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Actualités - CHRONOLOGIE

Eltsine carresse l'idée d'un troisième mandat

Le Kremlin a estimé hier qu’une candidature de Boris Eltsine à l’élection présidentielle en 2000 serait constitutionnelle, alimentant les spéculations sur l’intention du président de briguer un troisième mandat, malgré ses 66 ans et le quintuple pontage coronarien subi à l’automne dernier.
En quelques jours, deux indices convergents ont transformé la rumeur en débat public. Le porte-parole du Kremlin Sergueï Iastrjembski, dans une interview au quotidien belge «Le Soir», a repoussé la seule objection légale à une réélection: l’interdiction faite par la Constitution russe à un chef d’Etat de briguer trois mandats consécutifs.
Elu une première fois en 1991, Boris Eltsine a été réélu en 1996: «Selon mon avis de juriste, le mandat précédent de M. Eltsine s’est déroulé sous la Constitution de l’URSS», a expliqué M. Iastrjembski, «autrement dit, l’actuel mandat serait le premier en Russie et, donc, un autre, en l’an 2000, serait constitutionnel».
D’après la Constitution russe de décembre 1993, qui a remplacé celle de l’Union soviétique, le président russe est élu pour quatre ans et son mandat ne peut être renouvelé qu’une seule fois.
La Cour constitutionnelle, qui doit trancher ce genre de débat, s’est refusée hier à tout commentaire. «Je ne peux pas imaginer la Cour constitutionnelle, qui n’est pas très indépendante, mettant son veto à une candidature de Boris Eltsine», note cependant le politologue Nikolaï Petrov, de l’antenne moscovite de la fondation Carnegie.
Par ailleurs, ajoute prudemment M. Petrov, «Boris Eltsine est une bête politique, et il est inimaginable qu’il quitte le pouvoir de son plein gré. De sorte qu’il vaut mieux, pour la Russie, lui donner la possibilité de rester au Kremlin de façon légale».

Naïna plutôt contre

Boris Eltsine lui-même, qui avait toujours repoussé l’idée d’un troisième mandat, avait pour la première fois répondu à la question de façon détournée jeudi dernier, lors d’une visite en province: «Premièrement il reste encore trois ans, pourquoi si tôt me bousculer? Deuxièmement, mes proches et mes amis m’ont interdit de parler de ça», avait-il lancé.
Son épouse Naïna, soucieuse de préserver la santé de son mari, s’était opposée — en vain — à ce que Boris Eltsine se représente en 1996.
Donné pour mourant à l’automne dernier, après des mois d’absence du Kremlin dus à plusieurs alertes cardiaques, le chef de l’Etat a subi le 5 novembre une lourde opération, qui a permis la pose de cinq pontages sur ses artères coronaires.
Après sa période de convalescence, le président russe a repris peu à peu les rênes du pouvoir, et semble traverser depuis le printemps dernier une période euphorique, multipliant les interventions, les rendez-vous et même les coups de gueule contre l’opposition, qui bloque l’adoption de plusieurs projets de loi importants à la Douma, la chambre basse du Parlement.
L’analyste Nikolaï Petrov estime d’ailleurs que Boris Eltsine, qui se pose de nouveau comme le maître absolu du jeu politique, a peut-être simplement voulu mettre un frein aux ambitions des prétendants au Kremlin, en faisant savoir qu’il n’était pas encore hors-jeu.(AFP)
Le Kremlin a estimé hier qu’une candidature de Boris Eltsine à l’élection présidentielle en 2000 serait constitutionnelle, alimentant les spéculations sur l’intention du président de briguer un troisième mandat, malgré ses 66 ans et le quintuple pontage coronarien subi à l’automne dernier.En quelques jours, deux indices convergents ont transformé la rumeur en débat...