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Actualités - REPORTAGE

Six députés ont participé au sit-in de la CGTL d'Abou Rizk devant le parlement Non au gouvernement des affameurs, ont crié les manifestants (photo)

Ils étaient plusieurs centaines hier, devant le Parlement, devenu, ces derniers temps, le dernier havre de liberté, massés autour du président de la centrale syndicale indépendante, M. Elias Abou Rizk, et scandant des slogans hostiles au gouvernement. Ils venaient d’un peu partout pour exprimer leur appui à la centrale que le gouvernement a tenté de neutraliser et pour crier leur hostilité à la politique du gouvernement. Syndicalistes de longue date, étudiants heureux de pouvoir chahuter, représentants de partis qui ont eu leur heure de gloire, députés désireux de tester leur popularité et anonymes désespérés, n’ayant plus rien à perdre, ils étaient tous unis dans une même révolte. D’ailleurs, en lançant son appel au sit-in, M. Abou Rizk avait été clair, invitant «tous les mécontents de la politique du gouvernement» à se joindre à ce mouvement de protestation. C’est sans doute pourquoi il y avait hier tant de gens venus d’horizons différents, salariés et chômeurs confondus, islamiques du Hezbollah et militants du PCL ou du PSNS, sans oublier les employés des médias audiovisuels n’ayant pas obtenu une licence et qui espèrent encore amener le gouvernement à revoir sa position. Le rendez-vous était fixé à midi. Mais dès 11h30, les participants au sit-in ont commencé à affluer, sévèrement contrôlés par un service d’ordre bien plus strict que pour les sit-in organisés la semaine dernière. Il est vrai que le pouvoir n’a pas vraiment à craindre «la colère» de la CGTL loyaliste qui avait appelé à un «sit-in symbolique», jeudi dernier... A 20 mètres de l’entrée du Parlement, un cordon avait été placé fixant la limite à ne pas dépasser par les «mécontents» et dessinant l’espace que devaient occuper les manifestants. Les soldats de l’armée et les agents des FSI surveillaient strictement les lieux. Mais à midi, à l’arrivée de M. Abou Rizk et des membres du conseil exécutif de sa centrale, ils n’ont pu contenir l’enthousiasme des présents, qui se sont mis à scander les slogans chers à cette centrale, du temps où elle était seule représentante des travailleurs. Ce n’était donc plus que «Pain, savoir et liberté» ou «Non au gouvernement des impôts», «Non aux affameurs du peuple», etc... L’excitation Des banderoles reflètant les mêmes thèmes bougeaient au rythme des cris de la foule .Mais l’excitation a atteint son paroxysme lorsque les députés Najah Wakim, Zaher el-Khatib, Moustapha Saad, Ibrahim Sayed, Hussein Hajj Hassan et Ammar Moussawi (ces trois derniers étant membres du bloc Hezbollah) se sont joints aux «mécontents». Si le mouvement Amal appuie ouvertement la centrale présidée par M. Ghanim Zoghbi (qui a d’ailleurs intégré les 5 fédérations affiliées au mouvement), la CGTL d’Abou Rizk a aussi ses alliances et en dépit des multiples tentatives pour l’isoler, elle a prouvé hier qu’elle était encore représentative d’une large frange des syndicats ouvriers, mais aussi des milieux de la jeunesse de gauche ou proche du Hezbollah. Ne voulant pas dépasser certaines limites -surtout qu’officiellement, il fait encore l’objet de poursuites judiciaires - Abou Rizk avait décidé de lever le sit-in à 13 heures, évitant ainsi tout contact direct avec les membres du gouvernement. Mais cela ne l’a pas empêché de prononcer un discours violent, appelant les députés à voter contre le projet de loi sur le budget. M. Abou Rizk a ainsi déclaré que l’annexe numéro 9 n’est pas la seule catastrophe du projet de budget. Selon lui, c’est toute la politique du gouvernement qui est une calamité pour le pays. A ses yeux, toutes les mesures prises, exemptant d’impôts et de taxes les riches et les sociétés foncières, aux actionnaires non identifiés, est une catastrophe, ainsi que l’augmentation des taxes et impôts indirects sur une population déjà très appauvrie, la mise au pas des médias, la restriction des libertés, l’endettement sans limites, l’oubli de la cause des déplacés, l’appui timide à la résistance au Sud, les restrictions sur l’Université libanaise, comme si on voulait priver les jeunes du droit à l’enseignement et tant d’autres actions du gouvernement... Pour M. Abou Rizk, l’heure est particulièrement grave et il ne voit d’autre solution que le changement, celui du gouvernement et celui de sa politique. Il faut adopter, dit-il, un plan de sauvetage global qui appuie réellement les secteurs de production et dresse un programme de développement équilibré. M. Abou Rizk est vivement applaudi et en guise d’appui, les jeunes commencent à lancer des slogans appelant à la chute du gouvernement. Pour ces centaines de manifestants, c’est comme un grand défoulement, une sorte de cri du coeur, exprimant toutes leurs frustrations et leur désespoir devant l’avenir qui s’annonce sombre. Contrairement au sit-in organisé par la centrale loyaliste, jeudi dernier, celui d’hier ne s’est pas terminé par une rencontre entre le chef de la CGTL et le président de la Chambre. Il a pris fin parce que M. Abou Rizk a donné l’ordre de s’en aller, après avoir montré à l’opinion publique et aux responsables qu’il est toujours là et est encore en mesure de mobiliser les syndicats et une certaine partie de la jeunesse. Pour l’instant, il n’en demande pas plus: maintenir sa centrale en vie et faire entendre sa voix. Même si cela ne changera pas grand chose à la situation des Libanais... Qui doivent apparemment se contenter de ces miettes. Scarlett HADDAD
Ils étaient plusieurs centaines hier, devant le Parlement, devenu, ces derniers temps, le dernier havre de liberté, massés autour du président de la centrale syndicale indépendante, M. Elias Abou Rizk, et scandant des slogans hostiles au gouvernement. Ils venaient d’un peu partout pour exprimer leur appui à la centrale que le gouvernement a tenté de neutraliser et pour crier...