Avant la rencontre tripartite d'aujourd'hui à Erez Albright à Netanyahu et Arafat : le temps vous est compté (photo)

Le secrétaire d’État américain Madeleine Albright, venue au Proche-Orient pour préparer un sommet israélo-palestinien prévu à la mi-octobre, a appelé mardi à débloquer d’urgence le processus de paix enlisé depuis 19 mois. Le chef de la diplomatie US, après s’être entretenue dans la matinée avec Benjamin Netanyahu et l’après-midi avec Yasser Arafat, a réussi à convaincre les deux hommes de se rencontrer aujourd’hui en sa présence, au barrage d’Erez à l’entrée de la bande de Gaza, pour discuter directement de leurs désaccords persistants sur l’épineux dossier des retraits israéliens en Cisjordanie. Mme Albright a averti le Premier ministre israélien à Jérusalem, puis le président palestinien à Jéricho, que le temps leur était compté. «Nous avons une occasion unique de remettre le processus de paix israélo-palestinien sur les rails. Le temps n’est pas avec nous. Si nous n’avançons pas rapidement, nous risquons de perdre cette occasion», a plaidé Mme Albright après son déjeuner avec M. Arafat. «Il est clair que les deux parties doivent encore beaucoup travailler et répondre à de difficiles questions», a-t-elle dit. Elle avait employé pratiquement les mêmes termes après son entretien avec M. Netanyahu. Mme Albright, qui doit rester jusqu’à mercredi soir dans la région, a semblé satisfaite de ses premiers entretiens. «C’est l’une des matinées les plus plaisantes que j’ai passées dans cette région», a-t-elle confié aux journalistes à Jéricho. La date du sommet-marathon que le président Bill Clinton veut organiser avec les dirigeants palestinien et israélien aux États-Unis n’est pas encore fixée. M. David Bar-Illan, porte-parole de M. Netanyahu, a indiqué qu’il pourrait avoir lieu soit du 14 au 19 octobre, soit du 20 au 25 ou 26 octobre. M. Netanyahu a choisi le moment où Mme Albright était à Jérusalem pour afficher son intention d’accélérer la construction de logements pour des colons en plein centre de Hébron en Cisjordanie. «Un crachat»... Le Premier ministre a convoqué une réunion interministérielle à cette fin immédiatement après sa rencontre avec Mme Albright. «C’est un crachat à la face de Mme Albright et une nouvelle tentative pour faire échouer le processus de paix», s’est insurgé le mouvement israélien anticolonisation La Paix Maintenant. Le secrétaire d’État est restée plus prudente, se contentant d’affirmer: «Nous voudrions espérer qu’il n’y ait pas d’action unilatérale qui viendrait compliquer les choses». Mme Albright, accompagnée de son adjoint pour le Proche-Orient Martin Indyk et de l’émissaire spécial américain Dennis Ross, devait s’attacher à définir les conditions d’un retrait israélien partiel en Cisjordanie, notamment quant aux garanties de sécurité réclamées par Israël. Pour M. Arafat, Israël doit appliquer le plan américain d’un retrait militaire israélien de 13% en Cisjordanie, un dossier qui bloque les négociations depuis 19 mois. «Le secrétaire d’État a dans sa poche un oui du président Arafat» à un retrait de 13%, a rappelé le chef négociateur palestinien Saëb Erakat. «Arriver à un accord dépend désormais d’Israël», a ajouté M. Erakat. Les Palestiniens réclament aussi que ce retrait soit suivi d’un nouveau redéploiement israélien, comme il était prévu dans les accords d’autonomie. «Il ne peut pas y avoir d’accord» sans ce nouveau retrait, a affirmé M. Erakat. M. Netanyahu exige de son côté que l’Autorité palestinienne engage la «lutte contre les organisations terroristes» en particulier le Mouvement de la Résistance islamique (Hamas), avant de procéder à un redéploiement. Le Premier ministre réclame aussi que le Conseil national palestinien (CNP), l’instance suprême de l’OLP, se réunisse pour confirmer l’annulation des articles de la charte nationale palestinienne niant le droit d’Israël à l’existence. M. Arafat fait valoir que le CNP a déjà annulé ces clauses en 1996. (AFP-Reuters)