Parce qu'il faut un début à tout changement Le courant aouniste annonce son programme pour les élections municipales (photos)

«Une ville ne peut être construite que pour et par ses habitants». C’est à partir de cette phrase du général Michel Aoun que son courant a décidé de préparer la bataille des élections municipales. Faisant comme si ces élections étaient inéluctables, le «Courant national libre» (aouniste) a tenu hier une conférence de presse pour présenter son programme et sa méthode de travail. Le projet est grandiose car il vise, d’une part, à sensibiliser la population sur l’importance de ces élections et, d’autre part à permettre à ce courant de se donner une dimension nationale effective, en touchant toutes les régions et, autant que possible, tous les villages du Liban. Entouré des principaux promoteurs de ce projet, MM. Naaman Abou Antoun (chargé du suivi), Hekmat Dib (environnement), René Kareh (eau et développement) et Alain Bifani (économie), le général Nadim Lteif a montré à l’assistance un livret expliquant l’importance des municipales et le programme du courant. A ceux qui se demandent pourquoi le «Courant national libre» (comme il s’appelle officiellement) se lance dans cette bataille après avoir boycotté les élections législatives, sous prétexte qu’elles se sont déroulées «à l’ombre de l’occupation», le livret répond par ce petit sologan: «Il faut un début à tout changement». Le général Lteif a été encore plus explicite, précisant qu’il faut bien commencer quelque part et le «Courant national libre» estime que l’enjeu des municipales est d’une très grande importance, car il touche tous les citoyens, dans leurs problèmes quotidiens. Et à cause de cela, selon le général Lteif, la marge d’intervention, ou même de fraude de la part de l’Etat ou de ses services, est assez réduite, dans ces élections. Dans toutes les régions Donc, tout en sachant qu’il y a toujours une possibilité pour que ces élections n’aient pas lieu (le général Lteif a même dit: il faut s’attendre à tout de la part de ce pouvoir), le courant national libre a décidé de se lancer à fond dans cette bataille. Son objectif est de pouvoir aligner des candidats, ou du moins d’être présents, dans toutes les régions du pays. Ce qui n’est pas une mince affaire, non seulement en raison de la diversité et de la complexité de la composition des diverses régions du pays, mais aussi parce que dans les villages, les considérations familiales sont souvent plus importantes que les options politiques. Dans le livret présenté hier à la presse et aux nombreux aounistes présents, (imprimé sur papier recyclable, par souci de protection de l’environnement), le mouvement explique le rôle principal du conseil municipal et du chef de la municipalité, qui doit, à travers son action, préserver le patrimoine et l’identité libanaise, protéger l’environnement, favoriser le développement ainsi que les activités sociale, culturelle et sportive. Il dresse aussi le profil du candidat idéal qui doit être doté de trois grandes qualités: la compétence et les qualifications, l’intégrité et l’honnêteté, l’engagement au service de l’intérêt général. Reste à savoir comment le «Courant national libre» compte oeuvrer sur le terrain et mettre en pratique cet ambitieux programme. C’est là qu’intervient M. Massoud Achkar, désigné coordonnateur du mouvement avec toutes les forces agissantes au Liban et dont les idéaux ne sont pas en contradiction avec ceux du courant aouniste . Secondé par une équipe soudée, Massoud Achkar entreprend ainsi des contacts avec le PNL, l’opposition Kataëb et le courant de l’ancien président Amine Gemayel. La coordination se limitera-t-elle à ces seules formations? Le général Lteif répond par la négative, assurant que M. Achkar contactera toutes les parties présentes, dans le but d’obtenir le plus large éventail d’action possible, dans le cadre de ces municipales. M. Achkar déclare de son côté qu’il a aussi obtenu un blanc-seing de l’ancien député Albert Moukheiber et qu’il a déjà entrepris des contacts avec les prélats de certaines régions, tout comme il compte se réunir avec de nombreuses forces actives. Pour l’instant, il n’est pas question de limiter les contacts et c’est à partir des discussions que se précisera le réseau d’alliances qu’établira le courant national libre, pour participer à ces élections. Un journaliste demande alors au général Lteif si le courant qu’il représente compte nouer les mêmes alliances que pour les élections syndicales, alliances qui ne l’ont pas mené à la victoire... Le général Lteif répond en soulignant les différences entre les municipales et les élections syndicales. Selon lui, aussi bien les enjeux que les considérations sont différents. Les municipales touchent au quotidien des citoyens et tous les Libanais sont concernés. Le général Lteif insiste aussi sur le fait que dans certaines localités, aucune considération politique n’entre en jeu. C’est dire que l’approche doit être différente. Des formulaires ont d’ailleurs été préparés et ils seront distribués à toutes les personnes intéressées par ces élections et soucieuses d’y participer d’une manière ou d’une autre. A l’aide de ces formulaires, le courant national sera informé des spécificités de chaque village ou bourgade, de la composition de son conseil municipal et des ses problèmes particuliers. Bref, le travail s’annonce sérieux. Et au premier rang de l’assistance, le député Pierre Daccache ainsi que Mme Zeina el-Ali, Youssef Saadallah Khoury, Ernest Karam et Sélim Azar, ont longuement applaudi le projet. Un seul grand point d’interrogation demeure: les élections municipales auront-elles réellement lieu? En dépit des affirmations des responsables ... et des préparatifs des aounistes, peu de gens y croient.