Le vice-président syrien sera reçu demain par Chirac Le blocage au P.O. au menu des entretiens de Khaddam à Paris

Le président français Jacques Chirac recevra mardi à 9h30 le vice-président syrien Abdel-Halim Khaddam, a annoncé dimanche le service de presse de l’Elysée. La visite du vice-président syrien, attendu hier à Paris, a été retardée à lundi en raison des mauvaises conditions atmosphériques en France. Accompagné du ministre des Affaires étrangères, Farouk el-Chareh, le vice-président syrien doit avoir des entretiens avec les dirigeants français portant notamment sur le blocage du processus de paix au Proche-Orient. Cette visite inattendue, organisée à la demande de la Syrie, intervient une semaine avant la tournée du ministre français des Affaires étrangères Hubert Védrine au Proche-Orient. M. Védrine se rendra à Beyrouth, Amman et Damas. Le ministre français avait effectué en décembre la première partie de cette tournée qui l’avait conduit successivement en Israël, dans les territoires palestiniens et en Egypte. La visite des responsables syriens constitue pour la France le premier rendez-vous diplomatique de la nouvelle année, alors que la situation dans cette région du monde est une de ses principales préoccupations. MM. Khaddam et Chareh s’entretiendront également avec le premier ministre Lionel Jospin qu’ils ne connaissent pas. Intervenant donc avant la tournée de M. Védrine, cette visite inopinée semble motivée, non par les relations bilatérales — par ailleurs excellentes — mais par la grave situation régionale. Les pourparlers de paix syro-israéliens sont interrompus depuis février 1996. Damas insiste pour les reprendre au point où ils s’étaient arrêtés lors des négociations avec le gouvernement travailliste israélien, c’est-à-dire avec la promesse d’un retrait israélien total du plateau du Golan occupé par l’Etat hébreu en 1967, puis annexé en 1981. Relancer les pourparlers de paix Or, le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu ne s’estime pas lié par les promesses de ses prédécesseurs et ne veut en aucun cas restituer la totalité du Golan. Les médias officiels syriens ont récemment multiplié les déclarations selon lesquelles il n’y a aucun espoir pour la paix au Proche-Orient, et donc d’une reprise des pourparlers, tant que Benjamin Netanyahu est au pouvoir. Le président Hafez el-Assad est allé jusqu’à demander aux pays islamiques réunis à Téhéran en décembre de «cesser de traiter» avec Israël, qu’il a accusé de «refuser la paix en poursuivant la colonisation des terres arabes et la judaïsation de Jérusalem». Jusqu’à présent, Washington a apparemment concentré son attention sur le volet israélo-palestinien du processus de paix, laissant de côté les volets syrien et libanais. Cependant, en visite ce week-end à Damas où il a été reçu par le président syrien, le sénateur américain Arlen Specter a affirmé que le président américain Bill Clinton voulait intervenir «d’une manière efficace» pour relancer les négociations de paix entre la Syrie et Israël. Le secrétaire d’Etat adjoint américain pour le Proche-Orient Martin Indyk a effectué à la mi-décembre une tournée dans la région qui a également englobé Damas et Beyrouth pour relancer le processus de paix. Mais, «force est de constater que les orientations du gouvernement israélien ne portent pas à l’optimisme», a commenté le porte-parole adjoint du Quai d’Orsay, Yves Doutriaux. A la veille de la visite de M. Védrine en Turquie, les responsables syriens pourraient également évoquer les manœuvres conjointes en Méditerranée orientale du 5 au 9 janvier que se préparent à mener Israël, la Turquie et les Etats-Unis. Ces manœuvres — auxquelles la Jordanie vient d’accepter de participer en tant qu’observateur — inquiètent vivement la Syrie.