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Actualités - OPINION

Théâtre - "Fawk El-dekké" au Piccadily - Hamra Exilés dans leur propre patrie, de Kesrewani (photos)

On les attendait plutôt avec plaisir. Mais les retrouvailles n’ont guère été à la hauteur de l’attente. Lui ce Charlot libanais échappé d’un champ de bananier du sud avec «cherwal» et «igal» vissé sur la tête et elle ronde comme une outre dans sa robe fleurie à festons et à l’accent plus aigu que celui des femmes «metwali» du plus profond de Naamé… Étrange couple de scène et étranges personnages que ceux de Mounir Kesrewani et Mireille Panossian alias Im Taan, qu’on retrouve une fois de plus, compères, et complices dans «Fawk el-dekké» au Piccadilly dans une pièce écrite par Kesrewani lui-même et mise en scène bien mollement par Berge Fazlian. Des cris, des hurlements, un constant va et vient chaotique sans grand intérêt telle se présente cette «Fawk el-dekké» (qui se traduirait par: «Par dessus le marché!») qui se voudrait une virulente critique sociale enrobée d’humour et de dérision. Sous prétexte qu’on a découvert un puits romain à sec et une précieuse mosaïque ancienne dans leur humble demeure de campagne au sud, un couple de paysans (campés avec zèle – peut-être un peu trop – par Kesrawani et Panossian) bien naïfs et à court d’argent, va être littéralement envahi dans son quotidien. Monde hétéroclite et bigarré où viennent se ranger un archéologue allumé, une organisatrice de festivals qui se prend pour Miss Univers, un maître-nageur aux manières de «drag queen», un entremetteur magouillard à la démarche clownesque et une troupe de danseurs de dabké bonne à figurer dans les palmarès des foires de Barja… Et tout ce petit monde s’agite et chahute à qui mieux pour dénoncer le laxisme d’une société corrompue, et dévoiler les intrigues et les mesquineries de ces petits (et grands) exploitants qui oppriment le citoyen de ce pays, comme un rouleau compresseur… Le dialogue (en fait bien absent!) pèche souvent par une grande confusion et les répliques sont loin de faire mouche dans ce texte inutilement bavard. Canevas bien pauvre et trame chétive pour tant d’agitation! Et on l’aura compris, le couple de paysans, exilé dans sa propre patrie, après de bien tristes déconvenues et complots de pacotille, sera jeté à la rue tandis que les fêtards- charognards pavoisent et se partagent sans vergogne le gâteau… Dans un décor bien sympathique et réaliste d’un modeste intérieur des gens du sud (signé Ghazi Kahwaji) cette pièce toute en pantalonnade et gesticulations offre un moment de très bruyant divertissement bien populaire où triomphent grimaces et caricatures d’une société empêtrée dans ses propres contradictions et victime de ses déplorables goûts pour un apparat facile.
On les attendait plutôt avec plaisir. Mais les retrouvailles n’ont guère été à la hauteur de l’attente. Lui ce Charlot libanais échappé d’un champ de bananier du sud avec «cherwal» et «igal» vissé sur la tête et elle ronde comme une outre dans sa robe fleurie à festons et à l’accent plus aigu que celui des femmes «metwali» du plus profond de Naamé… Étrange couple de...