Faussaires, assassins, espions... Moussalli et ses complices avaient établi des liens étroits avec le Mossad

Après avoir trouvé le lien entre l’écoulement de timbres fiscaux falsifiés et l’assassinat du fonctionnaire des Finances, Raafat Sleimane, les juges chargés d’instruire ces dossiers ont découvert que certains chefs des réseaux de malfaiteurs étaient étroitement liés au service de renseignements israéliens, le Mossad.
M. Moukhtar Saad, juge d’instruction du Mont-Liban, a émis un mandat d’arrêt contre Antoine Youssef Boulos qui fait l’objet d’un autre mandat délivré par le premier juge d’instruction militaire, M. Riad Talih, pour collaboration avec l’ennemi israélien. M. Talih avait ordonné l’arrestation de Tony Kamal Albert Yammine, Maroun Kozhaya Yaghi, Elias Ibrahim Kleit et l’avocat Elias Akl Khalil, pour les mêmes motifs.
Dans un premier temps, les enquêteurs ont pu établir qu’Antoine Boulos était en relation avec Farid Moussalli (tué le 17 novembre dernier par une patrouille de la Sûreté de l’Etat à Achkout-Kesrouan), assassin présumé de Raafat Sleimane et chef du réseau qui écoulait les timbres fiscaux. Avec l’aide de Fawzi Karah, Boulos et Moussalli s’étaient lancés dans un ambitieux projet de falsification de dollars américains, de marks allemands et de rials séoudiens. Le gang avait imprimé 300.000 faux dollars en coupures de 100 et Moussalli avait tenté de les écouler sur le marché. Mais l’opération n’avait pas réussi à cause de la mauvaise qualité du produit. Les faux billets avaient été détruits et décision avait été prise pour acquérir du matériel sophistiqué dans le but d’imprimer des billets de qualité supérieure. Les membres de ce gang étaient occasionnellement secondés par Mohammed Harmouche, actuellement incarcéré pour son rôle dans l’assassinat de Raafat Sleimane, froidement abattu en septembre dans l’appartement de Moussalli à Sarba.
Soumis à de nombreux interrogatoires, Antoine Boulos a reconnu que Moussalli avait établi des «liens étroits» avec le Mossad et s’était rendu à plusieurs reprises en Israël. Il avait aussi tenu de multiples réunions avec des officiers des services de renseignements israéliens dans la bande frontalière occupée, à Chypre et peut-être même en Grèce.
Après l’identification de Moussalli et le démantèlement de son réseau par les services de sécurité, et la découverte de son rôle dans l’assassinat de Sleimane, Boulos a essayé de l’aider à fuir du Liban. Le Mossad a refusé d’accueillir Moussalli en Israël, mais il a accepté qu’il aille s’installer dans la zone occupée.
Mais comment quitter le Liban à un moment où Moussalli était recherché par tous les services de sécurité du pays? Boulos a alors pensé à le faire fuir à bord d’une vedette rapide et il s’est rendu à Chypre et en Grèce pour trouver une base de repli.
Entre-temps, Boulos avait prêté son revolver de 6mm à Moussalli qui l’a utilisé pour assassiner Sleimane. Quelques semaines plus tard, Moussalli était tué lors d’une descente à Achkout. Apprenant la mort de son complice, Boulos a décidé de rentrer au Liban où les services de sécurité l’ont arrêté après l’avoir soumis à une surveillance rapprochée.

Bahjat JABER