Deux télépathes, un fakir, un hypnotiseur : X-Files au Music Hall (photos)

Un spectacle des plus étranges vient d’être donné au Regency Palace, Adma. Enigma 97, ou la rencontre d’un hypnotiseur, Serge Derek, d’un authentique fakir, Syndra Khan; et d’un couple de télépathes, Gilles et Blaise, qui, comme son nom ne l’indique pas (en ce temps... Pascal), est une femme, ne vous en déblaise. Trois heures d’un show qui en a intrigué, affolé et même endormi (par hypnose) plus d’un.
20h15, le show commence. Serge Derek, costard noir, chemise rouge et cheveux noirs mi-longs, se dévoue pour jouer les présentateurs, couvrant d’éloges le couple de télépathes qui allait intriguer le public durant les 40 premières minutes.

Gilles et Blaise communiquent par la pensée. La dame se tient sur scène, un bandeau noir sur les yeux. Le monsieur circule parmi le public, recueille des objets divers, que Blaise décrit avec précision. C’est ainsi qu’elle a «lu» des noms sur des cartes d’identité, des numéros de téléphone, des messages écrits sur papier. «Je me concentre, disait-elle, je vis concentrée». Au plus grand étonnement du public, Blaise pouvait également «voir» les attitudes et positions de l’assistance. «Monsieur croise amoureusement les doigts avec ceux de madame... Monsieur porte ses chaussettes à l’envers... Madame croise les jambes... Monsieur porte une moustache... Mademoiselle a un très beau sourire...». Les spectateurs participent, veulent percer le mystère. «Le micro est sûrement truqué», pense-t-on. «Ou bien les lunettes des Gilles sont munies d’une micro-caméra». «C’est sûrement le bandeau...». On se triture les méninges pour déceler le truc. On joue aux «petits-malins-auxquels-on- ne -la - fait - pas». Mais quand Gilles dépose son micro, met ses lunettes dans sa pochette et que Blaise tourne le dos au public, tout en opérant, on se dit: «Alors là, c’est vraiment incroyable!». Fin de la séquence. On applaudit très fort. Après tout, ils peuvent bien être de vrais télépathes... C’est alors que Gilles lâche la bombe. «Notre télépathie, c’est du cinéma. Tout est truqué. Vous avez deviné le mystère?» Fusent les réponses: «Le micro!», «Une caméra invisible!», «Les lunettes!»... Mais le mystère reste entier, car sadique, il s’en ira sans donner la clé...
«L’homme - qui-défie-la- mort». C’est ainsi qu’on le surnomme. Syndra Khan est un fakir «new look». Point de turban sur la tête, ni de pagne blanc comme ses confrères des albums Tintin. Lui, c’est plutôt le cuir clouté, la moustache fournie, la crinière crantée et brillantée. Son spectacle est vraiment saisissant. Il se flagelle le torse avec une corde en flammes, en guise d’apéritif. Et en guise d’ice-cream, il avale des torches qui flambent, des lames de rasoir, des épées, des fusils chargés, des tubes de néon allumés et autres délicatesses. Son dessert? Des ampoules de verre qu’il croque à belles dents. Manifestement absourdi, le public suit les mortifications de Khan les yeux écarquillés d’effroi. Des spectatrices détournent la tête. Ames sensibles s’abstenir, surtout lorsque le fakir se transperce le corps, tracte un spectateur sur un chariot à l’aide de crochets dans l’estomac ou s’allonge sur un lit de fils de fer barbelé. C’était littéralement le clou du spectacle.
Mais Serge Derek l’hypnotiseur n’était pas en reste côté sensations ou plutôt désensibilisation... Ce soir-là, il a invité une vingtaine de cobayes sur scène. «Regardez-moi dans les yeux... La tête légèrement en arrière... Vous vous sentez lourds... Vous vous laissez aller...». Les sujets tombent les uns après les autres dans cet état de conscience modifié qu’est l’hypnose. Bientôt, ils seront une quinzaine allongés sur le sol à suivre docilement les ordres de Derek. «Levez le bras droit... Crispez vos doigts... Dansez la lambada...». Au réveil, les sujets se souviennent d’avoir entendu des voix. Mais black-out total sur le reste.
Renversant!

Maya GHANDOUR