Cathédrales St-Jean Marc, Byblos Quand la musique est une prière ... (photos)

Dans le cadre du festival d’été de Byblos, dans sa version abrégée, la musique classique a pris le relais avec un duo flûte-guitare et le Barock-Ensemble (sous la direction de Paul Safa) où ont résonné les partitions de Respighi, Vivaldi, Stamitz, Diabelli et Haydn. Musique aux chatoyances maîtrisées et aux accents empreints d’une certaine ferveur que les festivaliers ont apprécié dans une atmosphère recueillie et chargée de piété entre les pierres et les voûtes de cette très ancienne cathédrale à proximité de la mer... Familiers du public libanais grâce à leur prestation en 1995, Doris (flûte) et Reinhard (guitare) Froese ont animé ce lieu de prière avec des œuvres aux éclats tempérés et où sensibilité et maîtrise sont les mots-clés d’une interprétation à la fois remarquable et inspirée. Dès les premières phrases de l’allegro moderato de cette «Antiche danze et Arie» d’Ottorino Respighi le ton est à une écriture orchestrale vivace. Couleurs éclatantes et amour sensuel des timbres caractérisent cette œuvre aux résonances singulières puisant son inspiration dans des rythmes modernes tout en développant un thème qui ne manque guère de rigueur et de sobriété. Place ensuite aux déferlements vivaldiens avec le concerto en ré majeur pour guitare, cordes et basse continue. La musique fluide et élégante du «prêtre roux» est là dans son élément entre ces vieilles pierres au parfum d’encens réveillées brusquement de leur léthargie... Animée et presque impétueuse dans les allegri, rêveuse et légèrement ample dans le largo, cette œuvre a tout l’éclat d’une narration raffinée conciliant en douceur le baroque finissant et le classicisme dans ses balbutiements... Des accords pincés de la guitare à la douceur du vent avec le concerto pour deux flûtes en sol majeur qui s’est déployé en allegro, adagio et rondeau faisant souffler sur l’auditoire l’expression d’un lyrisme contenu mais où la virtuosité avait de remarquables embellies. Après l’entracte retrouvailles chaleureuses de la guitare et de la flûte pour un duo animé de Diabelli. Moment de joie absolue avec Haydn où guitare et cordes ont dialogué avec une vive animation à travers allegro, minuetto et adagio. Facilité mélodique, verve rythmique, liberté d’une narration où la gaieté n’est jamais exclue, voilà le monde sonore riche de celui qui avait composé pour la société légère mais cultivée de Vienne... Pour clôturer la ronde, retour à Respighi avec une nouvelle «Antiche danze et Arie» placée sous le signe des couleurs italiennes. Une andantino et une passacaille où ont miroité en toutes discrétions les reflets bleutés des eaux emportées de la Méditerranée dont le roulis est perceptible à quelques mètres de cette cathédrale illuminée...