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Actualités - CHRONOLOGIE

Dix mille personnes à la cérémonie de Tyr pour l'anniversaire de Cana Berry : les responsables, ce sont les américains (photos)

L’anniversaire du massacre de Cana a été commémoré hier dans plusieurs régions du pays, et notamment à Tyr, où une grande cérémonie officielle et populaire a été organisée en présence de quelque 10.000 personnes. Le chef du Parlement Nabih Berry, qui a prononcé un discours au cours de ce rassemblement, a mis l’accent sur la responsabilité des États-Unis dans la situation au Proche-Orient, haussant singulièrement le ton à l’égard de Washington et de sa politique de soutien à Israël.
Le 18 avril 1996, 105 civils libanais, dont de nombreux enfants, mouraient sous les bombes israéliennes à Cana, alors qu’ils avaient trouvé refuge dans une position de l’ONU.
Une semaine après avoir lancé son agression, qui, jusqu’alors, n’avait pas suscité de vives protestations en Occident, Israël se retrouvait subitement sur la défensive du fait de cette tragédie.
Les images du carnage ont fait de ces «Raisins de la colère» un désastre médiatique pour l’Etat hébreu, qui a affirmé par la suite que son artillerie ripostait à des tirs du Hezbollah et que la tuerie avait été provoquée «par erreur».
L’ONU, en revanche, avait conclu, dans un rapport, au caractère «probablement déliBéré» du bombardement.
A ce propos, il convient de signaler que le secrétaire général des Nations Unies de l’époque, Boutros Boutros-Ghali, invité de longue date à participer à la cérémonie de Tyr, n’est pas venu au Liban pour des raisons demeurées inexpliquées.

Lafon à Tyr

C’est dans le stade romain de Tyr qu’était organisée la principale cérémonie de commémoration, patronnée par M. Berry. Outre le chef du Législatif, plusieurs responsables ont assisté à l’événement, et notamment le président de l’Assemblée du peuple (Parlement) en Syrie Abdel Kader Kaddoura à la tête d’une délégation de son pays.
Le premier ministre Rafic Hariri était représenté par le ministre de l’Economie et du Commerce Yassine Jaber. Les autres membres du gouvernement présents étaient MM. Jean Obeid, Ghazi Seifeddine, Bassem el-Sabeh, Assaad Hardane, Ayoub Hmayed, Farouk Barbir et Nadim Salem.
Ont également assisté à la cérémonie, les députés Bahia Hariri, Jamil Chammas, Sleiman Kanaan, Hassan Alaouiyé, Mahmoud Awad, Emile Naufal, Chaker Abousleiman, Pierre Daccache, Ahmad Soueid, Abraham Dédéyan, Ali Hassan Khalil, Camille Ziadé, Hussein Yatim, Abdellatif Zein, Bahaeddine Itani, Ghazi Zeayter, Michel Pharaon, Ali Khreiss, Abdel Rahman Abdel Rahman, Sebouh Hovnanian, Mohammad Beydoun, Ali el-Khalil, Samir Azar, Hagop Tchoukhadarian et Antoine Haddad. Le député Issam Farès s’est fait représenter.
Une délégation de l’ambassade de France, conduite par l’ambassadeur Jean-Pierre Lafon, était également présente, ainsi que les chefs de mission d’Egypte, d’Arménie, de Russie, du Maroc, d’Iran, d’Inde, du Japon et de RFY.
Plusieurs dignitaires religieux chrétiens et musulmans, des représentants des fonces de l’ordre et de l’armée et d’autres personnalités ont aussi assisté à la cérémonie, marquée notamment par des figures exécutées par des troupes de scoutisme.

Le discours de Berry

Après avoir évoqué la mémoire des victimes de Cana et des autres localités du Sud, cibles de bombardements israéliens, M. Berry, relevant la présence de son homologue syrien parmi l’assistance, a rendu un hommage appuyé à la Syrie, qui, a-t-il dit, «est toujours aux côtés du Liban dans les bons comme dans les mauvais jours et a consenti des sacrifices afin que le Liban se rétablisse».
Pour M. Berry, Israël est un «vampire qui ne parvient pas à cesser de sucer le sang des autres et qui agira de nouveau chaque fois qu’il aura soif de sang».
Condamnant tous les aspects de la politique israélienne à l’égard des Arabes et du Liban en particulier, il a estimé que les derniers développements montraient que l’Etat hébreu «se prépare à de nouvelles moissons sanglantes».
«Nos craintes à cet égard viennent du fait que l’armement intensif que les Etats-Unis consentent à Israël incitera toujours la société israélienne à choisir la voie de la violence», a ajouté M. Berry.
«Nous devons être francs: le véritable problème ne concerne pas Israël, c’était et c’est toujours un problème avec les Etats-Unis et la politique qu’ils adoptent», a-t-il dit, soulignant que la commémoration du massacre de Cana était «l’occasion de rappeler que ce sont les pièces d’artillerie les plus modernes, fabriquées aux Etats-Unis et utilisées par l’armée israélienne», qui sont à l’origine de cette tuerie.
«Au nom du Parlement libanais, de l’Union parlementaire arabe mais aussi des civils libanais et arabes au Liban-Sud, dans la Békaa-Ouest, dans le Golan et en Palestine, tous cibles des armes faites aux Etats-Unis, je m’adresse à l’administration américaine pour l’avertir de ceci: Continuer à armer Israël, lui permettre de demeurer au-dessus de tout contrôle international sur l’armement de destruction massive et d’utiliser des armes prohibées contre les civils mèneront à la chute du processus de paix», a lancé M. Berry.
Il a également estimé que «la transformation permanente d’Israël en dépôt d’armes et en caserne militaire ne peut que renforcer le terrorisme d’Etat» dans ce pays.
Accusant Washington de servir de «sérum contenant des fortifiants pour l’entité israélienne malade et folle de violence», il a condamné l’ONU sur la question de Jérusalem et estimé que l’administration américaine «assume la responsabilité d’avoir fait d’Israël une exception internationale sur laquelle ne s’appliquent pas les résolutions de l’ONU ni même les principes de la politique intérieure des Etats-Unis, comme par exemple le respect des droits de l’homme».

Pour le chef du Parlement, Washington ne pourrait s’acquitter «aux yeux de l’opinion arabe, internationale et même américaine qu’en mettant un terme à l’armement d’Israël et en rendant aux Nations Unies leur crédibilité».

En revanche, M. Berry a rendu hommage au rôle de la France, qu’il a qualifié d’«honorable», notamment dans le cadre du comité de surveillance du cessez-le-feu au Liban-Sud.
Il a toutefois indiqué que le Liban a «choisi la voie de la résistance et continuera de la suivre sous toutes ses formes jusqu’à la libération de tout le territoire».

De son côté, M. Kaddoura a estimé dans son allocution qu’il n’y avait au Proche-Orient «aucune possibilité de paix tant que (les Israéliens) demeureront racistes et attachés à leur idéologie qui autorise d’asservir l’autre, de le tuer ou de le déloger de chez lui».
«Nous restons déterminés à défendre les droits légitimes des Arabes et à réclamer la libération de tout le territoire national, et nous ne cèderons rien sur ces deux plans quels que soient les sacrifices», a ajouté M. Kaddoura.

A Cana

Tôt vendredi, des versets du Coran résonnaient dans le cimetière collectif de Cana.
Les familles des victimes ainsi que des délégations officielles se sont rendues par petits groupes au cimetière, dans le centre de la localité.
Les tombeaux en marbre blanc étaient ornés des photos des «martyrs du Liban» et de couronnes de fleurs posées à l’occasion du 1er anniversaire du massacre.
Des femmes vêtues de noir et portant un foulard pleuraient en silence leurs morts, les yeux rivés sur les couronnes de fleurs.

Le Tachnag

Une délégation de la section de la jeunesse du parti Tachnag s’est rendue au cimetière de Cana pour déposer une gerbe au pied des tombes. Les jeunes du Tachnag ont, en outre, planté symboliquement des pousses d’arbres près du site de la tuerie.
Jeudi, le président du Conseil supérieur chiite, cheikh Mohammad Mehdi Chamseddine, a estimé, dans un message aux Libanais à l’occasion de l’anniversaire du massacre, que «le sang des martyrs de Cana n’a pas été versé en vain» car il a consolidé selon lui «l’esprit de résistance» chez les Libanais.
A cette occasion, cheikh Chamseddine a appelé tous les Libanais à «aller au-delà des difficultés» afin de permettre au Liban de retrouver «ses institutions étatiques, sa dignité et son rôle sur les plans arabe et international».

Pour sa part, le Rassemblement pour le Liban (RPL, aouniste) a présenté, dans un communiqué publié hier en France, ses condoléances aux proches des victimes et exhorté les responsables à «tirer les leçons opportunes de la solidarité populaire qui s’était manifestée à l’époque des sinistres «Raisins de la colère» pour adopter des positions courageuses, susceptibles de rendre au peuple libanais sa liberté de décision et sa véritable unité».

La déclaration de
Nasrallah

Le secrétaire général du Hezbollah, sayyed Hussein Nasrallah, a vivement critiqué certains responsables qui avaient considéré que le massacre de Cana avait contribué à donner un coup d’arrêt à l’opération israélienne baptisée les «Raisins de la colère».

«Les agressions israéliennes ont été plus cruelles au lendemain du massacre. L’opération commencée le 11 avril s’est poursuivie jusqu’au 26 du même mois et le massacre a eu lieu le 18 avril», a-t-il rappelé.
Le dignitaire religieux chiite a dénoncé les agissements de la communauté internationale au lendemain de ce massacre perpétré contre des civils libanais.

Selon lui, aucun pays arabe n’a suspendu son processus de normalisation avec l’Etat hébreu à la suite du massacre tout comme aucun pays dans le monde n’a convoqué son ambassadeur pour concertation, n’a pris des mesures pratiques ou exercé des pressions à l’encontre de l’Etat hébreu pour l’amener à arrêter ses agressions contre le Liban.

Le secrétaire général du Hezbollah a estimé que «l’ennemi israélien a été contraint d’arrêter son opération militaire d’avril 96 persuadé qu’il n’était pas en mesure d’éliminer la résistance et par crainte d’une conflagration dans la région en cas de poursuite de l’agression».

Il a réaffirmé que «ceux qui ont combattu lors de l’opération sont prêts à poursuivre la lutte jusqu’à la victoire».
L’anniversaire du massacre de Cana a été commémoré hier dans plusieurs régions du pays, et notamment à Tyr, où une grande cérémonie officielle et populaire a été organisée en présence de quelque 10.000 personnes. Le chef du Parlement Nabih Berry, qui a prononcé un discours au cours de ce rassemblement, a mis l’accent sur la responsabilité des États-Unis dans la...