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Actualités - ANALYSE

Présidentielle Un round préparatoire avant le scrutin

«L’été se meurt enfin, souviens-t’en, souviens-t’en (…) Et souviens-toi que je t’attends». Mais les poètes qui rêvent de voir l’automne proroger encore une fois leurs belles saisons peuvent toujours attendre. Car il y aura effectivement élection et non pas reconduction. Le scrutin devra avoir lieu en octobre, le mois présent étant consacré aux concertations préparatoires. C’est ce que confirme l’oracle, M. Abdel Halim Khaddam, cité par des loyalistes retour de Damas. On le sait, le premier que le vice-président de la république syrienne a mis dans le secret, il y a plusieurs semaines déjà, est son ami Hariri. Malgré ce qu’il pouvait lui-même en penser naguère, le président du Conseil a dû se faire à l’idée syrienne qu’il faut désormais pour le Liban un homme à poigne. Et propre… Qui inspire confiance, rassure la Syrie et n’effraie aucune fraction. On voit très bien le tableau, qui présente un profil extrêmement précis. Dès lors on est un peu perplexe d’entendre les prosyriens ajouter sans broncher, et sans crainte de paraître se contredire, que «les consultations n’aborderont pas les détails, ne traiteront pas des noms et ne porteront pas sur l’ouverture d’une session extraordinaire pour amender l’article 49…». Comme il est difficile de soupçonner ces loyalistes de machiavélisme, on peut penser que par peur de contrarier les Syriens qui pourraient vouloir changer d’avis, ils tentent de laisser entendre par ces dernières réserves que les jeux ne sont pas encore faits. Pour le moment en tout cas, la cote du général Emile Lahoud est au pinacle. Le président Rafic Hariri lui a déjà rendu l’insigne service de proclamer que la prorogation est bien kaputt. Et ensuite le chef du gouvernement s’est résigné, sur demande instante des tuteurs, à faire bonne figure à ce candidat musclé qui naguère n’était pas son favori… Des sources informées confirment que «si M. Hariri a reçu aussi aimablement, aussi longuement le général, c’est qu’on lui a fait comprendre que s’il voulait rester en place, il serait illogique que ses relations avec le prochain président de la République soient tièdes ou conflictuelles. Avant même la rencontre, des ponts avaient été jetés, les deux hommes étant invités à faire plus ample connaissance en confrontant leurs points de vue respectifs sur divers sujets. Initialement M. Hariri était contre l’idée d’un recours à un militaire par crainte de voir se répéter l’expérience du chehabisme et du Deuxième bureau, qui se mêlait de politique et en était infesté. Mais le chef du gouvernement a fini par admettre, sur les conseils des décideurs, qu’avec le général Lahoud, c’est tout à fait différent. Il est sorti d’une maison politique pour gagner la caserne alors que pour Chehab, c’était l’inverse. Il a institutionnalisé l’armée de façon qu’elle ne se confonde avec aucune autre personne, morale ou physique, avec aucune confession et avec aucun particulier. Autrement dit, ce sera lui que la république va épouser et non l’armée, ce sera lui qui entrera à Baabda et non l’état-major…». Soit dit entre parenthèses, M. Hariri, qui est l’un des artisans de Taëf, est bien placé pour ne redouter au fond aucune candidature du moment que le chef de l’Etat n’a, dans le système actuel, que peu de pouvoirs… Mais il a pu, sans doute, appréhender que justement un homme fort ne cherche à récupérer tout ou partie des anciennes prérogatives de la présidence…Toujours est-il que tout compte fait, le général lui convient, si l’on peut dire, car il peut plus qu’un autre initier avec lui le grand changement que M. Hariri veut initier, notamment sur le plan de l’épuration des mœurs politico-administratives. Reste M. Nabih Berry. «Le président de la Chambre, indiquent les prosyriens, aura un rôle proéminent à jouer dans la mise en forme du scénario de la présidentielle, dans l’amendement de l’article 49 puis dans l’élection. Il a pu en discuter longuement avec le président Hafez el-Assad et il est probable qu’il a reçu quelques assurances quant à la suite de sa carrière. D’autant qu’il faudra que le pouvoir dans son ensemble se rabiboche globalement avec l’Est politique, la présidence de la Chambre ayant un rôle politique de tout premier plan à jouer dans la réalisation de l’entente nationale».
«L’été se meurt enfin, souviens-t’en, souviens-t’en (…) Et souviens-toi que je t’attends». Mais les poètes qui rêvent de voir l’automne proroger encore une fois leurs belles saisons peuvent toujours attendre. Car il y aura effectivement élection et non pas reconduction. Le scrutin devra avoir lieu en octobre, le mois présent étant consacré aux concertations...