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Actualités - CONFERENCES DE PRESSE

Parce que certains ordinateurs ne peuvent pas lire les dates postérieures à l'an 2000 et sont menacés de dérèglement La terre risque de perdre la tête avec l'avènement du troisième millénaire ...

Imaginez que l’ordinateur central d’un ministère de la Défense, d’une banque ou d’une compagnie d’assurances se dérègle. «Quel gâchis», dira-t-on. Mais que le dérèglement se produise à l’échelle nationale ou internationale et l’on criera à la catastrophe. L’image est fictive, certes, mais le risque est là. Il n’est pas imminent mais se posera sûrement lors du passage à l’an 2000 lorsque le calendrier électronique de nombreux ordinateurs et autres matériels similaires reviendra automatiquement à l’an 1900, passé minuit dans la nuit du 31 décembre 1999 au 1er janvier 2000, entraînant ainsi une perte définitive de nombreux programmes: il est en effet apparu que les «cerveaux électroniques» ont été pour la plupart programmés pour reconnaître seulement les deux derniers chiffres indiquant les années du vingtième siècle. Qu’un petit changement s’opère et ils «perdent la tête». C’est ce qu’il est désormais convenu d’appeler «le problème de l’an 2000». Cette crise à venir concerne l’ensemble de la planète et touche les divers aspects de la vie quotidienne, des plus simples aux plus graves. Si l’Occident s’y est attaqué depuis près de trois ans, le Liban en est encore à ses premiers pas, le sentiment quasi général étant qu’il est encore tôt pour se préoccuper d’un problème qui ne se posera qu’à la fin du siècle. Or, 478 jours nous séparent seulement du troisième millénaire. Et ce n’est pas beaucoup. Pour sensibiliser les Libanais, et encourager les secteurs privé et officiel à réagir, une conférence sur «le problème de l’an 2000» sera organisée le 22 septembre au Century Park Hotel par la revue HITEK en présence notamment de représentants de la Banque mondiale, de l’UNESCO, de l’Union internationale des télécommunications, d’IBM, de Microsoft, d’Oracle, de SUN, d’Intel. Cette conférence couronne une série de contacts menés par le PDG de la revue, Mme Katia Tayyar, auprès des responsables de nombreuses entreprises du secteur privé et des organismes publics. Catastrophes en série Dans une conférence de presse qu’elle a tenue hier conjointement avec le directeur de la revue, M. Jean-Louis Farwaji, Mme Tayyar a noté avec effroi l’indifférence de nombreux chefs d’entreprises et représentants de l’Etat au problème posé: «Qu’on reste vivant jusqu’en l’an 2000 et l’on verra à ce moment-là», s’est-elle entendu dire à plusieurs reprises. Cette indifférence peut être expliquée soit par l’ignorance de la gravité du problème, soit par la réticence à débourser des milliers de dollars. C’est que, selon M. Farwaji, le règlement de ce problème de calendrier va coûter plus de 600 milliards de dollars à l’échelle internationale. Mme Tayyar se félicite toutefois de la réaction de la Banque du Liban qui a établi une étude sur la question et qui a sensibilisé à son tour les établissements bancaires lesquels modifieront leurs programmes électroniques de manière à ce qu’ils puissent reconnaître une année de quatre chiffres et non seulement de deux. Au cas où rien n’est entrepris, des catastrophes de tout genre peuvent se produire. Prenons le cas du secteur bancaire: si le 1er janvier 2000, il s’avère qu’un ordinateur central a affiché les chiffres 00, cela sous-entend qu’il s’agit de l’an 1900 et non pas 2000. Des dossiers entiers peuvent disparaître, des comptes s’évaporer ou, avec un peu de chance, se remplir davantage, explique M. Farwaji. Il ne s’agit pas d’une hypothèse mais d’une réalité qui a été découverte par hasard, lorsqu’un féru de l’informatique à Londres a voulu voir ce qui se passerait au cas où il donnerait l’ordre à son ordinateur de se mettre à l’heure de l’an 2000. Quelle n’a été sa surprise en découvrant la disparition de nombreux dossiers: sa machine n’arrivait plus à reconnaître les données qu’il lui avait demandé d’emmagasiner. Et parce que toute machine électronique est dotée d’un «cerveau intelligent», il est vite apparu que le problème ne se limite pas seulement aux ordinateurs: les matériels de télécommunications, les équipements hospitaliers, aéronautiques, les distributeurs d’énergie... risquent d’être déréglés. Ce n’est donc pas par hasard que la «British Airways» a décidé de suspendre ses vols dans la nuit du 31 décembre 1999 au 1er janvier 2000. Le bonheur des trafiquants... Selon les mêmes études citées par M. Farwaji, les Britanniques estiment à plusieurs centaines le nombre de décès de malades branchés à des appareils médicaux dans leur pays, à partir du 1er janvier 2000, au cas où on ne vérifierait pas la configuration électronique de ces machines. Mme Tayyar regrette «l’indifférence» des hôpitaux libanais à ce problème en insistant sur les conséquences du dérèglement d’un système de dialyse, d’un pace-maker ou d’un cardiogramme. A en croire Mme Tayyar et M. Farwaji, il serait toutefois erroné de croire que c’est seulement à cette date que les malheurs de la Terre commenceront. Certaines entreprises ont pu constater à leurs dépens les conséquences d’un dérèglement de la lecture informatique des dates. Selon M. Farwaji — qui s’est référé à plusieurs reprises dans sa conférence de presse sur des études effectuées en Grande-Bretagne sur la question — une compagnie britannique d’aliments en conserve a eu la mauvaise surprise d’apprendre que le stock de produits qu’elle venait d’écouler sur le marché international avait été refoulé parce qu’il avait été considéré comme étant périmé. Ses directeurs ont tôt fait de découvrir que les produits avaient été considérés périmés par les ordinateurs qui avaient lu 1902 au lieu de 2002 pour la date d’expiration. Selon M. Farwaji, ce problème fait toutefois le bonheur des trafiquants de produits avariés qui prétextent une erreur de lecture informatique pour écouler leurs marchandises douteuses sur les marchés du tiers monde. Ce trafic, estime-t-il, se développera avec l’avènement de l’an 2000. D’où la nécessité de sensibiliser les douanes à ce problème, souligne Mme Tayyar. Mais d’ores et déjà, les entreprises privées prennent des précautions et aujourd’hui, certaines refusent de traiter avec d’autres à moins qu’elles n’aient auparavant rempli un questionnaire démontrant qu’elles se sont adaptées au système informatique de l’an 2000. Selon Mme Tayyar, il n’existe pas une solution miracle ou un logiciel qui permettrait de surmonter le problème qui se pose. La Banque mondiale, précise-t-elle, a établi son propre «kit d’outils» qui ne peut toutefois être généralisé. La contribution de chaque individu est nécessaire, dit-elle, pour venir à bout de ce problème qui risque de faire perdre la tête à la Terre entière.
Imaginez que l’ordinateur central d’un ministère de la Défense, d’une banque ou d’une compagnie d’assurances se dérègle. «Quel gâchis», dira-t-on. Mais que le dérèglement se produise à l’échelle nationale ou internationale et l’on criera à la catastrophe. L’image est fictive, certes, mais le risque est là. Il n’est pas imminent mais se posera sûrement lors du...