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Actualités - ANALYSE

Loi électorale : la formule caza et des adeptés

Le caza a semble-t-il le vent en poupe. Les élections de 96 ayant prouvé que le mohafazat ne favorise pas le brassage, il y a de plus en plus de politiciens qui pensent que, pour promouvoir la cimentation nationale, il faut avoir Place de l’Etoile un très fort taux de représentativité, ce que la formule d’une circonscription réduite assure le mieux.
«Ce genre de raisonnement, souligne une personnalité de l’Est, peut paraître cousu de fil blanc, voire spécieux, car il lie deux éléments distincts parfois opposés, l’esprit national et l’esprit de milieu. Mais, globalement, le député de proximité quand il dialogue sur le plan politique a ses arrières bien plus solidement assurés que le député de mohafazat qui, sauf pour le chef de file et pour quelques rares exceptions, ne parle au nom de personne. En clair, un député de caza présente une bien meilleure garantie au niveau des engagements à caractère national, et entraîne paradoxalement bien plus de monde derrière lui que le député de mohafazat qui, sur le papier, représente plus de gens».
A condition qu’il y ait dialogue d’entente nationale ce qui est loin d’être garanti sous le présent système...
Toujours est-il que, pour ce qui est de la comparaison mohafazat-caza, «un député de région, reprend cette personnalité, ne pouvant être au puits et au moulin, se retrouvera toujours en train de s’occuper uniquement des intérêts du caza d’où il vient, en délaissant les autres, comme le souligne d’ailleurs M. Issam Farès. Ce qui fait que les cazas qui ont la malchance d’avoir peu ou pas d’élus sortis de leurs rangs resteront sans défenseurs, sans représentants réels. On aura donc déphasé inutilement le scrutin puisqu’en définitive la députation s’arrête aux limites du caza d’origine dans la plupart des cas».
Abordant un autre thème, cet avocat de la mini-circonscription trouve qu’«on se moque du monde en affirmant qu’un spectre électoral élargi gomme les aspérités et donne l’avantage au courant modéré face aux fanatiques. Chacun fait en effet écho à son milieu propre, ce qui est tout à fait naturel, et se montrera donc intraitable sur le plan confessionnel si ce même milieu se trouve sur la défensive ou poussé à une attitude conflictuelle. Ce qui permettrait d’arrondir vraiment les angles sur ce plan n’est pas la composition ponctuelle du paysage politique, mais une bonne campagne d’orientation en direction du public. Une campagne qui toutefois ne servirait à rien si elle ne s’accompagnait d’un redressement de la trajectoire du système qui jusque-là a entretenu trop de déséquilibres et de discriminations entre les composantes politiques du pays. Il faut pour abolir le confessionnalisme politique, et les formations partisanes qui en découlent, travailler au niveau des mentalités, œuvre de longue haleine qui ne se fait pas à coups de mesures artificielles et de textes inapplicables en pratique. En Syrie ou en Egypte, on ne retient que les critères de compétence et l’appartenance communautaire ne joue aucun rôle. Pour en revenir aux dimensions des circonscriptions, plus on voit large, plus on décuple les effets du confessionnalisme et on aggrave les clivages, en multipliant les risques de heurts à caractère communautaire. Les déséquilibres s’en trouvent accentués comme l’a souligné dernièrement le Dr Edmond Naïm pour qui les dernières élections au niveau des mohafazats ont mis l’accent sur la propension d’une partie à imposer sa volonté et son hégémonie à une autre partie... A cette occasion ce n’est pas à un brassage que l’on a assisté mais souvent à une «unification» imposée sous certaine contrainte...» Autrement dit, la démocratie du nombre — ou de la conjoncture — doit dans un pays composite comme le Liban ou la Suisse faire place à la démocratie du consensus. Dans l’intérêt bien compris de tous.

E.K.
Le caza a semble-t-il le vent en poupe. Les élections de 96 ayant prouvé que le mohafazat ne favorise pas le brassage, il y a de plus en plus de politiciens qui pensent que, pour promouvoir la cimentation nationale, il faut avoir Place de l’Etoile un très fort taux de représentativité, ce que la formule d’une circonscription réduite assure le mieux.«Ce genre de raisonnement,...