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Actualités - CHRONOLOGIE

Mise en scène du jeune Elie Chalhoub "L'heure du loup" de Bergman, dans toute sa noirceur (photo)

La salle Gulbenkian (LAU, ex-BUC, Koraytem) présente ce soir et demain, 19h30, «L’heure du loup» de Bergman, adaptée et mise en scène par Elie Chalhoub qui est encore étudiant en Fine Arts à la LAU. Une pièce-miroir de toutes les réalités, dépouillée d’artifices. Une pièce «coup de poing» dont on sort tout sonné.
Sur le ring, un couple s’affronte et affronte les démons de la démence. Johann (Alan el-Hage) veut entraîner Alma, son épouse, dans la déchéance d’une progressive folie. On voit, parfois côte à côte, parfois séparées, deux Alma. La jeune amoureuse qui succombe lentement à l’atmosphère psychotique qui entoure son mari. Et la femme plus mûre qui porte ses cicatrices comme un ancien combattant arbore ses médailles. Dima Ansari et Mia Bitar jouent les deux vies d’Alma. Avec précision, elles donnent le ton d’une tragédie qui n’est pas sans procurer des frissons d’horreur.
«Le théâtre n’est pas fait pour divertir. Le divertissement est l’objet du cirque», affirme le metteur en scène. «Personnellement, je pense qu’il n’y a aucun intérêt à regarder des animaux parader sur la pointe des pattes, alors qu’il existe ailleurs des bêtes d’hommes qui tabassent leurs épouses à mort parce qu’elles ont caché la bouteille de whisky». «Regardez les gens autour de vous. Ces coupes de cheveux, ces ceintures en peau de serpent, ces bottines pointues, ces lunettes à miroir, ces maquillages, ces blousons gonflés et ces tignasses teintes... Ils parlent trop fort, comme s’ils appelaient au secours des fois qu’un sauveur les entendrait. Le véritable dramaturge capte les signaux de cet appel au secours. Il les comprend et sait dire: le royaume de Dieu est en vous. Le théâtre n’est pas un cirque. Le théâtre est un miroir. Il ne faut pas le déformer».
«L’heure du loup» (1968) est un long métrage lui-même adapté des «Cannibales», pièce que Bergman avait écrite à période de forte instabilité psychique. Il avait été interné dans un hôpital psychiatrique durant plusieurs mois. A sa sortie, il écrit et dirige «Persona», acclamé par les critiques comme son meilleur film. Elie Chalhoub a adapté le texte de Bergman avec le souci évident de mettre en évidence le rôle d’Alma et le bébé qu’elle porte, qui ne naîtra jamais.
«J’ai essayé de résumer 3.000 ans de théâtre dans cette pièce en mixant des éléments du théâtre grec et certains aspects de l’art dramatique moderne. Je ne fais pas d’imitation. Je traduis à ma façon l’admiration que j’éprouve à ce genre de théâtre et exprime par la même occasion mon rejet de tout cabotinage».
Sobriété dans le jeu, mais aussi dans le décor. Un décor dépouillé, sombre qui met bien en relief l’éclairage. Les spots, judicieusement orchestrés par Riad Chirazi, confèrent plus d’ampleur dramatique à la pièce. La musique est bien choisie: un chant grégorien en ouverture, pour souligner la dimension religieuse du texte; des extraits de la Flûte enchantée de Mozart et d’autres de Bach, pour finir sur un air des Rolling Stones «Painted Black».
Quoi de mieux pour une pièce noire?

Maya GHANDOUR
La salle Gulbenkian (LAU, ex-BUC, Koraytem) présente ce soir et demain, 19h30, «L’heure du loup» de Bergman, adaptée et mise en scène par Elie Chalhoub qui est encore étudiant en Fine Arts à la LAU. Une pièce-miroir de toutes les réalités, dépouillée d’artifices. Une pièce «coup de poing» dont on sort tout sonné.Sur le ring, un couple s’affronte et affronte les démons de la...