Processus de paix : douche froide palestinienne Une nouvelle rencontre est, cependant, prévue après-demain avec les israéliens(photo)

Malgré une nouvelle rencontre informelle prévue après-demain jeudi entre les deux parties, les Palestiniens ont versé une douche froide hier sur les espoirs de relance des pourparlers de paix en soulignant le fossé qui les sépare toujours des Israéliens, en particulier sur la question clé de la colonisation.
Le négociateur en chef palestinien, M. Saëb Erakat, a affirmé que les deux parties étaient encore loin de s’entendre sur une reprise du processus de paix, suspendu depuis trois mois, car les Israéliens n’avaient fait aucune proposition «sérieuse» sur la colonisation juive des territoires.
Dimanche, des délégations israélienne et palestinienne se sont rencontrées au Caire, sous égide égyptienne, et la presse israélienne affirmait hier qu’un compromis s’ébauchait timidement pour permettre une relance des négociations.
Selon le quotidien israélien Haaretz, Israël et les Palestiniens cherchent une formule permettant au premier ministre Benjamin Netanyahu de sauver la face et de ne pas s’exposer à un effritement de sa majorité gouvernementale de droite en annonçant clairement le gel de sa politique de colonisation.
Il serait question d’un «ralentissement» des travaux dans la nouvelle colonie juive de Har Homa à Jérusalem-Est, dont la mise en chantier le 18 mars a bloqué le processus de paix, ou d’une «pause», qui, en termes voilés, donnerait en fait satisfaction aux Palestiniens, selon le journal.Le président égyptien Hosni Moubarak a lui aussi fait preuve d’optimisme en jugeant «prometteuse» la réunion du Caire. «J’espère que le cycle des négociations va reprendre car tout retard signifie un manque à gagner pour les deux parties», a affirmé M. Moubarak.
«La réunion d’hier est la première entre les deux parties depuis longtemps. Elles ont échangé des idées et l’atmosphère des discussions était excellente», a-t-il souligné.
Mais M. Erakat, qui s’exprimait après une réunion à Gaza avec le président Yasser Arafat et d’autres hauts responsables palestiniens, a tiré un tout autre bilan. «Malgré les grands efforts déployés lors de notre réunion du Caire, le fossé est toujours là», a-t-il dit. «La réunion est restée infructueuse parce que la partie israélienne n’a rien proposé de sérieux, notamment sur la question de la colonisation», a-t-il ajouté.
Le président Arafat, qui réclame un arrêt de la colonisation, a indiqué pour sa part que les négociateurs israéliens et palestiniens devaient à nouveau se rencontrer jeudi.
Mais il a ajouté que les Israéliens s’étaient jusqu’à présent abstenus de tout engagement quant à une suspension de facto de la colonisation. «Il n’existe pas de promesses israéliennes» dans ce sens, a affirmé M. Arafat qui se trouvait hier à Amman.
M. Erakat a précisé que la seconde rencontre des négociateurs dépendait des résultats d’une navette que le principal conseiller de M. Moubarak, M. Oussama el-Baz, doit effectuer jeudi entre MM. Arafat et Netanyahu.
«En fonction des entretiens de M. Baz, nous déciderons d’une seconde rencontre des négociateurs», a-t-il dit.
Le journal israélien Yédiot Aharonot a cependant jeté un pavé dans la mare en révélant lundi que selon un projet du ministère israélien de l’Habitat, 100.000 logements seraient construits en Cisjordanie et à Gaza en cas d’échec des pourparlers israélo-palestiniens, ce qui permettrait aux 145.000 colons juifs de quadrupler leur population.
M. Netanyahu a pour sa part réaffirmé sa volonté de promouvoir la colonisation juive en posant hier la première pierre d’un nouveau bâtiment destiné à agrandir une école supérieure dans l’implantation d’Ariel, l’une des plus grandes de Cisjordanie.
Il a semblé vouloir ainsi calmer les appréhensions de son aile droite en assurant qu’au fond, les colons n’avaient pas de soucis à se faire sous son gouvernement.