Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSE

Le régime se fait le chantre principal de l'austérité

On peut s’en réjouir: MM. Elias et Khalil Hraoui, l’oncle et le neveu, naguère opposés dans un bras de fer électoral à Haouch el-Oumara, se retrouvent sur la même longueur d’onde pour lutter ensemble contre le «gaspi», cette hydre, qui à en croire les loyalistes, serait la cause de tous les maux du Trésor. Oubliée la corruption, oublié l’accablant endettement public qu’on veut de surcroît «bluffer» en transposant en partie la créance de la scène intérieure à l’étranger, par le biais d’un emprunt de deux milliards de dollars…
Toujours est-il que le neveu, président de la commission parlementaire des Finances et du Budget qui est actuellement en train de saquer les budgets initiaux des ministères en les réduisant d’au moins 15% (la fourchette s’étendant jusqu’à 30% dans certains cas), s’est rendu auprès de l’oncle pour discuter de la question. Après quoi, l’exemple des sacrifices budgétaires est venu d’en haut: les 100 millions de LL prévus pour l’entretien des jardins de la présidence de la République ont été ramenés à 66… Soit une réduction de 22.000 dollars à peu près; une misère, mais, comme on dit, les petits ruisseaux font les grandes rivières…
Quoi qu’il en soit, après cette fleur de ses jardins offerte à l’Etat, le régime est parti en guerre contre la dilapidation des deniers publics. Lors du dernier Conseil des ministres, le chef de l’Etat, prenant la parole, a invité les ministres à se serrer la ceinture, à se garder de toute dépense superflue et de toute frime. Il a souligné que le pays, sortant d’une longue et dure guerre, se retrouve dans une gêne sociale certaine. Il a ensuite évoqué un certain nombre de crédits qui lui paraissent bien trop gonflés, comme les frais de matériel de bureau (papeterie et autres) dans les administrations, les accessoires d’éclairage (les lustres!), l’armée de «conseillers» de ministres qui d’ailleurs, a décidé la commission parlementaire des Finances, ne seront plus payés… et libre à eux s’ils veulent servir l’Etat pour rien. M. Hraoui a également cité les armadas de véhicules que les ministères utilisent en location, le plus souvent pour les déplacements personnels de leurs cadres? Il a dénoncé des pratiques somptuaires comme les bons d’essence offerts à des fonctionnaires civils ou autres dont bon nombre sont de plus à la retraite. Et, à ce propos, le chef de l’Etat s’est étonné que l’on ait décidé d’octroyer des pensions de retraite à vie à des gens retournés depuis longtemps dans le privé, moyennant la restitution des sommes relativement modestes qu’ils avaient perçues comme indemnités de fin de service. Un cadeau royal qui coûte au Trésor les yeux de la tête.

Scepticisme

Et l’on peut du reste se demander pourquoi c’est aujourd’hui seulement que les dirigeants s’avisent que cette générosité n’était pas très… avisée. C’est ce que remarque un opposant qui se demande «si les mentalités ont vraiment changé du jour au lendemain, comme on veut nous le faire croire. Les diagnostics, les prescriptions de remèdes, les bonnes résolutions, on nous en abreuve depuis trop longtemps sans résultat. Depuis sa création, la présente République ne fait que parler de réforme et l’on n’en a jamais rien vu. C’est à l’exécution effective que l’on pourra juger des mesures de compression budgétaire dont on nous rebat les oreilles aujourd’hui. Le chef du gouvernement lui-même admet qu’il ne sait pas si les pôles d’influence politiques, entendre avant tout ses propres partenaires au pouvoir, ne vont pas en réalité lui mettre des bâtons dans les roues, ajoutant qu’en apparence ils sont aujourd’hui pour l’austérité, alors qu’ils étaient encore contre l’an dernier à la même époque et que c’est de là qu’il tire son relatif optimisme. Face à un tel «enthousiasme», l’opinion se demande si toute l’opération ne se résume pas à servir de paravent à l’affaire de l’emprunt des deux milliards de dollars qui dès lors ne feraient que raviver les riches capacités de gaspillage de ces messieurs…».
Quoi qu’il en soit, le président du Conseil a rencontré avant la dernière réunion du Conseil des ministres nombre de ministres pour les prier de ne pas trop discuter le projet de réforme, soulignant que des palabres prolongés lui semblent inutiles du moment que les trois présidents se sont entendus et insistent sur la nécessité d’une coopération entre tous pour traiter la crise économique. Répondant à ces vœux, les ministres concernés se sont retenus lors de la séance de faire les remarques qui leur brûlaient les lèvres et d’avancer les propositions que le plan interprésidentiel a pu leur inspirer, inventant par là une nouvelle forme de zèle par abstention.

Ph.A-A.
On peut s’en réjouir: MM. Elias et Khalil Hraoui, l’oncle et le neveu, naguère opposés dans un bras de fer électoral à Haouch el-Oumara, se retrouvent sur la même longueur d’onde pour lutter ensemble contre le «gaspi», cette hydre, qui à en croire les loyalistes, serait la cause de tous les maux du Trésor. Oubliée la corruption, oublié l’accablant endettement public...