Seuls quatre pays arabes seront présents à la conférence Qatar tente de faire contre mauvaise fortune bon coeur

Désorienté par les défections qui se sont multipliées au cours des dernières heures, Qatar tentait hier de faire contre mauvaise fortune bon cœur, à la veille de la quatrième conférence économique pour le Proche-Orient et l’Afrique du Nord qui se tiendra à Doha du 16 au 18 novembre. «A leur guise, leur présence ou leur absence ne signifie rien pour nous», a déclaré le ministre des Affaires étrangères cheikh Hamad Ben Jassem Ben Jabr al-Thani. Mais pour un observateur arabe, «c’est une grande déception; jusqu’à la dernière minute, beaucoup ont cru que les pressions américaines amèneraient les Séoudiens et les Egyptiens à participer à la conférence» (VOIR AUSSI PAGE 8).

Mercredi, deux monarchies du Golfe ont rejoint le camp des «absentionnistes»: Les Emirats arabes unis et Bahrein ont justifié leur décision par le blocage du processus de paix au Proche-Orient. Quant à la Ligue arabe, elle a fait savoir qu’elle boycottera la réunion, son secrétaire général ayant décidé de ne même pas envoyer de délégation à Doha.
Finalement, outre Qatar, seuls seront représentés — et encore: à un niveau inférieur, celui de sous-secrétaire d’Etat par exemple — Le Koweit, le sultanat d’Oman, le Yémen et la Jordanie.
Les Etats-Unis avaient tout fait pour éviter l’échec de cette quatrième conférence, conçue à l’origine comme le volet économique du processus de paix lancé en 1991.
Le secrétaire d’Etat Madeleine Albright était intervenue personnellement, se rendant même en Arabie Séoudite. le secrétaire d’Etat adjoint pour le Proche-Orient, Martin Indyk, avait achevé la semaine dernière une tournée dans la région.

Lévy «triste»

«Je crois que c’est plus ennuyeux pour les Américains que pour les Qatariotes», a commenté un diplomate occidental.
Qatar avait résisté aux pressions de ses pairs arabes qui lui demandaient au moins de reporter la conférence en attendant un contexte politique plus favorable.
D’après les diplomates à Doha, cette rencontre internationale est une occasion sans précédent depuis l’indépendance en 1971 de faire connaître cette péninsule de moins de 200 kilomètres de long sur le Golfe, et 625.000 habitants dont les trois-quarts sont des travailleurs immigrés.
«Qatar a déjà annoncé que si la conférence échouait, Israël en serait responsable», a rappelé un diplomate occidental, et c’est l’interprétation qui prévaudra.
«Nous respectons le choix des pays frères et il n’affectera pas nos relations», assurait mercredi le journal «ach-Charq».
«Nous souhaitons que la conférence ne soit pas la cause d’une rupture entre les Arabes», estimant pour sa part «al-Raya». Qu’ils participent ou qu’ils boycottent, «les pays arabes doivent respecter leurs choix respectifs et dépasser les clivages. Nous demandons que s’arrêtent les campagnes de presse, car seul Israël en bénéficie», a-t-il ajouté.
En Israël, le ministre des Affaires étrangères David Lévy affirmait en soirée: «L’absence de certaines délégations arabes me rend triste. Ce genre de conférence permet de contribuer à la coopération régionale dans tout le Moyen-Orient».
«Cette conférence n’est pas un cadeau que l’on fait à Israël, mais à toute la région», ajoutait-il à l’issue d’un entretien avec le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères, M. Jacques Poos, président en exercice du Conseil des ministres de l’Union européenne.
Israël aura une délégation mais M. Lévy a affirmé qu’il n’avait pas encore décidé s’il la conduirait lui-même.
«Je déciderai dans quelques jours. L’important est, cependant, qu’Israël soit représenté aussi bien au niveau gouvernemental que privé», a-t-il dit.