C’est à la librairie Antoine Sin-el-fil que Patricia Acra Raad a signé hier son premier ouvrage «Une montagne et des hommes — La vie rurale du Mont-Liban au fil des cartes postales (1898-1930)», en présence du ministre Michel Eddé et de nombreux amis. Un album de 255 cartes postales, chinées dans les «foires de vieux papiers» aux Etats-Unis. De merveilleuses photos en sépia et blanc, accompagnées de textes et de légendes, et dont les dates se situent pour la plupart entre 1900 et 1907.
Lorsqu’elle entame il y a huit ans, aux Etats-Unis, une collection de photographies et de cartes anciennes, Patricia Raad n’a pas d’objectif précis. «Je me suis passionnée pour ces photos que des voyageurs rapportaient en souvenir du Liban ou qu’ils envoyaient à leurs familles, dit-elle. Le centre-ville de Beyrouth ayant été complètement détruit, c’est à l’étranger qu’on peut aujourd’hui retrouver de tels documents, notamment en France, en Angleterre et aux Etats-Unis, chez les marchands ou dans les foires de vieux papiers». Pour elle, «en achetant ces documents, nous récupérons une partie de notre patrimoine. Ces photos nous appartiennent, nous sommes en droit de les avoir».
Recherches
C’est en triant et classant ses photos que Patricia Raad réalise qu’elle en possède une bonne quantité qui «parle» de la vie de village. «J’ai alors décidé d’en faire un livre qui reconstituerait la vie de village de nos ancêtres, parce que j’ai pensé qu’il serait dommage de tout garder pour moi seule et de ne pas en faire profiter les autres», note-t-elle.
Le livre nécessitera trois ans de recherches. Pendant que ses trois enfants sont à l’école, elle travaille, dans sa maison de Beit Mery, à l’élaboration de son livre.
Ses sources? «J’ai dans ma bibliothèque une dizaine de livres d’époque (vieux de 100-150 ans) desquels je me suis inspirée, dit-elle. J’ai également consulté les collections de l’AUB, de l’Institut allemand et de l’USJ». Et de souligner qu’«il a fallu suivre le processus contraire à celui d’une thèse. Pour une thèse, dit-elle, on établit un plan à partir duquel on fait des recherches. Personnellement, je continuais de compléter ma collection (qui s’élève à 2.000 cartes postales actuellement) et chaque nouvelle carte pouvait tout chambarder et nécessiter à tout moment un nouveau chapitre»...
Douze chapitres
«Une montagne et des hommes» comporte 12 chapitres: l’habitat; l’élément humain; le blé «du grain au pain»; la vie dans les champs; le mûrier et la soie; la convivialité (les fêtes de village, l’entraide, les soirées, l’hospitalité....); la mouné «provisions en prévision»; les «temps forts» (naissance, mariage, enterrement); exemple d’un clergé (le curé du village, l’église du village, les moines, les couvents...); les métiers (garde champêtre, muletier, tisserand, vannier, peseur public, sellier, maître d’école...); «sur les chemins du Mont-Liban» (voie ferrée, stations de villégiature...) et «au fil des cartes postales»... Des photos uniques, émouvantes, accompagnées de textes poétiques. Les légendes sont pour leur part «techniques». On y trouve des informations diverses ainsi que des noms d’objets disparus.
Et en exergue de huit chapitres, quelques lignes de Michel Chiha, «une des grandes plumes francophones, que j’admire, et qui parle merveilleusement bien de l’époque que je traite», note l’auteur. Elle présente également les textes de deux cartes qu’elle montre au verso. «J’ai voulu donner aussi une idée de ce qu’on écrivait alors sur ces cartes, que vous ne voyez que de face», dit-elle.
Perfectionniste tant sur le plan de la présentation que sur celui du contenu, Patricia Raad a choisi un fond noir — «choix techniquement très osé et qui implique beaucoup de travail», dit-elle — ainsi que trois couleurs en introduction aux différents chapitres. Des couleurs de la nature, classiques et donc indémodables: le vert, le jaune et le bleu.
«C’est un livre très avant-gardiste de par sa mise en page moderne qui contraste avec l’ancienneté des photos», conclut-elle. «Un ouvrage intemporel, destiné aux générations futures...».
Disponible en librairie, «Une montagne et des hommes» est un album émotionnellement lourd. Une tonne de souvenirs, de la nostalgie à la pelle et des témoignages visuels à conserver précieusement...
Natacha SIKIAS
Lorsqu’elle entame il y a huit ans, aux Etats-Unis, une collection de photographies et de cartes anciennes, Patricia Raad n’a pas d’objectif précis. «Je me suis passionnée pour ces photos que des voyageurs rapportaient en souvenir du Liban ou qu’ils envoyaient à leurs familles, dit-elle. Le centre-ville de Beyrouth ayant été complètement détruit, c’est à l’étranger qu’on peut aujourd’hui retrouver de tels documents, notamment en France, en Angleterre et aux Etats-Unis, chez les marchands ou dans les foires de vieux papiers». Pour elle, «en achetant ces documents, nous récupérons une partie de notre patrimoine. Ces photos nous appartiennent, nous sommes en droit de les avoir».
Recherches
C’est en triant et classant ses photos que Patricia Raad réalise qu’elle en possède une bonne quantité qui «parle» de la vie de village. «J’ai alors décidé d’en faire un livre qui reconstituerait la vie de village de nos ancêtres, parce que j’ai pensé qu’il serait dommage de tout garder pour moi seule et de ne pas en faire profiter les autres», note-t-elle.
Le livre nécessitera trois ans de recherches. Pendant que ses trois enfants sont à l’école, elle travaille, dans sa maison de Beit Mery, à l’élaboration de son livre.
Ses sources? «J’ai dans ma bibliothèque une dizaine de livres d’époque (vieux de 100-150 ans) desquels je me suis inspirée, dit-elle. J’ai également consulté les collections de l’AUB, de l’Institut allemand et de l’USJ». Et de souligner qu’«il a fallu suivre le processus contraire à celui d’une thèse. Pour une thèse, dit-elle, on établit un plan à partir duquel on fait des recherches. Personnellement, je continuais de compléter ma collection (qui s’élève à 2.000 cartes postales actuellement) et chaque nouvelle carte pouvait tout chambarder et nécessiter à tout moment un nouveau chapitre»...
Douze chapitres
«Une montagne et des hommes» comporte 12 chapitres: l’habitat; l’élément humain; le blé «du grain au pain»; la vie dans les champs; le mûrier et la soie; la convivialité (les fêtes de village, l’entraide, les soirées, l’hospitalité....); la mouné «provisions en prévision»; les «temps forts» (naissance, mariage, enterrement); exemple d’un clergé (le curé du village, l’église du village, les moines, les couvents...); les métiers (garde champêtre, muletier, tisserand, vannier, peseur public, sellier, maître d’école...); «sur les chemins du Mont-Liban» (voie ferrée, stations de villégiature...) et «au fil des cartes postales»... Des photos uniques, émouvantes, accompagnées de textes poétiques. Les légendes sont pour leur part «techniques». On y trouve des informations diverses ainsi que des noms d’objets disparus.
Et en exergue de huit chapitres, quelques lignes de Michel Chiha, «une des grandes plumes francophones, que j’admire, et qui parle merveilleusement bien de l’époque que je traite», note l’auteur. Elle présente également les textes de deux cartes qu’elle montre au verso. «J’ai voulu donner aussi une idée de ce qu’on écrivait alors sur ces cartes, que vous ne voyez que de face», dit-elle.
Perfectionniste tant sur le plan de la présentation que sur celui du contenu, Patricia Raad a choisi un fond noir — «choix techniquement très osé et qui implique beaucoup de travail», dit-elle — ainsi que trois couleurs en introduction aux différents chapitres. Des couleurs de la nature, classiques et donc indémodables: le vert, le jaune et le bleu.
«C’est un livre très avant-gardiste de par sa mise en page moderne qui contraste avec l’ancienneté des photos», conclut-elle. «Un ouvrage intemporel, destiné aux générations futures...».
Disponible en librairie, «Une montagne et des hommes» est un album émotionnellement lourd. Une tonne de souvenirs, de la nostalgie à la pelle et des témoignages visuels à conserver précieusement...
Natacha SIKIAS
C’est à la librairie Antoine Sin-el-fil que Patricia Acra Raad a signé hier son premier ouvrage «Une montagne et des hommes — La vie rurale du Mont-Liban au fil des cartes postales (1898-1930)», en présence du ministre Michel Eddé et de nombreux amis. Un album de 255 cartes postales, chinées dans les «foires de vieux papiers» aux Etats-Unis. De merveilleuses photos en sépia et...
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