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Actualités - CHRONOLOGIE

Le bras de fer tourne au profit d'Eltsine La Douma cède devant une menace de dissolution


Finalement, après la passe d’armes de la journée, le duel n’a pas eu lieu. A l’issue d’une journée d’intimidation psychologique, Boris Eltsine a fait plier les députés. La Douma, dans un souci de sauver la face, a choisi de repousser d’une semaine le vote sur une motion de censure contre le gouvernement de Viktor Tchernomyrdine, se donnant du coup un délai de réflexion, face à la menace d’une dissolution implicitement brandie par le président russe.
L’opposition communiste et nationaliste à la Chambre basse du Parlement russe, qui rêvait d’en découdre avec les jeunes réformateurs du gouvernement, a voté pour le report, par 228 voix contre 137; il y a eu une abstention.
Le chef de l’opposition communiste Guennadi Ziouganov et le président — également communiste — de la Douma Guennadi Seleznev ont tous deux expliqué avoir pris la décision de report «compte tenu de l’appel du président».
Boris Eltsine avait, peu auparavant, manié la carotte et le bâton, dans un appel de dernière minute lu aux députés par Guennadi Seleznev.
Le président russe a dissuadé la Douma d’engager l’épreuve de force en la prévenant qu’il n’hésiterait pas dans ce cas à user de son droit de dissolution.
«Je ne veux pas la confrontation, je ne veux pas de nouvelles élections anticipées. Ne me mettez pas dans une situation délicate», a averti le chef de l’Etat.
M. Eltsine a assuré que si les députés suivaient au contraire ses recommandations, il était prêt à engager le dialogue avec eux dans le cadre d’une table ronde.
Le député communiste Vladimir Sémago a reconnu sans ambage que le bras de fer avait finalement tourné au profit du président russe.
«(La motion de censure) est une carte que nous avons mal jouée. Les communistes ont cédé, et il n’aurait jamais fallu commencer tout cela», a-t-il déclaré à la presse.
Boris Eltsine et son gouvernement paraissent en effet avoir décidé de se saisir de cette occasion pour affaiblir au maximum la Douma, engagée dans l’examen de deux textes cruciaux: le projet de budget 98 et un projet de Code fiscal.
Le vote d’une motion de censure a en principe simple valeur d’avertissement, aux termes de la Constitution russe.
Ce n’est que si les députés réitèrent un tel vote dans un délai de trois mois que le président doit choisir entre remercier son gouvernement et dissoudre la Douma.
Mais M. Eltsine et le gouvernement ont choisi délibèrement de dramatiser les enjeux pour faire plier les députés.
Le premier ministre Viktor Tchernomyrdine a fait savoir qu’il présenterait sa démission dès un éventuel premier vote de censure, précipitant ainsi une crise politique.
M. Eltsine aurait alors à proposer à la Douma un nouveau premier ministre — qui pourrait être le même que le précédent —, avec le droit de dissoudre l’Assemblée si celle-ci rejetait à trois reprises son choix.
La perspective d’une démission de M. Tchernomyrdine, d’orientation centriste, est d’autant moins souhaitable pour l’opposition communiste que celle-ci entretient de bonnes relations avec lui.
Guennadi Seleznev avait indiqué mardi que la motion de censure visait en fait les deux adjoints de M. Tchernomyrdine, les premiers vice-premiers ministres réformateurs Anatoli Tchoubaïs et Boris Nemtsov, appelés au gouvernement par Boris Eltsine en mars dernier.
Les chances de succès de la motion de censure s’étaient amoindries avant même l’intervention de Boris Eltsine.
Les 55 députés du groupe d’opposition réformatrice Iabloko se sont déssolidarisés du projet de censure rédigé par l’opposition communiste, en en contestant la formulation.
Les 212 députés communistes ne disposaient alors plus de la majorité absolue de 226 des 450 députés inscrits. Il leur restait à sauver la face. Ce qu’ils ont fait en optant pour le report.

Finalement, après la passe d’armes de la journée, le duel n’a pas eu lieu. A l’issue d’une journée d’intimidation psychologique, Boris Eltsine a fait plier les députés. La Douma, dans un souci de sauver la face, a choisi de repousser d’une semaine le vote sur une motion de censure contre le gouvernement de Viktor Tchernomyrdine, se donnant du coup un délai de...