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Actualités - OPINION

Carnet de route Songes de l'histoire ..


En ces jours où l’on commémore le surgissement de l’absolu dans la vie des hommes, la nativité des chrétiens en Palestine et la révélation divine dans le désert arabique, deux célébrations qui touchent si directement le Liban, à quelles banalités la réflexion peut-elle échapper? Les quelques encablures qui nous séparent de la fin du millénaire sont déjà saturées de commentaires depuis plusieurs décennies. Ray Bradbury ou Stanley Kubrick (1), ces prophètes modernes, nous apparaissent aujourd’hui ancestraux, et pourtant les questions éternelles que l’homme se pose depuis son apparition sur terre restent les mêmes: sans réponse profane. Or le sacré, lui, ne répond pas non plus aux exigences de l’esprit, lui qui passe son temps à interroger les créatures sur l’existence de la transcendance, à leur refuser le répit de la certitude. Vieille histoire, longue histoire jalonnée de dieux multiples (dans la région d’Abraham, de Jésus et de Mahomet on en a posé une infinité pour n’en retenir qu’un) et de diables polymorphes, histoire connue, histoire extraordinaire et banale. Non, on n’échappe pas aux poncifs. Alors, joyeux Noël, bon Ramadan, bonne fête juive (il y en a sûrement une qui traîne ces jours-ci), et si je me confine aux gens du livre, c’est qu’il n’y en a pas d’autres chez nous. Voilà tout.

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Certains voient dans les spasmes qui ont suivi l’interdiction de l’interview du général Aoun à la télévision, le commencement d’une vie politique autonome dans le pays. Le mouvement pour les municipales participait déjà, à certains égards, de la chose publique, mais il est vrai que la portée et le prétexte des manifestations récentes donnaient aux événements une force symbolique d’un autre ordre. Tout ce qui se fait contre la censure se fait pour la liberté: c’est aussi bête que cela, et point n’est besoin de se montrer héroïque pour faire passer le message et se hausser dans l’estime de ceux qu’un vocabulaire emprunté à l’air du temps appelle les «décideurs». Naviguons, à vue s’il le faut, l’essentiel est de ne pas couler. Les capitaines se révéleront quand nous aurons d’abord fabriqué un gouvernail. Nous revenons de loin.
Sur ces lignes pontifiantes, bon voyage et à l’année prochaine...

Amal NACCACHE

(1) Respectivement «pape» du roman de science-fiction et réalisateur du film «Space Odyssey 2001»
En ces jours où l’on commémore le surgissement de l’absolu dans la vie des hommes, la nativité des chrétiens en Palestine et la révélation divine dans le désert arabique, deux célébrations qui touchent si directement le Liban, à quelles banalités la réflexion peut-elle échapper? Les quelques encablures qui nous séparent de la fin du millénaire sont déjà saturées...