Rechercher
Rechercher

Actualités - REPORTAGE

Peine de mort requise contre Samir Geagea, Ghassan Touma et Ghassan Menassa dans l'affaire de l'attentat contre Rachid Karamé Le chef des F.L. dissoutes est accusé d'être l'instigateur du meurtre, et ses deux collaborateurs d'avoir préparé et exécuté le crime (photos)

Chargé d’instruire le dossier de l’enquête sur la mort du président Rachid Karamé, dans un attentat à l’explosif, le 1er juin 1987, le juge Georges Ghantous a publié hier son acte d’accusation dans cette affaire. Il a requis la peine de mort contre le chef des Forces libanaises dissoutes, M. Samir Geagea, accusé d’être l’instigateur de l’attentat, et contre Ghassan Touma, chef du service de sécurité FL, et de son assistant, Ghassan Ménassa. Ces deux derniers sont accusés d’avoir préparé et organisé l’attentat. Le juge Ghantous a également requis la prison à perpétuité à l’encontre de 14 personnes accusées de complicité et a prononcé un non-lieu en faveur de six autres, pour insuffisance de preuves. La seule personne à ne pas avoir été identifiée dans le cadre de l’enquête est celle qui a déposé la charge explosive dans l’hélicoptère à bord duquel le président Karamé a péri. Des recherches sont toujours entreprises pour retrouver un mystérieux «technicien petit et frêle, originaire du Chouf».
Les quatorze personnes contre qui M. Ghantous a requis la prison à vie pour avoir participé ou facilité l’attentat sont: Aziz Saleh, Antoine Chidiac, le brigadier Khalil Matar, Mikhaël Saneh, Afif Khoury, Antonios Elias alias Tony Obeid, Joseph Succar, Assaad Kassab, Elias Kassab, Gaby Touma, Georges Zoghbi, Camille Rami, le commandant à la retraite Kietel Hayeck et Hassan Ali Ahmed. Abdel Hamid Ahmed, Ibrahim Dagher, le colonel Georges Sawaya, le sergent-chef Sélim Habchi, Pierre Obeid et Elie Salibi ont en revanche bénéficié chacun d’un non-lieu. Le texte publié par le juge et dont nous reproduisons ci-dessous de larges extraits met l’accent sur le conflit politique qui opposait le commandement des FL au président Rachid Karamé qui avait notamment interdit l’ouverture de l’aéroport de Halate aménagé par la formation dissoute durant la guerre.
Quelques mois avant l’attentat à l’explosif contre l’hélicoptère, une vive polémique éclate entre l’accusé Samir Geagea et le président Rachid Karamé, par médias interposés.
(Le juge d’instruction cite les virulentes critiques lancées par M. Samir Geagea contre le président Karamé en se fondant sur des articles du quotidien «An-Nahar» consacrés à ce sujet depuis le 11 février 1987 et jusqu’en mai de la même année, soit cinq jours avant l’assassinat du chef du gouvernement). Le commandement des Forces libanaises «dénonce vigoureusement dans un communiqué l’attitude négative du président Rachid Karamé vis-à-vis de l’ouverture de l’aéroport de Halate». «Ce négativisme est une constante dans les positions de Karamé» que le commandement des FL accuse de «s’être dérobé à ses responsabilités sept mois durant en 1969, de s’être abstenu de déployer l’armée en 1975 pour protéger les Libanais contre les Palestiniens et d’avoir contribué à la division de l’armée et des institutions constitutionnelles». «Ses caprices politiques et sa dépendance totale vis-à-vis de la Syrie sont tels qu’il n’a pas hésité à boycotter le pouvoir, à paralyser les activités de l’Etat et à couvrir l’occupation militaire syrienne. Il est le premier responsable de la dévaluation de la livre libanaise (...)», selon le même communiqué.
Le conflit s’exacerbe et le commandant des FL appelle le chef du gouvernement à démissionner, considérant qu’«il ne faut pas s’attendre à une solution de la crise libanaise dans un proche avenir en raison des occupations étrangères du Liban» et que «la situation actuelle nécessite la formation d’un nouveau gouvernement élargi qui présentera des solutions politiques, sécuritaires, économiques en attendant le règlement final».

La démission
de Karamé

Le 4 mai 1987, le président Karamé présente sa démission qu’il justifie par «l’échec de toutes les tentatives de sortir de l’ornière». Sa décision est accueillie avec satisfaction par les FL qui exerceront ensuite des pressions sur le président Amine Gemayel — qui l’avait entre-temps gelée de peur d’une crise de pouvoir — pour l’amener à l’accepter.
Dans ce climat tendu, les présidents Saëb Salam et Kamel el-Assaad ainsi que le «Amid» Raymond Eddé tentent de convaincre le président Karamé de revenir sur sa démission. Leur démarche est saluée par certains hommes politiques. Dans le même temps, les pourparlers entre les présidents Rachid Karamé et Camille Chamoun au sujet d’un accord similaire à celui de Taëf et devant mettre fin aux hostilités dans le pays sont sur le point d’aboutir, selon la déposition du témoin Amine Mohamed Younès.
Le commandant des FL redoute les conséquences d’un tel accord et décide d’empêcher sa conclusion en liquidant le président Rachid Karamé. Auparavant, dans une déclaration au «An-Nahar», il avait estimé que les FL visaient le président Karamé personnellement, ajoutant que Dieu seulement décide de la durée de vie d’un homme et personne d’autre surtout pas les tyrans.
Désireux de mettre son projet à exécution, l’accusé convoque ses assistants, Ghassan Touma, chef du service de sécurité des FL, et Pierre Rizk, surnommé «Akram», chef des services de renseignements FL. Il leur soumet son idée et débat avec eux des moyens de la mettre en application. Akram s’y oppose dans un souci de préserver les bonnes relations des FL avec le régime irakien qui leur fournissait des armes: il craint que l’assassinat d’un des principaux leaders de la communauté sunnite que le président irakien Saddam Hussein avait mise sous sa protection ne provoque une rupture avec le régime de Bagdad.

Les préparatifs

M. Geagea confie alors la mission à Ghassan Touma qui surveille les déplacements du président Karamé entre Beyrouth et Tripoli. L’accusé Georges Kaysar Zoghbi fournit à Touma tous les renseignements dont il avait besoin et qu’il recueillait auprès d’un technicien à la base aérienne d’Adma, l’accusé Mikhaël Zaki Saneh.
Le président Karamé passait le week-end à Tripoli. Il s’y rendait chaque vendredi à bord de l’hélicoptère 906 basé à Adma et qui le transportait au Liban-Nord à partir du Bain militaire. Ghassan Touma et ses subordonnés décident de piéger l’hélicoptère. Comme il s’agit d’un appareil militaire, il pense que de la sorte, il détournera les soupçons des FL et provoquera une scission entre l’armée et les partisans du président Karamé parmi les Libanais.
La date du crime est fixée au premier juin 1987. Ghassan Touma distribue les rôles entre ses subordonnés. Il multiplie les sorties en mer, à bord d’une vedette des FL, pour inspecter l’espace aérien au large de la côte s’étendant de Jounieh à Barbara, en compagnie de son assistant Ghassan Ménassa et du commandant de la base navale des FL, l’accusé Afif Khoury. Ces deux derniers seront ensuite chargés de poursuivre les sorties d’inspection pendant plusieurs jours, le plus souvent en compagnie des accusés Antonios Elias, alias Tony Obeid, Antoine Chidiac, Assad Kassab, Elias Kassab et Gaby Touma.
Ménassa portait toujours avec lui un petit poste émetteur qui clignotait dès qu’un avion ou un hélicoptère passait au-dessus du hors-bord, selon les deux témoins Sami Abbara et José Bakhos.
Les deux accusés Aziz Youssef Saleh et Joseph Succar sont chargés de prendre des photos panoramiques des deux bases aériennes d’Adma et de Jounieh, à partir d’un immeuble en chantier près du complexe «Horizon», à Maameltein, selon l’accusé Aziz Saleh et le témoin José Bakhos.

Un complice
non identifié

Un expert en matière d’explosifs ayant un accès à la base d’Adma a été engagé pour déposer la charge derrière le siège sur lequel le président Karamé avait l’habitude de s’installer. Cet expert n’a toujours pas été identifié. L’accusé, le brigadier Khalil Matar, a pu le présenter en citant Ghassan Ménassa comme étant «un technicien de la base, petit de taille et frêle, intelligent et originaire du Chouf». Ce technicien avait réussi à se dérober à l’enquête qui avait été ouverte après l’attentat et était suffisamment intelligent pour ne toucher le cachet qui lui avait été promis qu’après la fin des investigations. Le témoin Amal Abboud se rappelle avoir lu son nom dans un télégramme qu’elle avait reçu mais affirme qu’elle l’a oublié.
Ghassan Touma réussit aussi à engager le brigadier Khalil Matar pour l’aider à exécuter l’attentat et rapproche ce dernier de Samir Geagea, sans compter qu’il lui versait presque régulièrement des sommes d’argent. Une semaine avant l’attentat, Touma tient une réunion avec Ghassan Ménassa et Matar au restaurant «Dalaouna» à Jbeil pour parler de l’attentat au brigadier. Il prétend que le service de renseignements de l’armée avait décidé de liquider Karamé en collaboration avec des éléments FL dissidents. Devant la réaction tantôt étonnée, tantôt indifférente de son interlocuteur, il l’encourage à participer au plan. Trois jours plus tard, il lui téléphone pour l’informer qu’il participera à l’attentat et lui demande de le rejoindre chez lui le lundi 1er juin 1987 et d’apporter le poste émetteur-récepteur «Geneva» qu’il utilise pour prendre contact avec les pilotes des hélicoptères, selon le témoignage du brigadier.

«Karamé: un être
catastrophique»


Selon le rapport établi par Elias Abou Jaoudé, le 18 juin 1987, à la demande du procureur général, les fréquences des postes émetteurs-récepteurs «Geneva» utilisés à la base d’Adma sont fixes et ne peuvent être changées que dans l’atelier du groupe en charge du radar. A l’aide d’un «Geneva», toute personne peut écouter les pilotes de l’hélicoptère à partir du moment où ils décollent de Tripoli.
Le 31 mai au soir, Ghassan Touma tient une réunion en son bureau à la Quarantaine avec Ghassan Ménassa, Tony Obeid, Aziz Saleh et Joseph Succar. Il charge les deux derniers de surveiller le lendemain les hélicoptères qui décolleront de la base d’Adma entre 8h et 10h à partir de l’immeuble en chantier de Maameltein. Il demande à Tony Obeid de se rendre au village côtier de Baasouta pour surveiller l’espace aérien et prendre l’hélicoptère en photo au moment de l’explosion, selon les témoignages de Aziz Saleh et José Bakhos. Quant à Ghassan Ménassa, il le charge d’actionner le détonateur au moment du passage de l’hélicoptère, selon le brigadier Matar.
Le lendemain matin, c’est-à-dire le jour de l’attentat, Touma téléphone à 6h au brigadier Matar pour lui demander de le rejoindre à son appartement à Fatka, muni du «Geneva» que le brigadier a désigné, durant son interrogatoire, comme «une tour de contrôle mobile». De Fatka, les deux hommes, accompagnés du garde de Touma, se rendent à la base navale des FL, où Ghassan Ménassa et Afif Khoury les attendent. Les cinq montent à bord d’une vedette civile de type Cigarette et prennent le large. C’est à ce moment-là que Ghassan Touma confirme au brigadier Khalil le projet d’assassinat du président Karamé qu’il justifie en disant: «Vous réalisez ce que cet homme vous fait dans l’armée? C’est un être catastrophique pour le pays». Il lui fait part également de la satisfaction de M. Geagea pour sa participation au crime. La vedette s’arrête au large de la côte de Bouar-Akaybé.

L’exécution du crime

Alors que la vedette mouillait face à Bouar, le brigadier Khalil Matar entend une liaison TSF annonçant «Proceeding to Adma», et affirme autour de lui: «Ce n’est pas l’appareil», car l’hélicoptère visé devait se rendre à Beyrouth. Afif Khoury dirige ensuite la vedette vers Madfoun, où, dix minutes plus tard, passe l’hélicoptère. Ghassan Ménassa s’écrie «L’appareil, l’appareil!». Il s’agissait en effet du second des deux appareils qui s’étaient rendus, ce matin-là, à Tripoli. L’homme cale ensuite l’appareil de télécommande à l’arrière de la vedette et en apprête les fils d’amorce. Il appuie sur le bouton de télécommande, provoquant l’explosion à bord de l’hélicoptère, duquel on voit s’élever de la fumée. Tous ceux qui se trouvent sur la vedette poussent des cris d’enthousiasme. Ghassan Touma demande alors à Afif Khoury de regagner la base navale de Kaslik. En chemin (dépositions du brigadier Khalil Matar et d’Antoine Chidiac), Ghassan Touma s’adresse à Ghassan Ménassa pour lui dire: «J’ai eu peur que l’explosion ne se produise pas». A quoi l’homme répond: «Mais ça fait deux semaines que je m’y exerce».
Au moment de l’explosion, Tony Obeid, qui surveillait le vol de l’hélicoptère à partir de Beechta, prend plusieurs photos de l’appareil, en présence des accusés Aziz Saleh et Joseph Succar (déposition de Aziz Saleh).
L’explosion s’est produite aux environs de 9h10, alors que l’appareil se trouvait au large de Ras Chekka, à une altitude de 500 pieds et à une distance de 5 kilomètres de la côte (déposition du témoin le lieutenant-colonel à la retraite Antoine Boustany).
L’explosion devait provoquer divers dégâts à l’appareil et contraindre le lieutenant-colonel à la retraite Antoine Boustany et le colonel William Mleiss à faire un atterrissage de fortune à Halate.
Vers 11 heures, ce jour-là, Ghassan Touma se présente à son bureau. Il hoche la tête et sourit quand sa femme, Mirna Tawil, lui fait part de deux télégrammes annonçant l’atterrissage forcé de l’hélicoptère et la mort de Karamé. A 12 heures, Ghassan Ménassa et Tony Obeid se présentent, radieux. Une employée du secrétariat de Touma, Amal Abboud, entend Tony Obeid déclarer à Mirna Tawil: «C’est bon... c’est du surmesure... Il est la seule victime». Dans l’après-midi du même jour, Geagea se présente au bureau de Touma. A son entrée dans le bureau avec deux tasses de café, le témoin Amal Abboud trouve Touma décrivant l’incident avec force détails. Elle entend également ce dernier dire: «Ce fils de p...Il se croyait de taille... Il ose nous défier». En sortant, elle entend les deux hommes s’esclaffer. Rencontrant dans une autre salle du secrétariat la femme de Ghassan Touma, elle lui rapporte: «Le «Hakim» est en train de rire... serait-ce les Forces qui l’ont fait?». A quoi l’épouse de Touma lui répond: «On s’en est finalement débarrassé». Quelques moments plus tard, Touma demande à un adjoint d’acheter des douceurs arabes pour célébrer l’occasion (déposition d’Amal Abboud).

Les conséquences

L’explosion a provoqué le décès de Rachid Karamé. Selon le rapport des médecins légistes, les Drs Sélim Najem, Joseph Soto et Elias Sayegh, et du médecin militaire, le Dr Ali Halabi, le dos de Karamé n’était plus qu’une plaie béante du col jusqu’aux hanches, les vaisseaux sanguins de la cage thoracique ayant été déchirés et les os et les muscles déchiquetés.
L’explosion devait blesser Abdallah Racy, atteint au front d’un éclat d’obus, légèrement blesser le copilote William Mleiss et provoquer des contusions diverses aux autres occupants de l’appareil.
Pour brouiller les pistes, Geagea et ses auxiliaires envoient le lendemain, au bureau de l’AFP à Paris, une lettre de revendication au nom d’un groupement islamique, dans lequel Karamé est traité de «bourreau des musulmans de Tripoli». Cette lettre a été transmise par Interpol à l’avocat général près la Cour de cassation en date du 30 juin 87.
Surenchérissant dans cette direction, Geagea et ses complices demandent à leur agent, le commandant à la retraite Kietel Hayeck, de fomenter un attentat contre la tombe de Karamé. L’exécution du plan est confiée au soldat Hassan Ali Ahmed et au sergent Camille Ramy. Toutefois, l’engin n’explose pas et c’est un expert en explosifs de l’armée qui le désamorce.
Il reste que l’identité de la personne qui a piégé l’hélicoptère demeure inconnue, les preuves pour incriminer l’adjudant Ibrahim Dagher ainsi qu’Elie Saliby et Sélim Habchi étant insuffisantes.

Les éléments de preuves

L’acte distingue ensuite deux sortes d’éléments de preuves, ceux communs aux inculpés et ceux concernant chacun d’entre eux.
On trouve d’abord les premiers indices dans le procès-verbal établi par le juge d’instruction militaire aussitôt après l’attentat. Puis dans le rapport technique rédigé par le Bureau d’investigation après examen de l’appareil numéro 906, ainsi que dans les photos qui en ont été prises. Ensuite, signale encore l’acte d’accusation, les services de renseignements de l’armée ont procédé à une enquête et en ont tiré nombre de conclusions, en base d’un ordre de mission délivré par le juge d’instruction militaire d’abord, puis par le juge d’instruction près la Cour de justice. De leur côté, des commissions militaires ont effectué des recherches techniques sur les causes de l’explosion et les conditions dans lesquelles elle s’est produite. Ainsi, en date du 12/6/1987, une commission dirigée par le général de brigade Sami Cheikha a établi un rapport qu’elle devait faire suivre d’une annexe en date du 17/6/1987. Auparavant, le 1er du même mois, une mission conduite par le lieutenant-colonel Chéhadé Maalouf avait enquêté à la demande du juge d’instruction militaire. Parallèlement, le capitaine Charbel Bark, expert en explosifs, avait remis ses conclusions aux autorités compétentes. Toujours dans le même cadre d’éléments de preuves, l’acte d’accusation cite les documents techniques se rapportant à l’appareil 906. Il en ressort, selon la commission militaire, que tout était en ordre en ce qui concerne l’entretien de l’hélicoptère et qu’aucune défaillance technique ne pouvait être à l’origine de l’explosion. Le juge d’instruction énumère ensuite ses autres références: les rapports successifs du sous-officier Youssef Bitar, du commandant Simon Akl, chef du département des munitions qui a établi que les fils reliés à la batterie Yuasa provenaient d’un détonateur électrique de fabrication israélienne numéro 78-7; le rapport de l’ingénieur Farès Khabbaz, directeur de la compagnie des Câbles du Liban; le témoignage de Fadi Ghosn, qui était chargé des explosions dans les FL qui a affirmé que ces dernières étaient les seules à utiliser des détonateurs de fabrication israélienne; les rapports médicaux du Dr Joseph Soto qui certifie que la mort du président Karamé et les blessures causées à certains passagers étaient dues à une explosion.
— Autres éléments de preuve, selon l’acte d’accusation: le fait que les FL contrôlaient le site; le fait que leur chef était en virulente chamaille publique avec le président Karamé; les directives données par M. Geagea pour interdire le retour dans leur foyers des politiciens de l’Est qui s’étaient rendus aux funérailles du président Karamé à Tripoli, comme en témoignent Nader Nagib Succar et d’autres.
— Puis l’acte d’accusation affirme que les FL ont essayé de brouiller les pistes par:
— l’envoi d’un communiqué à l’AFP revendiquant l’attentat au nom d’une organisation-fantôme baptisée «Organisation de la vengeance islamique»
— la pose d’un explosif sur la tombe du président Karamé avant le quarantième
— l’explosion d’une voiture piégée aux halles de Tripoli quatre jours après le quarantième (dépositions de Georges Laoun et de Michel Estephane)
— l’explosion d’une voiture à proximité du centre pédagogique qui porte le nom du président Rachid Karamé.
Enfin, l’acte d’accusation désigne comme élément de preuve le fait que plusieurs des inculpés se livraient, selon le témoignage de Samir Abi Younès, à des actes de sabotage.



Chargé d’instruire le dossier de l’enquête sur la mort du président Rachid Karamé, dans un attentat à l’explosif, le 1er juin 1987, le juge Georges Ghantous a publié hier son acte d’accusation dans cette affaire. Il a requis la peine de mort contre le chef des Forces libanaises dissoutes, M. Samir Geagea, accusé d’être l’instigateur de l’attentat, et contre...