La missive souligne en outre que le redéploiement doit avoir lieu en trois phases, ce qui est remis en cause aujourd’hui par Israël, et que la dernière de ces phases doit avoir lieu «pas plus tard qu’à la mi-1998». M. Netanyahu, qui cherche à empêcher les Etats-Unis de publier leurs propres propositions pour débloquer le processus de paix, a affirmé que seul Israël pouvait décider de ses impératifs de sécurité.SUITE DE LA PAGE 1 «Je ne peux accepter de diktat. Nous avons nos principes. Nous ne voulons tromper personne, ni nous-mêmes, ni les électeurs, ni les Palestiniens, ni les Américains», a déclaré le premier ministre israélien à la radio nationale. «Il n’est pas dans mes intentions d’empêcher (les Etats-Unis) d’émettre des idées, pourvu qu’elles soient bonnes», a-t-il assuré. «Les Etats-Unis ne peuvent pas décider, à dix mille kilomètres de là, quels sont nos besoins de sécurité», a-t-il dit devant le Forum de sécurité pour la fermeté nationale. Il a cependant laissé dans la vague l’ampleur du redéploiement envisagé: «Nous n’avons pris aucune décision», a-t-il affirmé. Des responsables israéliens ont affirmé qu’Israël n’entendait pas évacuer plus de 9% de la Cisjordanie, s’ajoutant aux 27% déjà contrôlés, totalement ou partiellement, par l’Autorité palestinienne de M. Yasser Arafat. En revanche, les Etats-Unis, selon la presse israélienne, s’apprêteraient à proposer un retrait militaire israélien de 13% de la Cisjordanie. M. Netanyahu a critiqué son extrême droite, dont certains députés menacent de le renverser s’il accepte un redéploiement en Cisjordanie, si petit soit-il. «Sachez-le bien, si les Palestiniens respectent leurs engagements, nous respecterons les nôtres. La devise «pas un pouce de territoire» n’est pas celle de ce gouvernement», a-t-il affirmé. M. Netanyahu a réitéré les principes qui doivent selon lui guider la négociation d’un accord permanent avec les Palestiniens. Sur le plan territorial, il a estimé qu’Israël devait garder le contrôle de «deux bandes frontalières (dans l’est et l’ouest de la Cisjordanie) ainsi que le contrôle des voies de communication entre elles». Sur le plan du statut futur des territoires, M. Netanyahu s’est déclaré opposé au «droit à une autodétermination sans limite» et a estimé que les pouvoirs de l’entité palestinienne devaient être limités. «Elle ne pourra pas pomper l’eau indispensable pour Israël, elle ne pourra pas tisser des alliances, elles ne pourra pas permettre l’entrée de forces arabes extérieures, et elle ne pourra pas faire entrer des réfugiés», a-t-il dit. Selon la deuxième chaîne de télévision du pays, Israël va proposer aux Palestiniens un retrait militaire permettant de relier Jénine, Naplouse et Ramallah, les trois principales villes du nord de la Cisjordanie. Le premier ministre a l’intention de proposer cette «continuité territoriale pour compenser» l’ampleur limitée du retrait militaire israélien en Cisjordanie qu’il est prêt à consentir, a ajouté la télévision. M. Shaï Bazak, porte-parole du premier ministre, a toutefois indiqué que le «gouvernement n’a pas encore tracé de carte» d’un redéploiement. Quoi qu’il en soit, le plan de relance du processus de paix que l’on prête aux Etats-Unis semble beaucoup plus proche des thèses israéliennes que de la position palestinienne. Pourtant, c’est l’Etat hébreu qui proteste avec véhémence. Les Palestiniens, quant à eux, pressent les Etats-Unis de publier leur plan le plus vite possible, estimant que cela sortirait le processus de paix de l’impasse dans laquelle il est plongé depuis un an. Pour des analystes, ce paradoxe apparent s’explique d’abord par le fait que les Palestiniens sont dans une position stratégique beaucoup plus faible qu’Israël. Pour l’Autorité palestinienne de M. Yasser Arafat, tout est bon à prendre, si peu soit-il. Mais il y a aussi des raisons de tactique de négociation, qui font qu’Israël a intérêt à faire monter la pression pour empêcher les Etats-Unis de publier des propositions trop ambitieuses, tandis que les Palestiniens ont eux aussi intérêt à ce qu’Américains et Israéliens se disputent. «De quelque façon qu’on la regarde, la nouvelle initiative américaine est un grand résultat pour la politique et la vision du monde de Benjamin Netanyahu», note l’éditorialiste israélien Hemi Shalev dans le quotidien «Maariv». «Le plan américain aurait dû être reçu à bras ouverts et avec un soupir de satisfaction par le gouvernement israélien», observe-t-il. Israël «n’aurait pas pu rêver mieux», alors que le plan américain est «à des années-lumière des attentes palestiniennes», selon M. Shalev. Pourtant, Israël a d’avance jugé le projet «inacceptable», alors que l’Autorité palestinienne a, au contraire, appelé sa publication de ses vœux. Selon un accord conclu en janvier 1997 entre MM. Netanyahu et Arafat, Israël aurait dû en avoir terminé avec les redéploiements à la mi-1998. Aucun n’a jusqu’à présent été appliqué. Tandis que les responsables israéliens, Benjamin Netanyahu en tête, multiplient les déclarations hostiles au projet US, Yasser Arafat, lui, s’abstient de tout commentaire, ce que l’analyste palestinien Ghassan Khatib attribue à des «raisons tactiques». «Il espère améliorer ses relations avec les Etats-Unis et embarrasser les Israéliens», explique M. Khatib qui dirige le Centre de Jérusalem pour la communication et les médias. «Il compte sur le fait qu’Israël n’acceptera jamais le plan américain, et qu’il ne sera donc jamais appliqué. C’est Israël qui sera blâmé pour ce refus, pas les Palestiniens», dit-il. Cependant, cette stratégie risque de tourner à l’aigre si jamais Israël, au bout du compte, entérinait le plan américain, forçant les Palestiniens à se contenter d’un maigre 13%, au mieux, de la Cisjordanie. «L’Autorité serait plongée dans l’embarras si Israël acceptait», affirme M. Khatib.
Israël a haussé le ton alors que l’émissaire américain Dennis Ross venait de débarquer à Tel-Aviv pour tenter une nouvelle fois de relancer le processus de paix entre Israéliens et Palestiniens. «Je ne peux accepter de diktat», s’est empressé d’affirmer le premier ministre Benjamin Netanyahu. L’envoyé spécial US a annoncé qu’il ne venait pas dans la région...