Assurez-vous sur Internet... contre la poisse

Un Allemand en mal d’idées lucratives a inventé l’assurance malchance pour consoler les éternels déçus du loto, proposant sur l’Internet une police pour dédommager le joueur victime de la poisse. Knut Eicke, un Berlinois de 56 ans qui dirige la compagnie «Sir Huckleberry», offre depuis ce samedi aux rêveurs de millions de toucher la coquette somme de 10.000 marks (5.560 dollars) si leur poisse hebdomadaire se confirme pendant douze mois sans discontinuer, moyennant 19 marks (10,5 dollars) de cotisation annuelle. Le joueur doit cependant toujours cocher les six mêmes chiffres, et stocker précieusement les billets perdants, preuves de sa bonne foi et de sa mauvaise étoile, au lieu de les vouer à la poubelle dans un geste rageur. Autre condition: l’amateur de grilles à croix ne doit pas avoir eu deux des six numéros gagnants, ne serait-ce qu’une seule fois en douze mois. Malgré ces conditions draconiennes, l’assureur a affirmé que les chances de gagner à «son jeu» sont 2.500 fois plus grandes que les perspectives de gain au loto. A l’en croire, les accros de la grille devraient donc pouvoir désormais se réjouir de leur malheur. «Sir Huckleberry», basée à Amsterdam, est la première compagnie d’assurance à offrir une telle couverture antipoisse sur Internet. Elle propose également une assurance antikrach boursier dédommageant les victimes de la dégringolade des titres pourvu que les cours s’effondrent d’au moins 75%. Il cible essentiellement le marché américain, ses fans de loterie et ses 40 millions d’internautes, même s’il espère que les Allemands, les Français ou les Suisses souscriront aussi à ses inventions. Kurt Eicke s’est déjà illustré dans le passé par le lancement de produits insolites dans le secteur des assurances: aux accros du football, il avait proposé une assurance contre la relégation en deuxième division du club berlinois Herta en fin de saison. Il avait ainsi déclenché un flot d’appels téléphoniques au bureau d’Amsterdam, bien que le club n’ait jamais quitté le peloton des 18 meilleures équipes. L’assureur, qui dirige la compagnie depuis 1985, se dit «fasciné» par les possibilités de l’Internet, qui permet de réduire considérablement les délais de formalités. Rien qu’en Europe, un contrat d’assurance peut mettre une semaine pour parvenir à son destinataire, souligne-t-il. Avec Internet, la police est souscrite immédiatement. La toile géante est en outre le meilleur vecteur publicitaire qui soit, ajoute l’assureur, conscient des enjeux financiers. «Avec Internet, j’ai la chance de pouvoir être connu mondialement si les gens apprécient mes polices d’assurances». Optimiste, il annonce d’ores et déjà le lancement «tous les trimestres» d’un nouveau type de polices, d’un coût maximum de 159 marks (88 dollars), qui ressort plus du pari que de l’assurance: il pourrait ainsi s’appliquer aussi bien aux résultats de la Coupe du monde de football que d’un scrutin national. (AFP)