Le fils du chef rebellé Kabila commande les opérations à Kisangani

KISANGANI (Zaïre), 17 Mars (Reuter). — Joseph Kabila, le propre fils du chef rebelle Laurent-Désiré Kabila, commande les opérations à Kisangani, la troisième ville du Zaïre conquise par les troupes de son père ce week-end.
Dans une interview, ce jeune homme de 25 ans se donne le titre de «commandant opérationnel du secteur nord» de l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo-Zaïre, l’ADFL.
«Dire que les gens sont enthousiastes, c’est un euphémisme», déclare-t-il à propos de l’accueil reçu par les soldats rebelles lors de leur entrée dans la ville.
Revêtu d’un uniforme impeccable, trapu comme son père, Joseph Kabila parle un anglais excellent et choisit ses mots avec attention.
Prié de dire s’il reçoit les ordres de son père, basé au quartier général de Goma, il répond: «Je reçois mes ordres du haut commandement».
Les mines laissées par l’armée gouvernementale et ses alliés mercenaires près de chaque route qui mène à Kisangani, hormis celle qui a servi à leur retraite, sont le problème numéro un des rebelles, ajoute-t-il.
Le déminage est la première priorité des nouvelles autorités car des villageois sont tués en se rendant à leurs fermes.
Selon lui, le bilan de la prise de la ville est de deux victimes seulement côté rebelle; 260 soldats du gouvernement se sont rendus, ajoute-t-il.

«Une vraie résistance»

Mais la vraie bataille de Kisangani, déclare Joseph Kabila, a eu lieu lundi et mardi derniers à environ 20 km à l’est de la ville.
«C’est là que nous avons rencontré une vraie résistance. Cela a duré quatre jours et nous avons finalement percé leur front vendredi. Ils se sont alors dispersés dans la jungle», dit-il.
Les rebelles ont pris l’aéroport international de la ville.
«Nous avons découvert qu’ils avaient fait sauter l’immeuble qu’ils utilisaient comme quartier général à l’aéroport, l’armurerie et pratiquement toutes les pièces d’artillerie», précise le commandant rebelle.
Mais il dément que les troupes en retraite aient détruit leurs quelques avions et hélicoptères. Les rebelles n’ont trouvé aucun appareil sur l’aéroport et supposent que les mercenaires, dont Joseph Kabila dit qu’ils venaient principalement de France et d’ex-Yougoslavie, les ont utilisés pour s’enfuir.
Le fils de Laurent Kabila dément également que des troupes gouvernementales aient attaqué des mercenaires juste avant la chute de Kisangani. Aucun cadavre de mercenaire n’a été trouvé à l’aéroport ou en ville, dit-il.
A la question de savoir quand les combats prendront fin, il répond: «La fin de la guerre doit être la fin de la dictature».