Diplomatie - Soutien US aux démarches de Moubarak entre Damas et Ankara Message du ministre turc des AE à Boueiz (photo)

L’activité diplomatique se poursuit au ministère des Affaires étrangères en dépit de la période transitoire que traverse le Liban en attendant la prise de fonctions du nouveau président de la République, le général Émile Lahoud. Deux dossiers occupaient le devant de la scène hier au palais Bustros: les négociations israélo-palestiniennes et la crise entre la Syrie et la Turquie. Ces deux dossiers ont été examinés lors d’un entretien entre le ministre des Affaires étrangères, Farès Boueiz, et l’ambassadeur américain, David Satterfield, accompagné du directeur du desk Liban-Syrie-Jordanie au département d’État, Sharon Wiener. M. Satterfield a déclaré après la réunion que l’administration américaine appuyait les démarches entreprises par le président égyptien, Hosni Moubarak, pour régler par voies diplomatiques la crise entre Damas et Ankara. Une crise provoquée par les menaces turques lancées contre la Syrie, accusée de soutenir sur les plans militaire et logistique les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Ce dossier a également été examiné entre le chef de la diplomatie et l’ambassadeur de Turquie, Nazim Dumlu, qui a remis à M. Boueiz un message de son homologue turc, Ismaïl Cem. De source bien informée, on indique que la Turquie a sollicité la contribution de Beyrouth pour faire parvenir à Damas son point de vue dans cette affaire. Le Liban est concerné par cette crise parce que Ankara le soupçonne d’abriter des camps d’entraînement du PKK dans la Békaa, accusations que M. Boueiz a une fois de plus rejetées lors de son entretien avec l’ambassadeur de Turquie. M. Satterfield a déclaré à ce sujet que Washington «a clairement dit qu’il soutenait un règlement pacifique de cette crise. Nous sommes heureux des progrès réalisés et nous appuyons les démarches diplomatiques du président Hosni Moubarak. Nous espérons qu’une issue sera rapidement trouvée à la crise». L’ambassadeur US a d’autre part souhaité que les négociations israélo-palestiniennes à Wye Plantation soient couronnées de succès. «J’espère que ces pourparlers vont aboutir très prochainement à un accord satisfaisant, a-t-il dit. C’est indispensable pour la conclusion d’une paix globale dans la région et c’est important pour le Liban et pour le peuple libanais». M. Dumlu a de son côté précisé qu’il a remis à Boueiz un message de son homologue turc concernant «les demandes que la Turquie a adressées à la Syrie» dans le cadre de la crise entre les deux pays. «Nous avons eu une discussion intéressante et je l’ai informé des détails de notre position, a-t-il ajouté. Le ministre Boueiz a pour sa part exposé le point de vue du Liban que nous connaissons. Il y a des points communs entre la Turquie et le Liban parce que nous sommes deux États démocratiques. Nous ne sommes pas comme d’autres États qui ne sont pas transparents. Nous sommes démocratiques et transparents et nous nous comprenons mutuellement». M. Dumlu a ajouté qu’il ne s’était pas rendu dans le camp du PKK dans la Békaa investi par l’armée libanaise, précisant cependant que son prédécesseur avait déjà visité ce site fermé par les autorités, il y a cinq ans. Des sources proches du palais Bustros ont indiqué que M. Boueiz a réaffirmé à l’ambassadeur turc que le chef du PKK, Abdallah Ocalan (dit Apo), «ne se trouve actuellement ni au Liban ni en Syrie». Il a également assuré que les rebelles kurdes ne disposent pas de camps d’entraînement dans les deux pays. Le chef de la diplomatie a mis l’accent sur «la gravité» de la crise turque et a conseillé à Ankara de «préserver ses relations historiques avec les États arabes».