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Actualités - ANALYSE

Feu rouge

Pyromane ou pompier, Yasser Arafat?
L’un et l’autre, semble croire Benjamin Netanyahu qui, un jour, accuse le chef de l’Autorité palestinienne d’avoir donné son feu vert aux «terroristes» et, en plein désarroi le lendemain, l’appelle à la rescousse pour contenir l’embrasement qui, de Jérusalem à Tel-Aviv en passant par Bethléem, menace de s’étendre à l’ensemble de l’Etat hébreu. Peu prolixe d’habitude, David Lévy s’est laissé aller à une confidence en ce début de semaine: «Il n’y a qu’Abou-Ammar, a-t-il dit en substance, pour contrôler la situation. Il se doit d’être là, en ce moment».
L’intéressé, lui, a superbement ignoré l’invite et choisi plutôt d’offrir sa médiation dans le conflit qui oppose Colombo aux Tigres de l’Elaam Tamoul. La vengeance, parfois, est un plat qui se déguste chaud...
Le plus étrange est que le premier ministre israélien ne semble trouver rien d’illogique au cheminement qui a été le sien depuis les élections législatives de mai 96. A l’époque, on s’en souvient, Shimon Pérès avait mordu la poussière à la suite d’une vague d’attentats sans précédent et du terrible faux pas qu’avait représenté l’expédition contre le Liban-Sud. Dix mois plus tard, son tombeur se trouve confronté à une situation tout aussi explosive, dont le danger est illustré par le cri lancé par un témoin, au soir de l’attentat de la rue Dizengoff: «Le sang des juifs continue à couler à flots, quel que soit le gouvernement au pouvoir».
Il aura suffi au chef du Likoud de quelques semaines pour mettre à bas l’échafaudage encore branlant, péniblement construit par ses prédécesseurs, plaçant au service de cette œuvre une obstination, une patience dignes d’une meilleure cause. Il appartiendra aux israélologues de nous dire un jour s’il l’a fait en connaissance de cause ou bien s’il ne s’est agi que d’erreurs, lourdes de conséquences, commises par un nouveau venu dans le monde de la politique et qui, de surcroît, se débat depuis deux mois dans les sables mouvants d’«affaires» susceptibles de lui coûter son poste et à la coalition qu’il dirige la direction du pays, en cas de scrutin anticipé ou plus simplement de Cabinet de coalition. D’où peut-être la tentation (ô Gribouille!) de se jeter à l’eau pour éviter d’être mouillé par la pluie...
Au lendemain d’une victoire électorale obtenue de justesse, les Arabes avaient tout lieu de craindre le pire tant leur paraissait inquiétante l’image qu’avait donnée de lui-même le filleul de Moshé Arens. Force est de reconnaître que les scénarios-catastrophes les plus pessimistes sont demeurés en-deçà de la réalité.
Voir dans l’attitude de l’OLP un encouragement au Hamas — dont celui-ci d’ailleurs n’a nul besoin, ainsi qu’il vient de le rappeler — mais se défendre de vouloir renoncer au processus de paix, et dans le même temps s’obstiner à créer une nouvelle colonie dans la partie arabe de la Ville sainte, il y a là de quoi embarrasser le plus ardent défenseur des accords d’Oslo. Cette Amérique en l’occurrence qui, au Conseil de Sécurité des Nations Unies, oppose son veto à la condamnation de son protégé puis se retrouve isolée avec lui, devant l’Assemblée générale, lors de la mise aux voix d’une résolution similaire. Et il aura fallu à la redoutable Madeleine Albright, ce soir-là à l’antenne de la CNN, toute la subtilité de l’arsenal diplomatique pour donner l’illusion qu’elle trouvait son compte dans ce bien curieux slalom.
Au mieux, si l’on tient à voir la bouteille à moitié pleine, pourrait-on dire que l’initiative enclenchée il y a six ans maintenant à Madrid, est en panne. Au pire, on devrait se résoudre à rejoindre le camp mené par la Syrie, pour lequel la paix est désormais enfouie sous les pelletées de terre que soulèvent les bulldozers de Har Homa.
S’en réjouir, certes, relèverait d’un cynisme de mauvais aloi. D’un autre côté, comment ne pas voir dans l’alliance du sabre des anciens militaires — Ariel Sharon en tête — et du goupillon des ultra-orthodoxes du Shass la principale (la seule?) cause de la débâcle présente?
Avec sa lucidité, sa franchise coutumières, Hanane Achraoui a désigné le mal véritable en rappelant l’axiome qui veut que les extrémismes se rejoignent. Ce que l’on ne veut pas reconnaître non plus, c’est que cette paix à laquelle tout le monde ou presque avait souscrit autrefois ne saurait être l’œuvre des seuls gouvernants. Elle sera réelle le jour où se sentiront désarmés face à elle, ici, les Barruch Goldstein du Caveau des Patriarches et là, les Ahmed Moussa de la vallée du Jourdain.

Christian MERVILLE
Pyromane ou pompier, Yasser Arafat?L’un et l’autre, semble croire Benjamin Netanyahu qui, un jour, accuse le chef de l’Autorité palestinienne d’avoir donné son feu vert aux «terroristes» et, en plein désarroi le lendemain, l’appelle à la rescousse pour contenir l’embrasement qui, de Jérusalem à Tel-Aviv en passant par Bethléem, menace de s’étendre à...