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Actualités - ANALYSE

Municipales : protestations préventives contre tout projet de nominations

Quoique démocrate dans l’âme, ce mentor chevronné de la politique locale aurait «préféré que pour une seule fois, la première au sortir de la guerre intérieure, on désigne les conseils municipaux et les «moukhtars» au lieu de les faire élire...». Mais il précise aussitôt qu’en réalité, «cela n’est recommandable qu’à l’ombre d’un Cabinet d’union nationale, ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui. Il est évident en effet, précise cet ancien, qu’en laissant au pouvoir actuel le soin de désigner les édiles, on ne ferait que susciter de nouvelles discriminations arbitraires, des injustices aggravant les déséquilibres politiques dont souffre le pays. Il y a malheureusement de fortes présomptions que les dirigeants, au lieu de se soucier uniquement de compétence, fassent leurs choix sur des bases purement clientélistes. Personne à ce jour n’a en effet de raisons de le soupçonner de vouloir avant tout une saine gestion des villes, un bon développement de la campagne loin de tout frein politique, partisan ou sectaire, sans dilapidation des fonds municipaux et sans magouilles orchestrées avec des cadres du pouvoir central ou de l’administration...». Et de rappeler que «les quelques expériences antérieures de désignation dans certaines localités n’ont pas été des réussites, et ce n’est là qu’un courtois euphémisme, car le choix avait porté sur des notables connus pour être à la solde, pour ne pas dire à la botte, de tel ou tel dirigeant, ce qui avait provoqué bien des protestations et de frictions locales».
Cette personnalité note ensuite qu’il «ne sert à rien de dire que la neutralité est garantie du fait que les nominations devraient être d’abord approuvées par la majorité des députés de la circonscription. D’une part parce que cette majorité de parlementaires est elle-même acquise et manipulée par les gens en place. Et d’autre part parce qu’en matière de municipales, ce qui compte, ce n’est pas l’avis des députés, mais celui des clans et des familles au sein de chaque localité puisque c’est de gestion interne qu’il s’agit. A la rigueur on peut donc procéder à des nominations après avoir demandé à ces groupes sociaux de désigner eux-mêmes les postulants devant les représenter. Mais au fond, puisqu’en tout cas il faut nécessairement prendre l’avis des gens, autant les faire voter...».
Sur un plan parallèle, cette personnalité relève que «la suggestion de faire désigner le président d’une municipalité par les membres du conseil municipal plutôt que de le faire élire au suffrage universel peut ne pas produire les effets escomptés. On en attend, dit-on, la promotion de listes de coalition qui deviendrait plus difficile si, dès le départ, des candidats devaient s’affronter pour la présidence; mais en pratique, les listes d’entente resteraient dans la plupart des cas délicates à former car chaque présidentiable voudrait y préserver ses chances d’être désigné par ses pairs après l’élection, donc avoir le plus de gens à lui sur la liste, d’où blocage réciproque fréquent... Ce qui, de l’avis de cette même source, désavantagerait fortement, sur le plan global, les courants appartenant à l’opposition, le pouvoir ayant plus de marge de manœuvre pour faire désigner président un loyaliste que dans le cas où ce serait l’électorat qui se prononcerait pour ce poste. Cependant, il faut répéter ici que les municipales ne sont pas les législatives et que les clivages y obéissent beaucoup moins aux critères d’opposition et de loyalisme. Ainsi dans de nombreuses agglomérations, la caste politique dans son ensemble pourrait être confrontée à un problème de dualité: des rivaux qui appartiennent sur le plan politique général à une même famille, le pouvoir ou l’opposition... Il faudrait donc une sorte de consensus tacite «dépolitisant» au maximum ce scrutin et encourageant autant que faire se peut l’entente entre les différents camps d’une même cité».
Comme c’est le cas à Beyrouth.

E.K.
Quoique démocrate dans l’âme, ce mentor chevronné de la politique locale aurait «préféré que pour une seule fois, la première au sortir de la guerre intérieure, on désigne les conseils municipaux et les «moukhtars» au lieu de les faire élire...». Mais il précise aussitôt qu’en réalité, «cela n’est recommandable qu’à l’ombre d’un Cabinet d’union...