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Actualités - COMMUNIQUES ET DECLARATIONS

Le leadership chiite s'insurge contre la décision de déférer le dossier Toufayli devant la cour de justice... et réclame la mise en application du projet des 150 milliards de L.L. pour la région de Baalbeck-Hermel

Le leadership chiite, religieux et politique, est opposé dans sa majorité à la transmission du dossier Toufayli devant la Cour de justice, démarche jugée démesurée par les responsables religieux et politiques chiites. Après le bloc du président de l’Assemblée, M. Nabih Berry — dont trois ministres s’étaient opposés jeudi à la décision du gouvernement — c’était hier au tour du Hezbollah, du vice-président du Conseil supérieur chiite, cheikh Abdel Amir Kabalan, et de l’uléma Mohamed Hussein Fadlallah, de s’insurger contre cette décision qu’ils placent dans un contexte politique et non pas judiciaire. Cheikh Fadlallah est même allé jusqu’à accuser l’Etat de «chercher à établir un équilibre confessionnel» en déférant cheikh Sobhi Toufayli devant la Cour de justice. Il faisait notamment allusion à M. Samir Geagea, actuellement poursuivi devant ce même tribunal pour l’assassinat du président Rachid Karamé. Le même leadership a rejeté, dans son ensemble, la proposition du gouvernement d’établir un programme de développement pour l’ensemble des provinces sous-développées, réclamant la mise en application du projet des 150 milliards de livres pour le développement de Baalbeck-Hermel et du Akkar. Dans un communiqué qu’il a fait publier hier, le Hezbollah a considéré que ce qui s’était passé à Baalbeck ne justifie pas la transmission de cette affaire devant la Cour de justice, dont les jugements sont sans recours. «Nous refusons ce qui se passe, d’autant que l’enquête n’a pas été jusqu’à présent clôturée», a-t-il indiqué. Il a ensuite vivement critiqué le gouvernement lui reprochant en des termes virulents sa façon de régler le dossier socio-économique dans la Békaa. Le Hezbollah a notamment reproché au Pouvoir de «poursuivre ses atermoiements» et de «continuer de mélanger les torchons et les serviettes en parlant de décisions financières à long terme, pour de nombreuses régions et Dieu seul sait, comment et quand les projets seront répartis». La formation chiite a estimé que la région de Baalbeck-Hermel, négligée depuis l’Indépendance, devrait avoir son propre programme de développement qu’«exprime le projet des 150 milliards de livres». «Un bazar» Cheikh Abdel Amir Kabalan a exprimé ses «regrets» devant la décision du gouvernement de confier l’affaire Toufayli à la Cour de justice. «Nous refusons de donner à cette question une dimension démesurée et d’en faire un bazar», a-t-il déclaré dans son prêche. Cheikh Kabalan a reconnu que le chef de «la révolte des affamés» a «commis des erreurs». «Nous n’approuvons pas ses méthodes pour régler les problèmes socio-économiques légitimes, mais nous pensons qu’il faut demander des comptes et poursuivre ceux qui ont favorisé ce climat non seulement pour cheikh Toufayli, mais pour beaucoup d’autres comme lui», a-t-il dit. L’uléma Mohamed Hussein Fadlallah s’est dit pour sa part surpris par la décision du gouvernement avant de déclarer: «Nous ne voulons pas que les responsables s’impliquent dans un jeu qui consiste à établir un équilibre communautaire entre une personne et une autre. Mais nous constatons que c’est ce que le gouvernement a entrepris lorsqu’il a déféré devant la Cour de justice, une affaire avant même la fin de l’enquête et parce qu’il a essayé d’avancer une série de mobiles pour justifier sa démarche», a-t-il dit, en allusion à la poursuite de M. Geagea devant la Cour de justice. Et d’ajouter: «Nous savons que l’affaire (Toufayli) est politique et non pas judiciaire. Nous l’avons senti à travers la confusion qui caractérise les déclarations faites et qui ont déconcerté la population. Nous savons que le problème au Liban est que beaucoup de questions sont politisées pour des raisons d’équilibre et régies par des susceptibilités confessionnelles». Il a appelé à «une enquête légale et juste qui jettera le lumière sur ce qui s’est passé». Cheikh Fadlallah a ensuite dénoncé «l’humiliation des ulémas qui ont été arrêtés (à Baalbeck) pour les besoins de l’enquête et qui ont été exposés aux insultes et aux agissements les plus humiliants». Après avoir mis en garde contre les tentatives d’«affaiblir» la communauté musulmane, le dignitaire religieux s’est dit opposé à l’entrée de l’armée à Brital à la recherche de cheikh Toufayli et de ses partisans, estimant «qu’il ne faut pas humilier et affaiblir ce village, user de pressions sur ses habitants ou en parler comme s’il s’agit d’un village hors-la-loi». Cheikh Fadlallah a par ailleurs accusé le gouvernement de se dérober à la responsabilité que représente pour lui la mise en application du projet des 150 milliards de livres pour le développement de Baalbeck-Hermel et du Akkar, en «présentant un projet de substitut inapplicable et sans sources de financement». Le président du Conseil supérieur chiite, cheikh Mohamed Mehdi Chamseddine, s’est gardé de commenter la décision de poursuivre cheikh Toufayli devant la Cour de Justice, mais à l’instar du guide spirituel présumé du Hezbollah, il a mis en garde contre l’entrée de l’armée à Brital, estimant qu’«elle n’est pas nécessaire». Dans son prêche, cheikh Chamseddine a souligné que «la valeur, la dignité et la sécurité de Brital doivent être respectées». Et si, pour lui, la Troupe ne doit pas entrer dans cette localité de la Békaa, c’est parce qu’«elle n’est pas hors-la-loi». Selon cheikh Chamseddine, «la loi qui peut être appliquée en un jour, peut l’être en 5 jours. Si son application en un jour peut causer des problèmes, il serait plus sage d’attendre quelques jours». Puis tout en se félicitant de la décision du gouvernement de s’attaquer au problème de développement dans tout le Liban, cheikh Chamseddine a indiqué qu’un «développement équilibré n’est pas synonyme de développement égal», jugeant que des régions sont plus déshéritées que d’autres et doivent par conséquent bénéficier d’une plus grande aide. Il a mis l’accent sur la misère à Baalbeck-Hermel «où l’on a dû recourir à une collecte de fonds pour acheter et distribuer le mazout à de nombreuses familles afin qu’elles puissent chauffer leurs demeures». Il a souligné la nécessité de commencer à réaliser des projets de développement dans cette partie de la Békaa et dans le Akkar, estimant que personne au Liban ne contestera cette mesure.
Le leadership chiite, religieux et politique, est opposé dans sa majorité à la transmission du dossier Toufayli devant la Cour de justice, démarche jugée démesurée par les responsables religieux et politiques chiites. Après le bloc du président de l’Assemblée, M. Nabih Berry — dont trois ministres s’étaient opposés jeudi à la décision du gouvernement — c’était...