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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

Séminaire de la fondation pour la paix civile permanente Economie et justice soicale : deux notions pas nécessairement contradictoires

Quels sont les nouveaux défis qui se posent à l’économie libanaise? Celle-ci assure-t-elle la justice sociale? Comment peut-on développer le lien entre les deux? Quel est le rôle des différents agents sociaux, notamment l’Etat et la société civile? Autant de questions qui ont été posées au séminaire «Economie en vue d’une justice sociale», organisé hier par la Fondation libanaise pour la paix civile permanente, en collaboration avec la Konrad-Adenauer Stiftung, à l’Ecole hôtelière de Dekouané.
«Ce séminaire vise à déterminer la portée sociale de la situation économique actuelle au Liban, à travers la participation d’experts sociaux et de responsables d’associations, de syndicats ou d’institutions étatiques», a déclaré M. Antoine Messarra, professeur à l’Université libanaise et président de ce séminaire, dans son mot d’introduction, définissant par là le but de cette rencontre. Il a résumé l’action des conférences de la façon suivante: «Assurer des informations sur la situation socio-économique du pays, définir le rôle de la société civile et des initiatives personnelles dans le développement humain, donner des exemples et des lignes de conduite pour atteindre ce développement humain».
En étudiant les rapports entre économie et justice sociale, force était aux orateurs qui se sont succédé sur la tribune, de constater unanimement qu’un grand changement s’était opéré dans l’économie mondiale. Mais ce changement implique-t-il plus de justice sociale dans les mesures économiques? M. Adib Nehmé, professeur universitaire, a précisé que «dans les années 80, l’homme était au service de l’économie, mais la situation tend aujourd’hui à s’inverser». M. Abdo Kahi, également professeur universitaire, a un avis légèrement différent: «Puisque 80% des investissements dans le monde sont hors du domaine social, il faudrait réétudier les rapports entre le capital et le travail».
Mais le Liban connaît-il une progression similaire à celle du reste du monde? La réponse était unanime: le développement du système économique libanais reste bien en deçà de ce qu’il devrait être. M. Ibrahim Maroun, expert économique, a résumé les inconvénients d’un libéralisme excessif en économie: «Au Liban, la liberté d’investissement est absolue, celle de l’importation et des prix aussi, la liberté de change est sans limites, ajoutez à cela la légèreté fiscale et le secret bancaire». «Comment, dans de telles conditions, contrôler les institutions et sauvegarder les droits des plus démunis?», s’interroge-t-il. Il ajoute que, bien que ce libéralisme ait eu ses avantages dans les années 50 et 60, il n’est plus d’actualité aujourd’hui, et ne profite qu’à une minorité qui se bat pour le préserver.
Mais quel devrait être le rôle de l’Etat dans le cadre d’un système qui respecterait la justice sociale? Selon M. Kahi, l’Etat devrait être «régulateur, sans tomber dans l’Etat-providence». M. Elie Assaf, conseiller au palais présidentiel, pense que l’Etat «devrait pouvoir assurer les conditions d’un bon développement comme la stabilité politique et monétaire, puisqu’il est le catalyseur, organisateur et régulateur du marché».
Sur le rôle de l’Etat dans l’instauration d’une justice sociale, M. Hyam Mallat, PDG de la Sécurité sociale, a affirmé qu’«il faut rénover le système social au Liban dans le sens d’un partenariat entre les secteurs public et privé». Quant à Mme Nayla Moawad, député, qui a présidé l’une des sessions, elle a considéré que «l’équilibre social est d’une extrême importance, le déséquilibre ayant été certainement une des causes majeures de la guerre».
«Notre but devrait être une économie sociale de marché», a-t-elle poursuivi. Elle a ensuite appelé à une solidarité sociale pour assurer un moyen de pression sur l’Etat. Elle n’était pas la seule à présenter des suggestions sur la situation économique actuelle. M. Assaf pense qu’«il faut acquérir à la base une mentalité de développement, ouverte aux changements». M. Nehmé a souligné la nécessité de «renégocier le contrat social et redéfinir le rôle de l’Etat dans les domaines sociaux». Donnant le ton de la plupart des interventions, M. Kahi devait, fort à propos, appeler à «rétablir le lien, aujourd’hui brisé, entre le politique et le social».

Suzanne BAAKLINI
Quels sont les nouveaux défis qui se posent à l’économie libanaise? Celle-ci assure-t-elle la justice sociale? Comment peut-on développer le lien entre les deux? Quel est le rôle des différents agents sociaux, notamment l’Etat et la société civile? Autant de questions qui ont été posées au séminaire «Economie en vue d’une justice sociale», organisé hier par la...