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Actualités - ANALYSE

Cana : échec diplomatique des manoeuvres d'intimidation US

Les dépêches diplomatiques en provenance de nos ambassades à Washington comme à New York rassurent le palais Bustros: il ne faut pas prendre trop au sérieux les menaces américaines de couler la FINUL, de ne plus en proroger automatiquement le mandat, proférées à la suite du dédommagement de 1,7 million de dollars que la commission ad hoc de l’ONU demande à Israël de payer au Liban suite au massacre de Cana...
Ces dépêches, rédigées par les diplomates libanais après des contacts déployés dans la capitale fédérale U.S. comme au Palais de Verre, précisent que les Américains ont fait feu de tout bois pour tenter d’amener le Liban à ne plus «embêter» l’Etat hébreu avec cette histoire de réparations et qu’ils ont donc usé des menaces précitées comme d’une forme de pression pour parvenir à leurs fins, sans rien en penser au fond car Washington n’a aucune formule de rechange pour la FINUL. Le départ des Casques Bleus rendrait en effet la situation au Sud encore plus explosive qu’elle ne l’est présentement et pourrait compromettre une stabilité régionale dont les Américains ont absolument besoin pour relancer leur processus de paix.
Le litige entre Beyrouth et Washington tourne autour des prérogatives respectives du Conseil de Sécurité et de l’Assemblée générale des Nations Unies, plus exactement de sa commission du budget qui a arrêté les chiffres du dédommagement infligé à Israël pour le crime de Cana. Les U.S.A. prétendent que c’est au Conseil de Sécurité de fixer les responsabilités d’un Etat dans tout acte sécuritaire ou de guerre, alors que le Liban estime qu’il appartient à l’Assemblée générale de traiter de toute question politique et financière, sans quoi son existence même ne se justifierait pas. Pour Beyrouth, le Conseil de Sécurité n’a à connaître que des développements ponctuels sur le terrain, de questions relatives à la sécurité du monde, des menaces contre la paix et certainement pas d’évaluer — à la manière d’une compagnie d’assurances — les sinistres ou les préjudices causés par une action quelconque. Sur le plan pratique, le Liban s’est adressé à l’Assemblée générale et à sa Cinquième commission parce qu’il sait trop bien qu’au Conseil de Sécurité l’Amérique oppose automatiquement son veto à toute motion ressemblant de près ou de loin à une condamnation du chouchou israélien.
L’ennuyeux c’est qu’un recours à l’Assemblée générale est généralement plus symbolique qu’autre chose, car ses résolutions ne sont pas impératives. Elles suffisent cependant pour une condamnation morale et médiatique d’un Etat coupable. Et dans ce sens, on peut estimer que la modicité même du dédommagement alloué au Liban pour les 103 victimes tuées à Cana par les Israéliens permet de s’en passer sans trop de regret. Car il est presque certain qu’Israël ne va pas s’exécuter et payer l’amende qui lui est infligée, du moment qu’il n’a jamais voulu reconnaître son crime, parlant tantôt d’erreur involontaire de tir et tantôt de la présence d’éléments armés hezbollahis que ses artilleurs auraient pris pour cible à Cana, ce que la FINUL a catégoriquement démenti.
Toujours est-il qu’encore une fois les Etats-Unis ont pris parti à fond pour l’Etat hébreu, au mépris de leur mission de médiateur neutre comme au mépris du droit le plus élémentaire. Cependant, les diplomates locaux pensent que maintenant les Américains vont se laver les mains d’une affaire assez secondaire à leurs yeux, en disant en quelque sorte aux Israéliens: «Nous avons fait tout ce que nous avons pu pour empêcher le Liban de poursuivre la procédure, nous l’avons même menacé de lui retirer la FINUL, mais cela n’a rien donné. Sorry...» Donc pour ces sources le renouvellement semestriel du mandat des Casques Bleus n’est pas réellement compromis.
«Il n’en reste pas moins, conclut pour sa part une personnalité politique, qu’il y a lieu de s’inquiéter pour le Sud où les Israéliens, encore une fois assurés de la bienveillance U.S., pourraient être tentés de se «venger» de la sanction que nous avons réussi à leur faire infliger par la commission de l’ONU».
E.K.
Les dépêches diplomatiques en provenance de nos ambassades à Washington comme à New York rassurent le palais Bustros: il ne faut pas prendre trop au sérieux les menaces américaines de couler la FINUL, de ne plus en proroger automatiquement le mandat, proférées à la suite du dédommagement de 1,7 million de dollars que la commission ad hoc de l’ONU demande à Israël de payer...