La CGTL (Abou Rizk) met en garde contre une dangereuse dégradation

Le bureau exécutif de la Confédération générale des travailleurs du Liban (Abou-Rizk) a mis en garde contre une «dangereuse dégradation» de la situation, suite à l’aggravation de la conjoncture socio-économique, de même qu’il a appréhendé une «nouvelle vague de taxes et impôts» et une «propagation de la corruption».
Le bureau a tenu hier, au siège de la fédération du transport terrestre, une réunion sous la conduite du vice-président de la centrale syndicale, M. Khaled al-Ateb, à l’issue de laquelle le secrétaire général, M. Yasser Nehmé, a donné lecture d’un communiqué comportant les points suivants:
1. La conjoncture socio-économique s’aggrave de jour en jour et l’étau se resserre autour de tous les ouvriers et personnes à revenu limité, ce qui présage d’une dangereuse dégradation de la situation qui pourrait coûter cher à la stabilité du pays. Cette crise se fait ressentir par le rythme effarant de la progression de la dette publique et de l’augmentation du déficit public qui a atteint les 60%, en dépit des promesses et des prévisions qui avaient tablé sur 37%(...).
2. Dans ce contexte, on laisse entrevoir la possibilité d’une nouvelle vague de taxes et impôts dont seront victimes notamment les ouvriers et les classes démunies(...).
3. Le scandale des douanes n’est qu’un échantillon de la vaste corruption qui sévit. Selon les données officielles (qui font état de près de 200.000 manifestes douaniers falsifiés), le coût de ce scandale aura été de plusieurs centaines de millions de dollars, de quoi pourvoir aux obligations urgentes du Trésor, tels que l’échelle des salaires. A cet égard, le bureau met en garde contre une propagation de la corruption et invite la magistrature à se saisir fermement de cette affaire(...).
4. Les grands scandales assortis de mesures improvisées, nuisibles et inefficaces, telles celles qui ont été décidées dernièrement. Le soutien du secteur agricole, à titre d’exemple, est une affaire urgente mais requiert une politique exhaustive (orientation agricole, crédits, développement des exportations, modernisation des secteurs productifs). Quant aux taxes iniques frappant l’importation des voitures, elles constituent, en l’absence d’une politique de transport en commun, un coup dur à la classe pauvre et à ce qui reste de la classe moyenne(...).
5. La persistance des obstacles à l’approbation du projet de loi sur l’échelle des salaires constitue une affaire grave. Le bureau appelle à la mise en application de cette loi dans les plus brefs délais, son financement devant être assuré par l’arrêt du gaspillage et des vols. A ce propos, le bureau rappelle qu’en juillet 1995, une augmentation de 3.000 L.L. sur les 20 litres d’essence avait été décidée précisément pour les besoins de la mise en application de cette loi et l’on est en droit de se demander où cet argent est parti.
Par ailleurs, le président de la centrale syndicale, M. Elias Abou Rizk, et le secrétaire aux relations internationales, M. Abdel-Amir Najdé, poursuivent à Genève leurs rencontres avec les responsables de l’Organisation internationale du travail et prennent part aux travaux du conseil d’administration de cette organisation. Ils seront de retour à Beyrouth mardi prochain.