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Actualités - OPINION

Vient de paraître "Plumes devant la justice" de Fouad Machaalany

La justice rôde autour de la littérature ou est-ce la littérature qui est prise aux filets du Barreau? Les deux notions se rejoignent peut-être sous la couverture du dernier livre de M. Fouad Toufic Machaalany qui signe là un ouvrage détonant où se définit tout un combat pour la liberté. Voilà un livre qui sort des chemins battus, conciliant avec dextérité plaisir de lire, sens de la morale et notion de création littéraire. Aussi respectueux de la vérité que curieux de celle-ci, le livre de Me Machaalany intitulé «Aklam Amam Al Kadaa» (Plumes devant la justice — 329 pages) traite des problèmes des limites de la liberté en matière de littérature. Cinq «cas» sont répertoriés dans un style narratif prenant dans un arabe fluide et clair. Cinq cas où sont impliqués œuvres de fiction et littérateurs. Des «Fleurs du mal» de Baudelaire à l’affaire Rimbaud-Verlaine en passant par «Madame Bovary» de G. Flaubert, «L’amant de Lady Chatterly» de D.H. Lawrence et le procès d’Oscar Wilde, l’enjeu est terrible: jusqu’où peuvent aller fiction et comportement humain. Il est évident que les temps ont changé, du moins en Occident, où le laxisme est beaucoup plus toléré que durant le siècle dernier où le conservatisme et le puritanisme étaient de rigueur. La révolution sexuelle et les mœurs contemporai ont certes beaucoup évolué mais en démocratie on ne baisse jamais totalement les armes... Familier de l’univers du barreau dont il est un membre actif, l’auteur a voulu jeter la lumière sur des «affaires» littéraires jugées, en leur temps, pour leur caractère licencieux, libertaire, parfois même libertin ou scandaleux. On cite volontiers dans le parcours de Me Machaalany riche de plus de sept ouvrages, les étapes marquantes dont «Nouvelle anthologie de l’esprit» «Un rien de tout» et «Crimes qui ont étonné le monde». Aujourd’hui avec «Plumes devant la justice» les lecteurs, de culture arabe peuvent s’informer du climat houleux qu’a suscité la publication des «Fleurs du mal» de Baudelaire où le saphisme avait brusquement droit de cité en poésie. La vie tumultueuse d’Oscar Wilde est ternie par un procès retentissant où le célèbre et génial dramaturge, poète et romancier, perd tout crédit auprès du public à cause des révélations d’une vie privée jugée dissolue et infamante. «Madame Bovary» le roman au réalisme cru de Flaubert provoque colère et indignation en prenant la défense des femmes mal mariées et aux désirs inassouvis... «L’amant de Lady Chatterley» le sulfureux roman de D.H. Lawrence provoque les mêmes réactions de révolte et de dégoût de la part des puritains de la vieille Angleterre. Dans les descriptions détaillées et complaisantes des amours voluptueuses et frénétiques d’une châtelaine et de son jardinier, les bien-pensants, voyaient une offensante apologie de l’adultère doublée d’une outrageante nivellation de classes sociales. Pour clore la ronde, les amours «infernales» des princes maudits de la poésie française: Verlaine et Rimbaud. Sur fond de vie de bohème turbulente, d’absinthe, d’errance, d’ivresses du corps et de folie, une passion orageuse, tapageuse mais génératrice d’une poésie merveilleuse et troublante... Là, dans ce déchaînement de sentiments violents et inconfortables, deux vies basculent mais triomphe, comme un soleil noir, le verbe... Propos grivois, sexualité exacerbée, luxure, comportements scabreux et originaux, autant de faits pour alimenter, à travers ces éloquents témoignages de droit, création littéraire et liberté d’être et d’expression. Notions graves et délicates que l’auteur traite avec infiniment de tact et de doigté, à une documentation fouillée et minutieuse, pour tirer des «leçons» de morale à méditer où respect et dignité sont autant de garanties pour une liberté meilleure, sacrée, féconde et épanouissante. Livre dense et riche, écrit d’une plume inspirée et incisive mais nette, révélant avec courage les «dessous» des œuvres et des personnages les plus séduisants mais aussi les plus redoutables pour qui parfois fiction et réalité se rejoignent. De la littérature certes mais du droit aussi comme pour déshabiller toutes les certitudes qui restent, somme toute, une affaire de relativité, d’époque et de phénomènes de société...
La justice rôde autour de la littérature ou est-ce la littérature qui est prise aux filets du Barreau? Les deux notions se rejoignent peut-être sous la couverture du dernier livre de M. Fouad Toufic Machaalany qui signe là un ouvrage détonant où se définit tout un combat pour la liberté. Voilà un livre qui sort des chemins battus, conciliant avec dextérité plaisir de lire, sens de la...