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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

La rue Huvelin s'enrichit d'un centre d'études des droits du monde arabe (photos)

La Faculté de droit et des sciences politiques de l’USJ a inauguré hier, dans ses locaux rue Huvelin, son Centre d’études des droits du monde arabe (CEDROMA), en présence du ministre de la Justice M. Bahige Tabbarah, de l’ambassadeur de France M. Daniel Jouanneau, du doyen de la Faculté de droit et des sciences politiques M. Richard Chémali, de Mohamed Bennouna, directeur général de l’Institut du Monde Arabe (IMA-Paris) ainsi que d’un grand nombre de personnalités, notamment le secrétaire exécutif de l’ESCWA et le secrétaire général adjoint de la Ligue arabe.
Prenant en premier la parole, M. Richard Chémali a souligné que «le CEDROMA s’inscrit dans le cadre d’un accord de partenariat conclu récemment entre le ministère français des Affaires étrangères et l’Université Saint-Joseph, mais surtout sous le signe de l’action véritablement pacificatrice que la France s’emploie à développer depuis quelques décennies dans cette région. Les activités du centre», a-t-il indiqué, «seront consacrées — et c’est là sa spécificité — non pas à l’étude du monde arabe dans son ensemble mais à celle, plus détaillée, des pays qui le composent. Les recherches, les colloques, les publications seront essentiellement axés sur l’étude des systèmes juridiques du «machrek» et du «maghreb» et non uniquement de ceux du Moyen-Orient. Ils viseront à appréhender les droits des pays de ce monde arabe dans ce qu’ils ont de commun et dans ce qui est spécifique à chacun d’eux; pas seulement le droit musulman, même si ce droit constitue pour bon nombre d’entre eux une sorte de tronc commun», a-t-il ajouté.
Le doyen de la Faculté de droit et des sciences politiques de l’USJ a ensuite noté que «les recherches seront menées dans une perspective qui s’attachera à dégager tout ce qui peut contribuer à rapprocher les esprits et les cultures. La méthode comparative sera donc privilégiée» , a-t-il précisé: «comparaison entre les divers droits du monde arabe et comparaison de ces droits avec le système juridique français et les droits qui s’en inspirent. Ce faisant, notre Faculté et le CEDROMA témoigneront de leur fidélité à un engagement qui est du reste gravé dans la charte de notre université; celui d’un bilinguisme mais surtout d’un biculturalisme «tel qu’il est assumé par l’identité culturelle libanaise».
M. Richard Chémali a enfin annoncé que «la Faculté a décidé — en accord avec les héritiers du regretté Emile Tyan — d’instituer un prix annuel de 10.000 francs destiné à subventionner la publication d’une thèse en langue française — soutenue dans une université française ou du monde arabe — qui témoignerait de la vitalité soit des études comparatives entre le droit français et les droits du monde arabe, soit de la vitalité du biculturalisme».

Ouverture

«La création du CEDROMA s’inscrit dans cette volonté que nous avons, nous Français, d’appuyer l’enseignement supérieur libanais de toutes les manières possibles», a souligné quant à lui M. Daniel Jouanneau. «C’est une nouvelle manifestation des liens anciens et profonds qui unissent les juristes français aux juristes du monde arabe, et d’abord, aux juristes libanais», a-t-il déclaré. «Ce centre va favoriser une meilleure connaissance réciproque du droit français et des droits du monde arabe. Nous vous connaissons moins bien que vous ne connaissez le droit français et le CEDROMA va nous permettre de combler cet écart», a-t-il ajouté.
Pour l’ambassadeur de France, «que le centre ait été établi au Liban — non loin de l’ancienne école de droit de Béryte, là où le pluralisme juridique est inscrit au cœur même du droit positif — montre l’intérêt exceptionnel et nouveau porté à l’étude des droits du monde arabe dans ce qu’ils ont de plus ouvert, de plus dynamique, de plus moderne. Le centre sera», a-t-il dit, «le relais d’une fidélité, dans l’ensemble des pays arabes, à une certaine conception du droit; celle de l’ouverture aux autres traditions et aux autres cultures juridiques». Et d’ajouter: «La francophonie n’est plus un simple vecteur linguistique. Elle est devenue un espace de réflexion, de développement, de culture, entre pays égaux et souverains. Un espace qui entend respecter intégralement l’identité, la personnalité et la différence de chacun de ses composants et le droit, spécialement le droit comparé — dont le CEDROMA se veut l’explorateur et le messager — constitue un vecteur privilégié de ce nouvel espace de réflexion, de développement et de culture».
«Le Liban va accueillir en 2001 le sommet francophone. C’est une chance non seulement pour le Liban mais pour tous les juristes francophones», a-t-il conclu.

Francophonie

«Ce centre s’inscrit dans le cadre de la francophonie à laquelle le Liban demeure fermement attaché», a affirmé le ministre Bahige Tabbarah. «Le sommet de la francophonie, tenu la semaine dernière à Hanoi, a témoigné de la place privilégiée que le Liban occupe au sein de la communauté francophone en décidant de tenir sa réunion, en l’an 2001, à Beyrouth», a-t-il souligné. «Cette communauté est particulièrement importante dans le domaine du droit où les mêmes valeurs de civilisations sont partagées par nos pays; valeurs qui doivent être constamment affirmées, préservées et défendues. Elle se manifeste de diverses manières», a-t-il ajouté, «par une coopération établie au niveau des universités, des barreaux ainsi que de la magistrature. C’est ainsi qu’une convention a été signée en 1996 entre l’Institut libanais des études judiciaires et l’Ecole nationale française de la magistrature».
Selon le ministre de la Justice, «il est significatif que le CEDROMA ait choisi les constitutions des pays du monde arabe pour thème de son premier colloque ». Et de rappeler que «la Constitution libanaise, bien que vieille de plus de 70 ans, n’en contient pas moins les dispositions essentielles garantissant les droits fondamentaux des personnes. Depuis 1991», a-t-il ajouté, «le Préambule affirme que le Liban est engagé par la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme dont il concrétise les principes dans tous les domaines, sans exception. Afin de garantir le respect de ces droits par le législateur, la Constitution a prévu l’institution d’un Conseil constitutionnel dont la mission principale est de garantir la conformité des lois avec les droits fondamentaux; ces droits qui constituent ce qu’on a appelé une «super légalité dont le respect s’impose au souverain, fût-il le peuple lui-même». La loi qui a institué ce Conseil au Liban remonte à 1993».
Le ministre Tabbarah a enfin remis au directeur du CEDROMA, le professeur Eric Canal-Forgues, agrégé des Facultés françaises de droit, un exemplaire de la traduction en langue française de la Constitution libanaise que le ministère de la Justice a publié en 1995 pour la première fois (version officielle et intégrale).
Introduit par le professeur Canal-Forgues, Mohamed Bennouna a souligné à son tour que «la création du CEDROMA est une très bonne initiative. Je suis persuadé», a-t-il dit, «que ce Centre est promis à un avenir radieux sur le plan de la recherche scientifique . L’IMA est ouvert à toute coopération avec le CEDROMA».
Le directeur général de l’IMA a enfin clôturé la séance inaugurale par une conférence sur le thème «Droit international et diversité culturelle».

N. S.
La Faculté de droit et des sciences politiques de l’USJ a inauguré hier, dans ses locaux rue Huvelin, son Centre d’études des droits du monde arabe (CEDROMA), en présence du ministre de la Justice M. Bahige Tabbarah, de l’ambassadeur de France M. Daniel Jouanneau, du doyen de la Faculté de droit et des sciences politiques M. Richard Chémali, de Mohamed Bennouna, directeur...